La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Bouzille, heureusement, avait plus d’un tour dans son sac. Il 'etait all'e voir les plaignants et obtenus des d'elais.
— Prenez au moins un m'etier qui me garantisse que vous me paierez un jour, avait fini par demander le propri'etaire du terrain.
Bouzille s’'etait 'ecri'e :
— Que je prenne un m'etier, mon bon Monsieur ? mais `a quoi bon. Je n’en ai pas de m'etier, j’en ai dix, vingt, trente, j’en change tous les jours, et malheureusement toujours inutilement. Jamais je ne ferai fortune, c’est invraisemblable, mais c’est ainsi.
L`a-dessus, Bouzille, avait fini par s’engager solennellement `a r'ecolter des champignons et `a les vendre tous les jours, pour payer l’acquisition de son terrain. Bien entendu, Bouzille n’avait pas tenu parole. Il r'ecoltait bien des champignons, parce qu’il aimait baguenauder dans les bois, fl^aner `a droite et `a gauche, il les vendait bien de temps `a autre, quand la cueillette 'etait bonne, mais il buvait l’argent ou s’achetait des cigares. Bouzille se f^ut d'eshonor'e s’il avait r'eellement pay'e un terrain dont il d'esirait la propri'et'e.
Ce jour-l`a, il vagabondait dans les bois du ch^ateau de Garros o`u il y avait beaucoup de champignons et peu de gendarmes.
Or, tandis qu’il chantonnait, voil`a que Bouzille sursauta :
Pour la deuxi`eme fois, il venait d’entendre appeler :
— H'e l`a-bas, au secours !
Bouzille se retourna.
Le parc 'etait d'esert. Personne en vue. Qui donc pouvait l’appeler ?
Bouzille, le nez en l’air, son panier de champignons derri`ere le dos, chercha d’o`u provenait l’appel :
— Par ici. Approchez-vous du pavillon !
Cette fois, il n’y avait pas `a s’y tromper. C’'etait bien du pavillon abandonn'e qu’on l’appelait. Bouzille op'era une brusque volte-face, consid'erait la petite maison d'elabr'ee.
— Mais o`u diable c’est-il donc que vous ^etes cach'e ? demanda Bouzille, et qui c’est-il que vous ^etes et quoi que vous me voulez ?
Bouzille, ayant formul'e toutes ces demandes, attendit une r'eponse. Elle vint, ahurissante :
— Je suis prisonnier, enferm'e dans la cave, au secours, Bon Dieu, venez !
D’'emotion, Bouzille, l^achait son panier. Il y avait un prisonnier dans la cave du pavillon ? Ca n’avait pas de bon sens. Bouzille, en trottinant s’approcha. Guid'e par la voix, il trouvait vite le soupirail d’o`u rappelait Martial Altar`es.
— Alors quoi ? demanda-t-il, c’est pour un faisan ou un cerf ?
Car Bouzille n’h'esitait pas une seconde, si quelqu’un 'etait enferm'e dans la cave, ce ne pouvait ^etre dans son id'ee, qu’un braconnier, conduit l`a par quelque garde-chasse.
— Mais non, c’est pour une femme, expliqua le spahi.
— Eh bien, ca ne vaut pas le coup, d'eclara le chemineau et qu’est-ce que vous lui avez fait `a cette femme ?
Mais Martial Altar`es, n’avait aucune envie de causer. Tandis que Bouzille s’asseyait sur son panier et s’appr^etait `a tailler une petite bavette, le spahi lui demanda :
— As-tu des allumettes ?
— Oui. Pourquoi ?
— As-tu une scie ?
— Il y a une scie `a mon couteau. Pourquoi ?
— Passe-moi ta scie.
— Non, faut pas l’ab^imer, qu’est-ce que vous voulez en faire ?
— Il faut que je sorte d’ici.
Bouzille, d'ej`a s’'etait lev'e.
— H'e, h'e, je ne dis pas, mais ca va-t-il me causer des ennuis si je vous aide ?
— Je te donnerai cent francs, mille francs, ce que tu voudras.
Bouzille, n’'etait point si exigeant :
— Ca, c’est des paroles. Donnez-moi cent sous tout de suite, j’aime mieux ca.
Pour toute r'eponse, Martial jeta son porte-monnaie `a Bouzille qui l’explora consciencieusement :
— Eh bien, j’ai fait ma journ'ee, moi. Attendez voir un peu, donnant donnant, ca ne vas pas ^etre long que je vous tire de l`a. Il y a moyen d’en sortir.
Bouzille ne mentait pas. Alors que le barreau de fer 'etait impossible `a arracher de l’int'erieur du cachot, il 'etait en r'ealit'e facile `a desceller de l’ext'erieur. Bouzille qui 'etait beaucoup plus robuste qu’on ne l’e^ut cru `a le voir, l’arracha en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
— Maintenant, d'eclara-t-il, enlevant le barreau apr`es une derni`ere secousse, maintenant, tendez-moi la main. Vous n’^etes pas gros, hein ? Vous pourrez vous glisser par l`a ?
Martial Altar`es, pour toute r'eponse, empoigna la main de Bouzille, se hissa `a force de bras. Moins d’une seconde plus tard, il 'etait hors de la cave.
— Dites donc, commenca le chemineau, vous deviez joliment vous emb^eter.
Mais il n’acheva pas. `A peine 'etait-il sorti de sa prison que Martial Altar`es, apr`es avoir aspir'e une large bouff'ee d’air partit au galop.
Il ne s’occupait plus de Bouzille. Il oubliait tout, pris d’un d'esir affol'e de courir au ch^ateau, de voir si Timol'eon Fargeaux y 'etait, de tirer au clair l’aventure dont il venait d’^etre le h'eros.
Bouzille avait couru derri`ere lui :
— Eh bien, en voil`a un particulier, se disait-il, pas possible, il a le feu dans sa culotte.
Martial Altar`es, `a ce moment, traversait en courant une sorte de petite colline de sable mou qu’il devait franchir pour atteindre la grande all'ee du parc qui allait le conduire `a l’habitation.
Bouzille, comprenant qu’il ne rejoindrait pas le jeune homme, s’arr^eta. Il l’apercut dans la demi clart'e du soir, car il 'etait tout pr`es de sept heures, se h^atant autant qu’il le pouvait.