La gu?pe rouge (Красная оса)
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'Etait-ce donc une inf^ame machination ? Une atroce com'edie qu’on avait voulu lui donner ? Toute la haine qu’elle avait accumul'ee dans son coeur, toute la jalousie qui la faisait souffrir, lui montaient au cerveau.
Lady Beltham bondit comme une folle, l’arme au poing, elle se pr'ecipita dans le vestibule, et `a bout portant, fracassa la t^ete de Sarah Gordon.
L’Am'ericaine tomba sans pousser un cri, baign'ee dans son sang.
Mais, `a peine avait-elle tir'e, que lady Beltham chancelait, car, devant elle, se trouvait le visage d'ecouvert du mort, du mort qui n’'etait pas Fant^omas.
— Mal'ediction, hurla la malheureuse, ce n’'etait pas lui, et j’ai tu'e, j’ai tu'e cette femme.
`A ce moment pr'ecis, de sourdes rumeurs s’'elevaient. H'el`ene qui allait accourir, car jusqu’alors, elle 'etait rest'ee aux 'ecoutes `a l’entr'ee du jardin, se sentit trembler.
L’un des hommes qui avait accompagn'e Dick, surgissait dans le vestibule. C’'etait cette fois, v'eritablement Fant^omas.
Mais il arrivait trop tard.
Au m^eme instant, une nouvelle d'etonation retentit : lady Beltham, d'esesp'er'ee du crime qu’elle venait de commettre, s’'etait tir'e un coup de revolver dans la poitrine.
Elle tomba agonisante.
— Maud ! hurla Fant^omas, qui vit enfin sa ma^itresse.
L’infortun'ee grande dame avait reconnu la voix de son amant, et faisant un effort supr^eme, elle essayait de se redresser.
Fant^omas s’'etait jet'e `a genoux aupr`es d’elle, il la serrait contre sa poitrine :
— Maud, Maud, balbutia le bandit, qu’avez-vous fait ? Pourquoi mourir ? puisque je suis l`a, que je vous retrouve ?
Les yeux de lady Beltham se couvraient d'ej`a d’un brouillard rouge et trouble, elle reconnut, toutefois, son amant :
— Fant^omas, g'emit-elle, vous ^etes mon assassin. Vous avez d'ej`a voulu me faire p'erir, mais soyez heureux, je meurs.
— Ah, s’'ecria Fant^omas, comment pouvez-vous dire une telle chose, Maud. Sur ce que j’ai de plus sacr'e au monde, sur mon inalt'erable amour pour vous, je vous le jure, jamais, au grand jamais, je n’ai voulu votre mort. Si vous saviez ce que j’ai souffert. Lorsque j’ai cru que l’on vous avait assassin'ee, je n’ai eu de calme et de repos qu’une fois ma vengeance accomplie.
D’un geste tragique, Fant^omas d'esignait le cadavre de Dick :
— C’est lui, c’est cet homme-l`a qui a voulu vous faire p'erir. C’est le fils de l’acteur Valgrand.
Lady Beltham avait beau ne l’entendre plus qu’`a peine, le nom tragique, le nom de cauchemar et de remords que Fant^omas venait de prononcer, lui rappela tout son pass'e. En l’espace d’une seconde, lady Beltham revit toute son existence, si tragiquement bris'ee par son amour fatal pour Fant^omas.
Elle se sentait mourir. Elle 'etouffait. Le sang qui s’'echappait de sa poitrine avait rougi sa robe toute blanche. Mais un sourire errait sur ses l`evres p^alies. Fant^omas venait de lui parler, de la serrer contre son coeur, et elle mourait heureuse. Heureuse d’avoir su qu’elle n’'etait pas trahie, qu’elle 'etait toujours aim'ee.
— Maud, Maud, balbutiait Fant^omas, en proie `a une 'emotion intense.
Il s’arr^eta une seconde, rel^acha son 'etreinte.
Une voix br`eve et dure venait de s’'elever derri`ere lui :
— Mon p`ere, la police arrive.
Il se retourna, vit H'el`ene.
La jeune fille avait un masque imp'en'etrable. Elle avait d^u, pour arriver jusqu’`a Fant^omas, 'ecarter de son chemin, le cadavre de Sarah Gordon. Son corsage, ses mains 'etaient couverts de sang.
— H'el`ene, g'emit Fant^omas, lady Beltham se meurt !
La jeune fille ne r'epondit point. Elle recula de quelques pas, revint sur le perron.
Insensible `a se qui se passait, indiff'erent, Fant^omas cherchait sur les l`evres de Lady Beltham son dernier souffle, il 'epiait son dernier regard :
— Maud, Maud, r'ep'eta-t-il d’une voix infiniment douce, je vous aime, je vous aime…
La voix d’H'el`ene, plus cat'egorique, plus froide encore que d’ordinaire, retentit dans le silence tragique :
— Mon p`ere, la maison est cern'ee, disait-elle, la police approche.
On entendait, en effet, des rumeurs qui se pr'ecisaient, de plus en plus violentes, des bruits de pas, de branches cass'ees. Visiblement, les hommes de la S^uret'e cherchaient la maison et s’en rapprochaient peu `a peu. Quelques ordres brefs, `a mi-voix, au lointain. Lady Beltham se mourait. Elle eut un grand soupir, dans lequel elle parut exhaler son ^ame. Et d’une voix presque imperceptible :
— Fant^omas, au nom de notre amour, pardonnez-moi comme je vous pardonne.
— Mon p`ere, cria H'el`ene, mais un peu plus fort cette fois, ils viennent de faire les trois sommations. Ils vont tirer.
— Qu’ils tirent donc, hurla Fant^omas, au comble du d'esespoir.
Et le bandit, dans un sanglot, ajouta :
— Lady Beltham est morte.
D'esormais, Fant^omas, en proie `a une douleur insens'ee, s’'ecroulait sur le plancher du vestibule, serrant dans ses bras le cadavre de lady Beltham couvert de sang.
L’aube se levait. Une vingtaine d’agents de la S^uret'e s’'etaient dissimul'es dans les magasins, entourant la demeure myst'erieuse et tragique.
M. Havard avait donn'e des instructions. On avait fait les trois sommations pour intimer `a ceux qui se trouvaient dans la maison l’ordre d’en sortir, les mains hautes, et de se livrer aux autorit'es. Personne n’avait obtemp'er'e. M. Havard consulta Juve. Bien que sa d'ecision f^ut d'ej`a prise, il dit au policier :
— Mes hommes ont des balles en quantit'e suffisante, je vais leur ordonner de faire un feu de salve.
Juve hocha la t^ete affirmativement :
— C’est votre devoir, monsieur Havard, dit-il, je ne puis m’y opposer.
Le chef de la S^uret'e donna un coup de sifflet, ce qui signifiait pour ses subordonn'es :
Mais soudain, Fandor, qui 'etait demeur'e `a c^ot'e de Juve jusqu’alors, bondit devant le policier.
D’un bras qui tremblait d’'emotion, il d'esigna le perron de la maison.