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40 лет Санкт-Петербургской типологической школе
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Cette notion de transitivit'e, qu'elle soit «directe» ou «indirecte», n'est pas tr`es claire. Elle recouvre des faits qui s'expriment mieux en termes de valence. La distinction principale est entre actants etcir-constants, fond'ee sur des crit`eres morphosyntaxiques. Les circonstants sont 'etrangers `a la valence du verbe; leur forme ne d'epend aucunement du choix du lex`eme verbal. Les actants, au contraire, sont d'une forme d'etermin'ee par le choix du verbe: ce sont des termes r'egis par celui-ci. Certains actants sont en outre obligatoirement pr'esents avec un verbe donn'e: par exemple, rencontrer ne peut s'employer sans un objet direct ( rencontrer un ami, rencontrer des difficult'es)', recourir ne peut s'employer sans un compl'ement introduit par la pr'eposition `a (recourir `a un exp'edient). Ces actants sont dits

«requis». Il existe donc des actants simplement r'egiset des actants r'egis et requis[Lazard 1994: 70,1998a: 68; 1998b: 16–17].

Ce sont ces distinctions qui, plus ou moins clairement, sont sous-jacentes `a la notion traditionnelle de transitivit'e. Pour les grammairiens du francais qui admettent la transitivit'e indirecte, un verbe transitif est un verbe qui peut ou doit ^etre accompagn'e d'actants (directs ou indirects). Pour ceux qui d'efinissent la transitivit'e par la pr'esence possible d'un objet direct, un verbe transitif est un verbe qui peut ou doit ^etre suivi d'un actant sans pr'eposition.

Ajoutons que certains linguistes pensent que la notion de transitivit'e est inutile et qu'on peut s'en dispenser (ainsi [Gross 1969]). Il soutiennent que celle de compl'ement d'objet est vaine et qu'il suff^it de d'ecrire avec pr'ecision les faits de valence, c'est-`a-dire de classer les verbes selon le nombre et la forme des compl'ements qu'ils admettent ou exigent.

Transitivit'e directe ou indirecte, transitivit'e r'eduite `a la construction directe, abandon de la notion de transitivit'e, les trois positions sont l'egitimes, pourvu que, dans le cadre choisi, les faits soient d'ecrits exactement.

Il reste cependant que la notion de transitivit'e est employ'ee tr`es largement et 'etendue `a de nombreuses langues, y compris des langues ergatives o`u la forme de la construction dite transitive est totalement diff'erente de celle qu'elle a dans les langues accusatives. Cette persistance appelle une explication. L'examen de la question en perspective interlinguistique en sugg`ere une.

3. Le probl`eme de la comparaison des langues

Les crit`eres d'efmitoires de la transitivit'e dans des langues particuli`eres ne sont gu`ere g'en'eralisables.

Si l'on retient celui des grammairiens du francais qui admettent une transitivit'e indirecte, transitivit'e signifie purement et simplement pr'esence possible d'un ou plusieurs actants («actant» 'etant d'efini par opposition `a «circonstant»). La distinction entre verbe transitif et verbe intransitif co"incide alors avec celle qu'on fait entre actant et circonstant. Elle peut ^etre g'en'eralis'ee, mais elle n'est pas tr`es int'eressante.

La plupart des linguistes, dans la plupart des langues, d'efinissent la transitivit'e par la pr'esence (possible) d'un objet direct. Mais qu'est-ce qu'un objet direct? En latin ou en russe un terme `a l'accusatif; en francais et d'autres langues d'Europe occidentale, un terme suivant le verbe sans pr'eposition; en tahitien, langue polyn'esienne, un terme pr'epositionnel d'un certain type (v. plus bas, § 5). Dans les langues erga-tives, on consid`ere g'en'eralement comme transitive une construction comprenant un terme `a l'ergatif et un autre `a l'absolutif (cas z'ero), et c'est ce dernier qui correspond `a l'objet direct des langues accusatives. Chacun de ces crit`eres est propre `a des langues particuli`eres et incapable de fournir une d'efinition de la transitivit'e en perspective int'erim-guistique. Il n'y a pas de crit`ere morphosyntaxique de la transitivit'e valable pour toute langue.

Cette difficult'e n'est qu'un cas particulier du probl`eme g'en'eral et fondamental que pose la comparaison typologique des langues. Toute comparaison demande une base de comparaison. Sur quelle base va-t-on comparer les langues? Les formes des langues 'etant d'une vari'et'e pratiquement infinies, elles ne peuvent former une base de comparaison. En revanche, comme toutes les langues sont en principe propres `a exprimer les m^emes contenus de sens, c'est aux contenus de sens qu'on doit faire appel pour fonder la comparaison. La difficult'e est que, comme nous avons vu, les seules donn'ees observables objectivement en linguistique sont les formes, c'est-`a-dire les signifiants. Quant aux signifi'es qui sont exprim'es par les signifiants, ils ne se d'efinissent eux-m^emes que par leur place dans le syst`eme qui est propre `a la langue. Ind'ependamment de cette structure impos'ee par la langue, les contenus de sens n'ont pas de structure saisissable objectivement, c'est-`a-dire autrement que par l'intuition, qui est in'evitablement subjective. Le linguiste est alors en face d'un dilemme. Il voit d'un c^ot'e des formes saisissables objectivement, mais ind'efiniment vari'ees, de l'autre un univers de sens

«libres, fuyants, impr'evisibles», comme dit Benveniste.

Dans ces conditions, il n'a d'autre solution que de «se donner», c'est-`a-dire choisir, des cadres conceptuelsqui lui serviront de base de comparaison [Lazard 1999: 99-103, r'eimpr. 2001: 28–39]. Ces cadres conceptuels sont arbitraires, en ce sens qu'ils ne r'esultent pas d'un raisonnement rigoureux ni d'une observation syst'ematique, mais d'une d'ecision m'ethodologique. Ils sont fond'es sur l'intuition et peuvent surgir de toute esp`ece d'exp'erience, sens commun, connaissance du monde en g'en'eral, convictions philosophiques, suggestions tir'ees de la psychologie. En particulier et tout particuli`erement, le linguiste tire parti de sa familiarit'e avec des langues diverses. Ces cadres conceptuels sont 'evidemment conjecturaux, puisque purement intuitifs, mais ce ne sont pas des hypoth`eses au sens scientifique du terme.

Ils ne sont pas v'erifiables par l'examen des donn'ees offertes `a l'observation. Ce sont des instruments de la recherche, en l'occurrence des moyens utilis'es pour comparer les langues. Leur valeur r'eside dans leur f'econdit'e. Il n'y a pas lieu de se demander s'ils sont justes ou faux, mais s'ils sont productifs ou non. S'ils permettent de d'ecouvrir des relations int'eressantes comm^imes `a des langues diverses, ils ont rempli leur fonction. S'ils n'aboutissent pas `a des d'ecouvertes, il faut les abandonner et en construire d'autres.

4. Un cadre conceptuel

Pour l''etude de la transitivit'e nous choisissons comme point de d'epart, c'est-`a-dire comme cadre conceptuel, la notion d'«action prototypique», que nous d'efinissons de la facon suivante:

(1) D'efinition: Une action prototypiqueest une action r'eelle, compl`ete, discr`ete, volontaire, exerc'ee par un agent humain bien individu'e sur un patient bien individu'e qui en est affect'e r'eellement.

On admettra facilement que toutes les langues ont le moyen d'exprimer un proc`es ainsi d'efini. Autrement dit, il existe dans toutes les langues une construction employ'ee pour exprimer une action prototypique. Cela ne signifie pas que, dans toutes les langues, cette construction sert exclusivement `a cela. Bien au contraire, dans beaucoup de langues, et m^eme probablement, dans la plupart, elle peut servir `a exprimer autre chose, actions non prototypiques ou m^eme proc`es qui ne sont pas des actions. Mais c'est cette construction qui est employ'ee lorsqu'il s'agit d'exprimer une action prototypique, c'est-`a-dire poss'edant les caract'eristiques indiqu'ees dans la d'efinition (1). Nous l'appelons «construction biactancielle majeure» (sigle: CBM).

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