La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Wilson Drag, interrogea Winifred, vous 'etiez aux arr^ets et vous ^etes sorti ?
— Oui, j’ai enfreint les ordres de mes sup'erieurs, il le fallait. Ai-je eu tort ?
— Wilson Drag, proposa Winifred, si vous en avez la force, nous irons sans perdre une seconde, demander des explications `a ceux que vous accusez.
— Avec votre appui, j’irai jusqu’au bout du monde, Winifred.
La jeune fille, d’un fin mouchoir de batiste tremp'e d’eau de Cologne, 'epongea le front ensanglant'e de son amant, puis :
— Partons, dit-elle.
Ils s’enfonc`erent dans la nuit sombre. Ils 'etaient si pr'eoccup'es d’eux-m^emes qu’ils ne remarquaient pas une ombre qui les suivait pas `a pas.
***
Teddy 'etait `a genoux devant le lit de la vieille Laetitia.
Teddy pleurait la mort de Laetitia.
Mais au bruit qu’avait fait en entrant Wilson Drag et Winifred, le jeune homme s’'etait relev'e. Il avait tois'e les nouveaux arrivants, s'echant en h^ate ses larmes, r'eprimant sa douleur.
— Vous ^etes bonne, dit-il, d’^etre venue, vous saviez donc ?… Et vous aussi, vous avez pu venir ?
Le lieutenant comprit l’'etonnement de Teddy qui le savait aux arr^ets de rigueur :
— Je suis venu, d'eclara-t-il, parce que je me suis rendu libre et je me suis rendu libre, parce que je suis un honn^ete homme…
L’attaque 'etait directe, mais Teddy, contrairement qu’on aurait pu penser, abonda dans le sens du lieutenant :
— Mon pauvre ami… je sais, en effet que vous ^etes un honn^ete homme, que vous ^etes innocent.
— Bandit, canaille, hurla Wilson Drag, puisque vous me saviez innocent, pourquoi m’avoir l^achement accus'e, pourquoi m’avoir fait arr^eter en public, pourquoi, oui pourquoi, r'epondez ?
— Si j’ai agi de la sorte, Wilson Drag, c’'etait pour ne pas d'evoiler le coupable, l’auteur du vol des dix mille livres.
— Le coupable c’est vous, c’est J'er^ome Fandor, votre complice, vous ^etes tous les deux les auteurs de ce vol.
— Wilson Drag, aussi vrai que vous ^etes innocent, je ne suis pas coupable, l’auteur du vol c’est…
— C’est ? interrog`erent l’officier et Winifred simultan'ement.
Teddy, `a ce moment, regarda la jeune fille avec un air de profonde commis'eration.
— C’est, balbutia-t-il… c’est impossible `a dire…
Il se tut.
Wilson Drag et Winifred insist`erent. Il se tut.
Wilson Drag, de plus en plus impatient'e, hors de lui, rendu furieux par ce silence, se jeta sur Teddy, l’empoignant par le bras, il le secoua avec une rage si brutale, que le jeune garcon roula par terre.
Le sang de Teddy ne fit qu’un tour. Ah ! l’officier s’'etait permis de porter la main sur lui. Teddy prit sa cravache et il en cingla le visage de Wilson Drag.
— Bandit, voyou, hurla l’officier, qui ajouta m^eme : Enfant sans nom… b^atard de noir et de servante.
C’'etait le coup le plus dur qu’il pouvait porter `a Teddy. Le jeune homme arma son revolver :
— Excusez-vous, ordonna-t-il `a Wilson Drag, demandez-moi pardon `a genoux, ou je vous tue, l^ache que vous ^etes…
Teddy ne continuait pas. S’il 'etait fou de rage, Wilson Drag 'etait ivre de fureur.
L’officier sans arme ne tremblait pas devant celle du jeune homme. Machinalement il avait cherch'e des yeux quelque chose pour attaquer, et sans s’en rendre compte, ses mains avaient rencontr'e `a proximit'e, un objet lourd rond et poli qu’il avait empoign'e.
Winifred en voyant ce geste, eut un cri d’horreur ; Wilson Drag s’'etait empar'e de la t^ete de mort et sa main se crispait sur la m^achoire du cr^ane :
Teddy, cependant avait l^ach'e son revolver, jugeant indigne de le conserver en pr'esence d’un adversaire qu’il savait d'esarm'e.
Mais il venait de voir le geste de Wilson Drag :
— Non, dit-il, ne touchez pas `a cela.
La voix de Teddy 'etait chang'ee… d'esormais il suppliait.
Wilson Drag ob'eit, mais bien involontairement.
Au moment o`u il s’'etait empar'e du cr^ane, les m^achoires qui s’'etaient 'ecart'ees pour laisser passage `a ses doigts qui en forcaient, l’entreb^aillement, venaient, actionn'ees par un ressort int'erieur, de se refermer sur la main de l’officier.
Celui-ci poussa un cri de douleur. Le cr^ane, s’'echappa, roula `a terre…
Cependant Wilson Drag s’avancait de quelques pas, comme 'etourdi, puis, soudain il s’affaissait sur le sol, lourdement, sans un mot, sans une plainte, cependant que ses yeux se r'evulsaient, que ses membres s’agitaient d’un tremblement nerveux, et que son visage bleuissait.
Winifred `a demi-morte de terreur et d’'emotion s’'etait pr'ecipit'ee aupr`es de son amant, s’efforcant de le ranimer.
Elle allait couvrir de baisers ses l`evres qui peu `a peu devenaient violettes, elle allait essayer de r'econforter par des caresses ce corps qui ne bougeait plus.
Teddy l’en 'ecarta :
— N’approchez pas, fit-il, les yeux fous, n’approchez pas, Winifred…, cet homme est empoisonn'e.
C’en 'etait trop pour la malheureuse, elle s’'evanouit.
**
Quand elle reprit conscience, Teddy l’entra^ina hors de la maison.
— Winifred, dit-il, ce brave homme qui conduit son char `a boeufs consent `a transporter le lieutenant jusqu’`a l’h^opital. Il y sera dans une heure. Accompagnez-le, il est encore temps de le sauver.