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Peu de personnes connaissant notre famille auraient soupconne que Maria n'etait pas la fille de mes parents. Elle parlait bien notre langue, etait gentille, vive et intelligente. Lorsque ma mere lui caressait la tete en meme temps que mes soeurs et moi, personne n'aurait pu deviner qui etait l'orpheline.

Elle avait neuf ans. Les cheveux abondants, encore d'un brun clair, flottant librement et virevoltant autour de sa taille fine et mobile ; les yeux bavards ; l'accent avec quelque chose de melancolique que nos voix n'avaient pas ; telle etait l'image que j'emportais d'elle en quittant la maison de ma mere : telle elle etait le matin de ce triste jour, sous les plantes grimpantes des fenetres de ma mere.

Chapitre VIII

En debut de soiree, Emma frappa a ma porte pour venir a table. Je me suis lave le visage pour cacher les traces de larmes et j'ai change de robe pour excuser mon retard.

Mary n'etait pas dans la salle a manger, et j'imaginais vainement que ses occupations l'avaient retardee plus longtemps que d'habitude. Mon pere, remarquant un siege inoccupe, la demanda, et Emma l'excusa en disant qu'elle avait mal a la tete depuis l'apres-midi et qu'elle dormait. J'essayai de ne pas me laisser impressionner et, m'efforcant de rendre la conversation agreable, je parlai avec enthousiasme de toutes les ameliorations que j'avais trouvees dans les proprietes que nous venions de visiter. Emma et ma mere se leverent pour mettre les enfants au lit et voir comment allait Maria, ce dont je les remerciai et ne m'etonnai plus du meme sentiment de gratitude.

Bien qu'Emma soit retournee dans la salle a manger, la conversation ne dura pas longtemps. Philippe et Eloise, qui avaient insiste pour que je participe a leur jeu de cartes, accuserent mes yeux de somnolence. Il avait demande en vain a ma mere la permission de m'accompagner a la montagne le lendemain, et s'etait retire mecontent.

Meditant dans ma chambre, je crus deviner la cause de la souffrance de Maria. Je me rappelais la maniere dont j'avais quitte la chambre apres mon arrivee, et comment l'impression produite sur moi par son accent confidentiel m'avait fait lui repondre avec le manque de tact propre a celui qui reprime une emotion. Connaissant l'origine de son chagrin, j'aurais donne mille vies pour obtenir d'elle un pardon ; mais le doute aggravait la confusion de mon esprit. Je doutais de l'amour de Marie ; pourquoi, me disais-je, mon coeur s'efforcerait-il de croire qu'elle subissait ce meme martyre ? Je me jugeais indigne de posseder tant de beaute, tant d'innocence. Je me reprochais l'orgueil qui m'avait aveuglee au point de me croire l'objet de son amour, n'etant digne que de son affection de soeur. Dans ma folie, je pensais avec moins de terreur, presque avec plaisir, a mon prochain voyage.

Chapitre IX

Le lendemain, je me suis leve a l'aube. Les lueurs qui dessinaient les sommets de la chaine centrale a l'est, doraient en demi-cercle quelques nuages legers qui se detachaient les uns des autres pour s'eloigner et disparaitre. Les pampas vertes et les jungles de la vallee etaient vues comme a travers un verre bleute, et au milieu d'elles, quelques huttes blanches, la fumee des montagnes fraichement brulees s'elevant en spirale, et parfois les remous d'une riviere. La chaine de montagnes de l'Ouest, avec ses plis et ses poitrines, ressemblait a des manteaux de velours bleu fonce suspendus a leur centre par les mains de genies voiles par les brumes. Devant ma fenetre, les rosiers et le feuillage des arbres du verger semblaient craindre les premieres brises qui viendraient faire tomber la rosee qui scintillait sur leurs feuilles et leurs fleurs. Tout cela me paraissait triste. Je pris le fusil : je fis signe a l'affectueux Mayo qui, assis sur ses pattes de derriere, me regardait fixement, les sourcils fronces par une attention excessive, attendant le premier ordre ; et, sautant par-dessus la cloture de pierre, je pris le sentier de la montagne. En entrant, je le trouvai frais et tremblant sous les caresses des dernieres auras de la nuit. Les herons quittaient leurs perchoirs, leur vol formant des lignes ondulantes que le soleil argentait, comme des rubans laisses au gre du vent. De nombreuses volees de perroquets s'elevaient des fourres pour se diriger vers les champs de mais voisins ; et le diostede saluait le jour de son chant triste et monotone depuis le coeur de la sierra.

Je descendis vers la plaine montagneuse de la riviere par le meme chemin que j'avais emprunte a maintes reprises six ans auparavant. Le tonnerre de son debit augmentait, et en peu de temps je decouvris les ruisseaux, impetueux lorsqu'ils se precipitaient sur les chutes, bouillants dans les chutes, limpides et lisses dans les bras morts, roulant toujours sur un lit de rochers couverts de mousse, bordes sur les rives d'iracales, de fougeres et de roseaux aux tiges jaunes, au plumage soyeux et aux semis pourpres.

Je m'arretai au milieu du pont, forme par l'ouragan avec un cedre robuste, celui-la meme ou j'etais passe autrefois. Des parasites fleuris pendaient a ses lattes, et des clochettes bleues et irisees descendaient en festons de mes pieds pour se balancer dans les vagues. Une vegetation luxuriante et altiere voutait la riviere par intervalles, et a travers elle penetraient quelques rayons du soleil levant, comme a travers le toit brise d'un temple indien deserte. Mayo hurla lachement sur la rive que je venais de quitter et, sous mon impulsion, se resolut a passer sur le pont fantastique, empruntant aussitot, devant moi, le sentier qui menait a la propriete du vieux Jose, qui attendait de moi, ce jour-la, le paiement de sa visite de bienvenue.

Apres une petite pente raide et sombre, et apres avoir saute par-dessus les arbres secs de la derniere coupe du highlander, je me suis retrouve dans la petite place plantee de legumes, d'ou je pouvais voir fumer la petite maison au milieu des collines vertes, que j'avais laissee au milieu de bois apparemment indestructibles. Les vaches, belles par leur taille et leur couleur, mugissaient a la porte du corral a la recherche de leurs veaux. Les volailles domestiques etaient en effervescence, recevant leur ration matinale ; dans les palmiers voisins, epargnes par la hache des cultivateurs, les oropendolas se balancaient bruyamment dans leurs nids suspendus, et au milieu de tout ce joyeux brouhaha, on entendait parfois le cri strident de l'oiseleur qui, depuis son barbecue et arme d'un lance-pierre, chassait les aras affames qui voltigeaient au-dessus du champ de mais.

Les chiens de l'Antioquien l'ont prevenu de mon arrivee par leurs aboiements. Mayo, qui les craignait, s'approcha de moi d'un air maussade. Jose sortit pour m'accueillir, la hache dans une main et le chapeau dans l'autre.

La petite habitation etait synonyme de travail, d'economie et de proprete : tout etait rustique, mais confortablement arrange, et chaque chose etait a sa place. Le salon de la petite maison, parfaitement balaye, avec des bancs de bambou tout autour, recouvert de nattes de roseau et de peaux d'ours, quelques gravures sur papier enluminees, representant des saints, et epinglees avec des epines d'orange sur les murs ecrus, avait a droite et a gauche la chambre a coucher de la femme de Joseph et la chambre a coucher des filles. La cuisine, faite de roseau et coiffee de feuilles de la meme plante, etait separee de la maison par un petit potager ou persil, camomille, pennyroyal et basilic melaient leurs aromes.

Les femmes semblaient plus soignees que d'habitude. Les filles, Lucia et Transito, portaient des jupons de sarsen violet, des chemises tres blanches avec des robes de dentelle garnies de galons noirs, sous lesquels elles cachaient une partie de leurs chapelets, et des colliers ras-de-cou d'ampoules de verre couleur d'opale. Les tresses epaisses et couleur de jais de leurs cheveux jouaient dans leur dos au moindre mouvement de leurs pieds nus, prudents et agites. Ils me parlaient avec beaucoup de timidite et c'est leur pere qui, s'en apercevant, les encourageait en disant : "Ephraim n'est-il pas le meme enfant, puisqu'il sort de l'ecole sage et grandi ? Puis ils devinrent plus joviaux et plus souriants : ils nous liaient amicalement avec les souvenirs des jeux de l'enfance, puissants dans l'imagination des poetes et des femmes. Avec la vieillesse, la physionomie de Jose avait beaucoup gagne : bien qu'il ne portat pas la barbe, son visage avait quelque chose de biblique, comme presque tous ceux des vieillards de bonnes manieres du pays ou il etait ne : d'abondants cheveux gris ombrageaient son front large et grille, et ses sourires revelaient une serenite d'ame. Luisa, sa femme, plus heureuse que lui dans la lutte contre les annees, conservait dans ses vetements quelque chose de la maniere antioquienne, et sa jovialite constante montrait clairement qu'elle etait satisfaite de son sort.

Jose me conduisit a la riviere et me raconta ses semailles et sa chasse, tandis que je plongeais dans le marigot diaphane d'ou l'eau se deversait en une petite cascade. A notre retour, nous avons trouve le dejeuner provocateur servi a l'unique table de la maison. Le mais etait partout : dans la soupe de mote servie dans des plats en terre vernissee et dans les arepas dorees eparpillees sur la nappe. Le seul couvert etait croise sur mon assiette blanche et borde de bleu.

Mayo s'est assis a mes pieds, attentif, mais plus humble que d'habitude.

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