Том 4. Война и мир
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Княжна ошиблась ответом.
— Ну, как же не дура! — крикнул князь, оттолкнув тетрадь и быстро отвернувшись, но тотчас же встал, прошелся, дотронулся руками до волос княжны и снова сел.
Он придвинулся и продолжал толкование.
— Нельзя, княжна, нельзя, — сказал он, когда княжна, взяв и закрыв тетрадь с заданными уроками, уже готовилась уходить, — математика великое дело, моя сударыня. А чтобы ты была похожа на наших глупых барынь, я не хочу. Стерпится — слюбится. — Он потрепал ее рукой по щеке. — Дурь из головы выскочит.
Она хотела выйти, он остановил ее жестом и достал с высокого стола новую, неразрезанную книгу.
— Вот еще какой-то Ключ таинства * тебе твоя Элоиза посылает. Религиозная. А я ни в чью веру не вмешиваюсь… Просмотрел. Возьми. Ну, ступай, ступай!
Он потрепал ее по плечу и сам запер за нею дверь.
Княжна Марья возвратилась в свою комнату с грустным, испуганным выражением, которое редко покидало ее и делало ее некрасивое, болезненное лицо еще более некрасивым, села за свой письменный стол, уставленный миниатюрными портретами и заваленный тетрадями и книгами. Княжна была столь же беспорядочна, как отец ее порядочен. Она положила тетрадь геометрии и нетерпеливо распечатала письмо. Письмо было от ближайшего с детства друга княжны; друг этот была та самая Жюли Карагина, которая была на именинах у Ростовых.
Жюли писала * :
«Ch`ere et excellente amie, quelle chose terrible et effrayante que l'absence! J'ai beau me dire que la moiti'e de mon existence et de mon bonheur est en vous, que malgr'e la distance que nous s'epare, nos coeurs sont unis par des liens indissolubles; le mien se r'evolte contre la destin'ee, et je ne puis, malgr'e les plaisirs et les distractions qui m'entourent) vaincre une certaine tristesse cach'ee que je ressens au fond du coeur depuis notre s'eparation. Pourquoi ne sommes-nous pas r'eunies, comme cet 'et'e dans votre grand cabinet sur le canap'e bleu, le canap'e `a confidences? Pourquoi ne puis-je, comme il y a trois mois, puiser de nouvelles forces morales dans votre regard si doux, si calme et si p'en'etrant, regard que j'aimais tant et que je crois voir devant moi, quand je vous 'ecris?» [196]
196
Милый
Прочтя до этого места, княжна Марья вздохнула и оглянулась в трюмо, которое стояло направо от нее. Зеркало отразило некрасивое, слабое тело и худое лицо. Глаза, всегда грустные, теперь особенно безнадежно смотрели на себя в зеркало. «Она мне льстит», — подумала княжна, отвернулась и продолжала читать. Жюли, однако, не льстила своему другу: действительно, глаза княжны, большие, глубокие и лучистые (как будто лучи теплого света иногда снопами выходили из них), были так хороши, что очень часто, несмотря на некрасивость всего лица, глаза эти делались привлекательнее красоты. Но княжна никогда не видела хорошего выражения своих глаз, того выражения, которое они принимали в те минуты, когда она не думала о себе. Как и у всех людей, лицо ее принимало натянуто-неестественное, дурное выражение, как скоро она смотрелась в зеркало. Она продолжала читать:
«Tout Moscou ne parle que guerre. L'un de mes deux fr`eres est d'ej`a `a l''etranger, l'autre est avec la garde qui se met en marche vers la fronti`ere. Notre cher empereur a quitt'e P'etersbourg et, `a ce qu'on pr'etend, compte lui-m^eme exposer sa pr'ecieuse existence aux chances de la guerre. Dieu veuille que le monstre corsicain, qui d'etruit le repos de l'Europe, soit terrass'e par l'ange que le Tout-Puissant, dans sa mis'ericorde, nous a donn'e pour souverain. Sans parler de mes fr`eres, cette guerre m'a priv'ee d'une relation des plus ch`eres `a mon coeur. Je parle du jeune Nicolas Rostoif qui avec son enthousiasme n'a pu supporter l'inaction et a quitt'e l'universit'e pour aller s'enr^oler dans l'arm'ee. Eh bien, ch`ere Marie, je vous avouerai, que, malgr'e son extr^eme jeunesse, son d'epart pour l'arm'ee a 'et'e un grand chagrin pour moi. Le jeune homme, dont je vous parlais cet 'et'e, a tant de noblesse, de v'eritable jeunesse qu'on rencontre si rarement dans le si`ecle ou nous vivons parmi nos vieillards de vingt ans. Il a surtout tant de franchise et de coeur. Il est tellement pur et po'etique, que mes relations avec lui, quelque passag`eres qu'elles fussent, ont 'et'e l'une des plus douces jouissances de mon pauvre coeur, qui a d'ej`a tant souffert. Je vous raconterai un jour nos adieux et tout ce qui s'est dit en partant. Tout cela est encore trop frais. Ah! ch`ere amie, vous ^etes heureuse de ne pas conna^itre ces jouissances et ces peines si poignantes. Vous ^etes heureuse, puisque les derni`eres — sont ordinairement les plus fortes! Je sais fort bien que le comte Nicolas est trop jeune pour pouvoir jamais devenir pour moi quelque chose de plus qu'un ami, mais cette douce amiti'e, ces relations si po'etiques et si pures ont 'et'e un besoin pour mon coeur. Mais n'en parlons plus. La grande nouvelle du jour qui occupe tout Moscou est la mort du vieux comte Безухов et son h'eritage. Figurez-vous que les trois princesses n'ont recu que tr`es peu de chose, le prince Basile rien, et que c'est M. Pierre qui a tout h'erit'e, et qui par-dessus le march'e a 'et'e reconnu pour fils l'egitime, par cons'equent comte Безухов et possesseur de la plus belle fortune de la Russie. On pr'etend que le prince Basile a jou'e un tr`es vilain r^ole dans toute cette histoire et qu'il est reparti tout penaud pour P'etersbourg.
Je vous avoue que je comprends tr`es peu toutes ces affaires de legs et de testament; ce que je sais, c'est que depuis que le jeune homme que nous connaissions tous sous le nom de M. Pierre tout court est devenu comte Безухов et possesseur de l'une des plus grandes fortunes de la Russie. Je m'amuse fort `a observer les changements de ton et des mani`eres des mamans accabl'ees de filles `a marier et des demoiselles elles-m^emes `a l''egard de cet individu qui, par parenth`ese, m'a paru toujours ^etre un pauvre sire. Comme on s'amuse depuis deux ans `a me donner des promis que je ne connais pas le plus souvent, la chronique matrimoniale de Moscou me fait comtesse Безуховой. Mais vous sentez bien que je ne me soucie nullement de le devenir. A propos de mariage, savez-vous que tout derni`erement la tante en g'en'eralАнна Михайловна m'a confi'e sous le sceau du plus grand secret un projet de mariage pour vous. Ce n'est ni plus ni moins que le fils du prince Basile, Anatole, qu'on voudrait ranger en le mariant `a une personne riche et distingu'ee, et c'est sur vous qu'est tomb'e le choix des parents. Je ne sais comment vous envisagerez la chose, mais j'ai cru de mon devoir de vous en avertir. On le dit tr`es beau et tr`es mauvais sujet; c'est tout ce que j'ai pu savoir sur son compte.
Mais assez de bavardage comme cela. Je finis mon second feuillet, et maman me fait chercher pour aller d^iner chez les Apraksines. Lisez le livre mystique que je vous envoie et qui fait fureur chez nous. Quoiqu'il y ait des choses dans ce livre difficiles `a atteindre avec la faible conception humaine, c'est un livre admirable dont la lecture calme et 'el`eve l'^ame. Adieu. Mes respects `a monsieur votre p`ere'et mes compliments `a m-elle Bourienne. Je vous embrasse comme je vous aime.
Julie
P. S. Donnez-moi des nouvelles de votre fr`ere et de sa charmante petite femme» [197]
Княжна подумала, задумчиво улыбнулась (причем лицо ее, освещенное лучистыми глазами, совершенно преобразилось) и, вдруг приподнявшись, тяжело ступая, перешла к столу. Она достала бумагу, и рука ее быстро начала ходить по ней. Так писала она в ответ:
«Ch`ere et excellente amie. Votre lettre du 13 m'a caus'e une grande joie. Vous m'aimez donc toujours, ma po'etique Julie. L'absence, dont vous dites tant de mal, n'a donc pas eu son influence habituelle sur vous. Vous vous plaignez de l'absence — que devrai-je dire moisi j'osaisme plaindre, priv'ee de tous ceux qui me sont chers? Ah! si nous n'avions pas la religion pour nous consoler, la vie serait bien triste. Pourquoi me supposez vous un regard s'ev`ere quand vous me parlez de votre affection pour le jeune homme? Sous ce rapport je ne suis rigide que pour moi. Je comprends ces sentiments chez les autres et si je ne puis approuver ne les ayant jamais ressentis, je ne les condamne pas. Il me para^it seulement que l'amour chr'etien, l'amour du prochain, l'amour pour ses ennemis est plus m'eritoire, plus doux et plus beau, que ne le sont les sentiments que peuvent inspirer les beaux veux d'un jeune homme `a une jeune fille po'etique et aimante comme vous.
197
Вся
Но будет болтать. Кончаю мой второй листок, а маменька прислала за мной, чтоб ехать обедать к Апраксиным.
Прочитайте мистическую книгу, которую я вам посылаю; она имеет у нас огромный успех. Хотя в ней есть вещи, которые трудно понять слабому уму человеческому, но это превосходная книга; чтение ее успокоивает и возвышает душу. Прощайте. Мое почтение вашему батюшке и мои приветствия мамзель Бурьен. Обнимаю вас от всего сердца.
Жюли.
Р. S. Известите меня о вашем брате и о его прелестной жене.
La nouvelle de la mort du comte Безухов nous est parvenue avant votre lettre, et mon p`ere en a 'et'e tr`es affect'e. Il dit que c''etait l'avant-dernier repr'esentant du grand si`ecle, et qu'`a pr'esent c'est son tour; mais qu'il fera son possible pour que son tour vienne le plus tard possible. Que dieu nous garde de ce terrible malheur! Je ne puis partager votre opinion sur Pierre que j'ai connu enfant. Il me paraissait toujours avoir un coeur excellent, et c'est la qualit'e que j'estime le plus dans les gens. Quant `a son h'eritage et au r^ole qu'y a jou'e le prince Basile, c'est bien triste pour tous les deux. Ah! ch`ere amie, la parole de notre divin sauveur qu'il est plus ais'e a un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'il ne l'est a un riche d'entrer dans le royaume de dieu, cette parole est terriblement vraie; je plains le prince Basile et je regrette encore davantage Pierre. Si jeune et accabl'e de cette richesse, que de tentations n'aura-t-il pas `a subir! Si on nie demandait ce que je d'esirerais le plus au monde, te serait d'^etre plus pauvre que le plus pauvre des mendiants. Mille gr^aces, ch`ere amie, pour l'ouvrage que vous, m'envoyez, et qui fait si grande fureur chez vous. Cependant, puisque vous me dites qu'au milieu de plusieurs bonnes choses il y en a d'autres que la faible conception humaine ne peut atteindre, il me para^it assez inutile de s'occuper d'une lecture inintelligible; qui par l`a m^eme, ne pourrait etre d'aucun fruit. Je n'ai jamais pu comprendre la passion qu'ont certaines personnes de s'embrouiller l'entendement. en s'attachant `a des livres mystiques, qui n''el`event que des doutes dans leurs esprits, exaltent leur imagination et leur donnent un caract`ere d'exag'eration tout-`a-fait contraire `a la simplicit'e chr'etienne. Lisons les ap^otres et l'Evangile. Ne cherchons pas `a p'en'etrer ce que ceux-l`a renferment de myst'erieux, car, comment oserions-nous, mis'erables p'echeurs que nous sommes, pr'etendre `a nous initier dans les secrets terribles et sacr'es de la providence, tant que nous portons cette d'epouille charnelle, qui 'el`eve entre nous et l''eternel un voile imp'en'etrable? Bornons-nous donc `a 'etudier les principes sublimes que notre divin sauveur nous a laiss'e pour notre conduite ici-bas; cherchons `a nous y conformer et `a les suivre, persuadons-nous que moins nous donnons d'essor `a notre faible esprit humain et plus il est agr'eable `a dieu, qui rejette toute science ne venant pas de lui; que moins nous cherchons `a approfondir ce qu'il lui a plu de d'erober nous en accordera `a notre connaissance, et plut^ot il nous en accordera la d'ecouverte par son divin esprit.
Mon p`ere ne m'a pas parl'e du pr'etendant, mais il m'a dit seulement qu'il a recu une lettre et attendait une visite du prince Basile. Pour ce qui est du projet de mariage qui me regarde, je vous dirai, ch`ere et excellente amie, que le mariage, selon moi, est une institution divine `a laquelle il faut se conformer. Quelque p'enible que cela soit pour moi, si le tout-puissant m'impose jamais les devoirs d''epouse et de m`ere, je t^acherai de les remplir aussi fid`element que je le pourrai, sans m'inqui'eter de l'examen de mes sentiments `a l''egard de celui qu'il me donnera pour 'epoux.