La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Cependant qu’il demeurait stup'efait, Fandor sentait sur ses mains glac'ees une sensation douce de chaleur.
Il remua, c’'etait un autre chien qui le l'echait.
Enfin Fandor en voyait un troisi`eme, qui, `a quelque distance de lui, nonchalamment 'etendu sur le sol, le consid'erait de ses gros yeux bienveillants.
Le journaliste 'etait de plus en plus abasourdi.
O`u se trouvait-il ? que lui 'etait-il arriv'e ?
Fandor, en se remuant, se rendait compte que ses v^etements 'etaient recroquevill'es, durcis, raides et p'enibles au corps, comme s’ils avaient longtemps s'ejourn'e dans de l’eau.
Fandor se soulevait sur son s'eant, essayait de regarder par-dessus les roseaux au milieu desquels il se trouvait dissimul'e.
Or, voici qu’`a l’horizon, tr`es loin, il voyait se profiler la silhouette rectiligne et hach'ee de toitures et de chemin'ees, cependant, qu’au premier plan il apercevait un immense tuyau, haut peut-^etre de deux m`etres, et qui semblait un reptile gigantesque serpentant le long du sol.
— Ah ! mais, s’'ecria Fandor, je me souviens maintenant.
La m'emoire lui revenait en effet.
Le journaliste se rappelait parfaitement les aventures dont il avait 'et'e le h'eros et la victime, `a partir du moment o`u, fuyant Hans Elders et les policemen qui le recherchaient dans la taillerie de diamants, il avait 'et'e emport'e par la courroie de transmission et pr'ecipit'e, apr`es diverses p'erip'eties et de nombreux dangers, dans le gros siphon par lequel passaient les eaux alimentant les machines de l’atelier.
— Encore une fois, s’'ecria le journaliste, j’ai vu la mort de pr`es, mais j’ai pass'e `a c^ot'e d’elle…
Il se rendait compte maintenant que ballott'e comme une 'epave dans le courant, il avait 'et'e d'evers'e par le gros tuyau dans la rivi`ere.
Mais d'esormais Fandor se demandait comment il se faisait qu’il se trouvait couch'e sur cette berge, sur'elev'ee au-dessus du niveau du fleuve ? Et puis quels 'etaient ces chiens ? ces trois chiens, ces molosses aux crocs formidables qui, 'enigmatiques et silencieux, semblaient veiller sur lui ?
Fandor lentement se retourna.
Alors qu’il effectuait cette volte-face, une nouvelle surprise venait de le faire tressaillir `a nouveau.
Attach'e par la bride `a une branche d’arbre, et broutant paisiblement les feuilles nouvelles, se trouvait un cheval, tout sell'e et qui semblait attendre le retour de son cavalier.
Cette fois, plus d’h'esitation, il reconnaissait la monture.
— Le cheval de Teddy, s’'ecria-t-il, ah, par exemple.
Une crainte nouvelle assaillit son esprit. Comment se faisait-il que le jeune garcon eut ainsi abandonn'e sa b^ete, et pourquoi n’'etait-il pas `a c^ot'e de Fandor, puisque le cheval s’y trouvait bien ?
Fandor s’'etait lev'e.
Il fit quelques pas lorsque ses pieds heurt`erent dans un repli de terrain un corps inerte.
— Ah, hurla Fandor… ah ! mon Dieu, c’est Teddy.
C’'etait en effet le jeune ami du journaliste. Il gisait au fond d’une orni`ere, crott'e, p^ale, immobile, 'evanoui.
Sans doute le jeune homme avait fait une chute, il portait `a la tempe une l'eg`ere blessure, quelques gouttes de sang perlaient `a son front.
Fandor s’'etait pench'e aussit^ot sur l’adolescent.
— Que lui est-il arriv'e, mon Dieu, murmura-t-il…
Et le journaliste 'etait `a la fois intrigu'e et confus, car il imaginait que Teddy, qui professait `a son 'egard une telle sympathie et se d'evouait si volontiers `a sa cause, avait d^u attraper quelque mauvais coup en le sauvant, lui, Fandor.
`A la position occup'ee par l’enfant par rapport `a celle de Fandor l’instant pr'ec'edent et eu 'egard `a la topographie des lieux, le journaliste se rendait compte qu’il avait d^u ^etre amen'e jusqu’`a la rive du fleuve par un courant favorable, puis, que quelqu’un, d'eployant une force extraordinaire, l’avait hiss'e `a travers les broussailles et le sol d'etremp'e, jusque sur la berge.
Ce quelqu’un, ce devait ^etre Teddy, qui devait s’^etre 'evanoui apr`es cet effort surhumain.
Teddy respirait faiblement, doucement…
Et Fandor, pench'e sur son visage, 'epiant le moindre geste, 'etanchait machinalement avec son mouchoir le sang qui lui perlait au front, cependant qu’il humectait ses l`evres avec un peu d’eau fra^iche. Teddy reprenait difficilement connaissance. Toutefois, il respirait avec nervosit'e, par saccades et Fandor, fig'e dans sa contemplation, remarquait un d'etail 'etrange.
C’'etait du haut du corps, de la poitrine, que Teddy respirait :
— Curieux, murmura Fandor, je n’avais pas encore vu un homme respirer de la sorte. Est-ce parce qu’il est malade, 'evanoui ?
Fandor jugeait que l’endroit o`u se trouvait Teddy n’'etait gu`ere confortable ni s^ur. C’'etait une orni`ere pleine de boue.
Le journaliste souleva l’enfant dans ses bras, le porta au pied d’un arbre, l’allongea sur un tertre de gazon.
Le veston de Teddy, herm'etiquement ferm'e, lui comprimait la gorge, lui serrait le cou, et Fandor, pour donner plus d’aisance aux poumons, n’h'esitait pas `a d'efaire le v^etement.
Hardiment, il mettait `a nu la poitrine.
Mais soudain ses yeux s’'ecarquill`erent, ses mains recul`erent effray'ees.
Fandor demeura interdit de ce qu’il venait de voir… de ce qu’il voyait.
Le journaliste avait d'egag'e la gorge, les 'epaules, la poitrine de son ami Teddy. Or, ce qu’il d'ecouvrait, ces lignes pures, d'elicates, harmonieuses, cette peau fine et blanche et enfin, cette forme de poitrine, tout cela 'etait fait pour le surprendre au plus haut point.
Fandor rougit et recula. Il venait de constater que Teddy n’'etait pas un garcon, mais une fille.