Шрифт:
Chers enfants! Chaque papa vous raconte des contes qu'il a lui-meme lus ou que ses parents lui racontaient quand il etait petit. Or, bien souvent il arrive que papa oublie la moitie de l'histoire, ou meme qu'il ne se souvienne plus de rien, si ce n'est du nom du heros principal. Alors il se met a inventer son propre conte, parfois bien meilleur que celui qu'il avait lu autrefois.
C'est ainsi que naquit une serie de contes qu'un papa racontait a ses enfants adores et, voyant avec quel interet ils l'ecoutaient chaque soir, ce papa se decida a vous en faire profiter vous aussi. Ce sont les "Contes de papa". Et s'ils vous plaisent et que vous ayez envie de savoir ce qu'il advint ensuite, ecrivez a ce papa ou demandez au votre, et vous recevrez ainsi une nouvelle serie de contes qui seront encore plus interessants, instructifs et divertissants. Mieux, encore, vous pourriez composer vous meme vos propres contes et nous les envoyer a la redaction. Nous ne manquerons pas de les publier. D'autres garcons et filles pourront les lire et se rejouir avec vous des aventures des heros.
Avec beaucoup d'amour pour vous et de respect pour vos parents,
I
Conte du tsar Agaphon et de son empire Primorskoie tsarstvo
Il etait une fois le tsar Agaphon. Il regnait sur Primorskoie Tsarstvo. C'etait un petit royaume comprenant tout au plus deux forets, deux rivieres et un marais ou se cueillaient les airelles. Comme son nom l'indiquait, le Primorskoie Tsarstvo s'etendait en bordure d'une mer immense. Des bateaux sillonnaient cette mer immense et transportaient des marchandises. Le royaume etait fier de ses deux villes et de ses huit villages. La capitale s'appelait Karass. C'est la que se trouvait le palais du tsar, ou ce dernier residait, rendait la justice et recevait les ambassadeurs etrangers. La ville devait son nom etrange a sa situation sur les bords du lac de Karass, dont les eaux regorgeaient de carassins. Chaque matin les pecheurs sortaient et revenaient les filets pleins de carassins, mais il y en avait toujours autant le lendemain. Le nom de sa capitale deplaisait beaucoup au tsar. Il aurait aime pour elle un nom un peu plus solennel. Un nom comme Vitiazgrad ou encore comme Gorod-Bogotyrei par exemple, en l'honneur des preux et des chevaliers, ou bien pourquoi ne pas appeler la ville tout simplement Gorod Agaphon en l'honneur de son tsar? Cette derniere variante lui souriait le mieux. Helas, cela ne passa jamais dans les moeurs. En depit des moult decrets du tsar, tout le monde continuait a appeler la ville Karass. Une haute tour abritait la residence d'un scribe. Il inscrivait tout ce qui se passait au palais. Toute la tour etait comme tapissee d'armoires emplies de livres. Et dans ces livres etait consignee toute l'histoire de l'empire Primorskoie Tsarstvo depuis les temps les plus anciens, depuis l'epoque meme ou le tres puissant chevalier Slavodol etait arrive avec sa tribu sur les rives du lac Karassei et avait fonde la ville de Karass. A cette epoque si lointaine les manuscrits n'etaient pas encore sous forme de livres mais sous forme de rouleaux.
La capitale avait aussi son ecole. Les petits garcons y etudiaient les differentes sciences. Agaphon etait tres fier de cette ecole: "Nous avons une ecole et les sciences ici progressent. Tandis que nos voisins n'ont rien de tel, ce sont des barbares incultes". Mais l'ecole etait interdite aux petites filles. Agaphon pensait que les femmes etaient plus betes que les hommes et qu'elles ne devaient pas etudier. Sa propre fillette Alionouchka ne cessait de lui demander: "Papa, laisse-moi aller a l'ecole, je veux apprendre a lire et ecrire, je veux lire des livres!". Rien a faire, Agaphon ne cedait pas.
– Non, tu restes a la maison! Apprends a carder la laine et a coudre des roubachkas! Voila toute l'ecole qu'il te faut! – repondait-il.
Une deuxieme ville se dressait en bord de mer. Mais si petite qu'il etait difficile de dire si c'etait une ville ou un village. C'est pourquoi on l'appela Mal-Gorod, qui signifie petite ville. Il y avait un port ou s'amarraient les navires marchands. Un deuxieme port avait ete amenage a l'abri d'une petite crique pour les deux bateaux de guerre du tsar Agaphon. Agaphon aurait bien aime posseder une imposante flotte, mais pour l'heure, son royaume ne pouvait se permettre que ces deux petits navires.
Un phare signalait la ville. Il permettait aux bateaux en mer de trouver leur chemin et de contourner les recifs sous-marins. Il y avait aussi une ecole de navigation. On y apprenait a diriger les navires, a s'orienter en mer d'apres les etoiles, a affronter les tempetes. On apprenait aussi comment construire des navires plus rapides que le vent.
Trois bons sorciers vivaient dans le royaume de Primorskoie Tsarstvo. L'un d'eux savait guerir les animaux et les habitants. Il connaissait toutes les herbes et toutes les racines, toutes les formules magiques capables de chasser tous les maux. Il n'y avait pas une maladie qui puisse resister a ce magicien. Le second savait faire venir la pluie et le beau temps. Quand sevissait la secheresse, il ramenait la pluie dans le ciel. Quand il pleuvait trop longtemps, il dispersait les nuages. Il savait calmer la tempete sur la mer et faire souffler le vent dans les voiles des navires.
Les sorciers aidaient les gens et sauvaient la vie a beaucoup d'entre eux. Soit en les guerissant d'une grave maladie, soit en sauvant leur navire en pleine tempete d'un naufrage certain contre les rochers.
Le troisieme sorcier vivant dans le royaume s'appelait Silentin. Il etait tres vieux et tres sage. Silentin avait etudie a l'ecole des sorciers sur l'ile enchantee. Il etait tres savant et faisait toujours volontiers profiter de ses connaissances. Pourtant, il ne faisait presque plus de sorcellerie, parce qu'il se faisait vieux, disait-il.
Le tsar Agaphon, qui aimait la paix, etait ami avec les voisins. Ses voisins etaient au nombre de quatre: un territoire dirige par un autre tsar, deux royaumes et une epaisse foret tres sombre. On disait qu'au plus profond de cette foret vivait le serpent Gorinytch. En verite, personne ne savait rien de precis a ce sujet, pour la bonne raison que personne n'en etait jamais revenu vivant.
Le tsar voisin s'appelait Varfolomeiev. Son royaume ne comptait qu'une ville en tout et pour tout. En revanche, cette ville etait celebre pour son marche tres anime ou les gens venaient de tous les pays acheter ou vendre des marchandises. Ce marche rapportait beaucoup d'argent. Il faisait la fortune du tsar Varfolomeiev.
Le second voisin etait surnomme le Crabe. Il etait petit et gros. En revanche, il avait de longues mains qui ressemblaient vraiment a des pinces. De plus, comme un vrai crabe, il s'efforcait toujours d'attrapper avec ses pinces le plus de biens possibles pour les amener dans son palais. Ce roi accablait ses habitants d'impots eleves et de pillages. Les gens vivaient tres pauvrement dans ce pays.
Le troisieme voisin etait le roi Metchiar. Ce voisin-la adorait les armes. Tous les murs de son palais etaient couverts d'epees et de lances. Il avait fait construire une forteresse autour du chateau. Metchiar, qui etait tres grand, revait avec sa force de chevalier de conquerir tous ses voisins. Dans ce but, il rassembla une armee tres puissante. Il faisait venir en effet sous sa banniere les preux de tous les pays. L'affaire demandait encore du temps et des efforts. C'est pourquoi, en attendant, il n'avait jusque la attaque personne.
L'ete, dans ces contrees, la mer etait chaude et la brise caressante. Les garcons aimaient s'y baigner et venir y pecher. L'hiver en revanche amenait sur les cotes de terribles tempetes ou bien des navires sombraient.
De memoire d'homme, les voleurs et les brigands n'existaient pas dans le royaume de Primorskoie Tsarstvo. Les habitants ne verrouillaient pas leurs maisons et les hotes etaient toujours bienvenus.
Le tsar avait une fille unique, il n'avait pas eu d'autres enfants. Quand elle etait petite, on l'appelait Alionouchka, mais en grandissant, elle etait devenue d'une si prodigieuse beaute qu'on l'avait appelee desormais Elena Prekrasnaia, qui signifie Elena la tres belle. Tout aurait ete le mieux du monde si Elena avait ete une enfant docile. Mais [au grand malheur de son pere], elle n'aimait ni la couture ni la cuisine, elle adorait en revanche prendre son cheval et galoper a travers champs, ou monter en bateau et naviguer en mer. Et le plus gros souci d'Agaphon etait qu'il n'y avait rien a faire pour la marier. Elle ne voulait donner son consentement a aucun prince des parages. De nombreux pretendants se presentaient pour l'epouser, mais elle les chassait tous. Pas un n'etait a son gout. L'un etait bete, l'autre avare, le troisieme etait gringalet, quant au quatrieme, il ne pouvait pas naviguer en mer. Tout tsar qu'il etait, le malheureux pere desesperait. Un beau jour, il finit par dire a sa fille avec un geste de lassitude: "Cherche-toi un mari toi-meme. Celui que tu trouveras, je lui donnerai ta main".
II
Ivanouchka-L'imbecile et le cheval enchante
Il etait une fois au royaume de Primorskoie Tsarstvo un paysan. Il cultivait le ble et vendait ses recoltes au marche. Sans etre riche, il n'avait jamais ete pauvre non plus. Il avait trois fils, deux fils intelligents et illen'avait troisieme, le plus jeune, simplement imbecile. C'est d'ailleurs comme cela qu'on l'appelait: Ivanouchka-L'imbecile. Cela arrangeait tout le monde de le voir ainsi parmi les idiots. Ses freres ne voulaient pas partager l'heritage avec lui, et a un imbecile, on peut tres bien meme ne rien donner du tout. Leurs deux femmes se servaient de lui pour faire leurs courses. Sa mere lui parlait comme a un bebe. Si bien qu'lvan passait son temps a vider les cendres, toujours assis pres du poele.