La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Une ombre de tristesse, toutefois obscurcissait le visage du charmant cavalier.
Celle que l’on connaissait sous le nom de Teddy, d'eclara :
— Fandor, mon ami Fandor je n’ai pas d’autre nom – pour le moment du moins – que celui sous lequel vous me connaissez, sous lequel tout le monde me conna^it. Comment je m’appelle v'eritablement ? h'elas, je l’ignore, la pauvre vieille Laetitia aurait pu me le dire. Elle n’a pas cru devoir le faire, elle est morte et nous ne saurons rien. Le secret de mon origine, cependant existe, et celui qui le d'etient, c’est ce monstre de Hans Elders, qui, pour une raison que j’ignore, fait l’impossible pour me le dissimuler.
Fandor ne comprenait que vaguement cette sombre histoire. Certes, il savait depuis longtemps qu’il y avait dans l’existence de Teddy un myst`ere insoupconn'e, mais ce myst`ere n’'etait aucunement dissip'e, du fait que Teddy 'etait en r'ealit'e une fille.
Et le journaliste, sans savoir pourquoi, s’imaginait qu’il devait y avoir l`a encore quelque machination due `a Fant^omas et `a ceux qu’il supposait ^etre ses complices, `a ceux qui se montraient en plein jour, alors que l’insaisissable bandit, demeurait dans l’ombre.
— Vous m’appellerez Teddy… encore… toujours… il ne faut pas que l’on se doute de mon sexe. Vous ^etes le seul `a le conna^itre depuis la mort de Laetitia.
Fandor hocha la t^ete, perplexe. Teddy ajouta :
— Nous serons courageux tous les deux et nous retrouverons le secret de ma naissance. Hans Elders le d'etient, je suis s^ure que ces jours derniers encore, c’est lui qui est venu reprendre la t^ete de mort dans laquelle se trouvent les papiers qui me disent qui je suis. H'elas, qu’a pu faire Hans Elders de ces documents ?
Fandor bouillait d’impatience.
Plus encore qu’auparavant, il 'etait r'esolu `a la lutte, `a la lutte implacable, imm'ediate :
— Nous les retrouverons, jura-t-il, duss'e-je y laisser ma peau. Venez, Teddy partons.
La jeune fille calma l’enthousiasme du journaliste. Tendrement, affectueusement, elle appuya son bras sur le sien :
— H'elas, Fandor, murmura-t-elle, vous oubliez que vous ^etes recherch'e. La police est `a vos trousses, vous avez m^eme failli ^etre pris.
Une lueur sombre brilla dans les yeux du journaliste :
— C’est vrai, fit-il, j’avais oubli'e… que faire ?
Mais il reprit courage aussit^ot :
— Parbleu, dit-il en s’animant, c’est une accusation imb'ecile qui p`ese sur moi, je saurai vite me disculper, je r'eussirai `a me d'efendre. Pourquoi, afin d’en finir, n’irais-je pas directement m’expliquer avec les autorit'es ?
Alarm'ee, la jeune fille se jeta devant lui, comme si elle avait voulu le prot'eger de son corps gracieux contre quelque danger imminent :
— Ah Fandor, s’'ecria-t-elle, ne faites pas cela. Comme moi vous avez un ennemi, un ennemi terrible et redoutable, c’est Hans Elders. C’est un homme tr`es puissant, sans conscience et qui ne recule devant rien.
— En effet, reconnut Fandor, c’est un sinistre bandit.
Et le journaliste pensait `a la fausse taillerie de diamants, gr^ace `a laquelle on 'ecoulait des pierres tout simplement vol'ees.
Le joli cavalier poursuivait :
— Hans Elders est capable de tout. Il a persuad'e la police que c’est vous qui aviez ameut'e la foule contre le noir Jupiter. D’autre part, le lieutenant Wilson Drag vous a reconnu comme 'etant l’homme qu’il avait failli fusiller lors de l’incendie des Docks. Si vous ^etes pris, Fandor, vous ^etes irr'em'ediablement perdu. Il va falloir vous cacher, puis partir, quitter le pays…
La jeune fille ajouta, surmontant son 'emotion :
— Et me quitter, Fandor…
Mais le journaliste ne voulut pas permettre que la jeune fille e^ut, un seul instant, semblable id'ee :
— Vous quitter, jura-t-il, en la serrant contre sa poitrine, vous quitter, jamais, plut^ot mourir.
— Vous verrez que nous r'eussirons.
Les deux jeunes gens demeur`erent longtemps encore 'etroitement embrass'es. Puis :
— Fandor.
— Teddy.
— Fandor, il ne faut pas rester ici, fuyons… ces lieux sont suspects et redoutables, on pourrait nous surprendre, et il faut vous cacher.
— Teddy, r'epondit Fandor, je vous ob'eirai et je me cacherai si j’ai la certitude que vous-m^eme ne courrez aucun risque.
— Fandor, en vous prot'egeant, je me sauvegarde. Pendant quelques jours encore, jusqu’`a ce que nous ayons repris `a Hans Elders la t^ete de mort qui contient le secret de ma naissance, il faut vous dissimuler, 'eviter d’^etre surpris par la police. Je connais une cachette. Partons.
— Partons.
Et avant de se mettre en route, apr`es avoir jet'e un dernier regard `a ces lieux d'eserts qui avaient 'et'e, avec les trois bons chiens, les uniques t'emoins de leur premi`ere d'eclaration d’amour, leurs l`evres s’unirent dans un long baiser :
— Je vous aime.
— Je vous aime.
25 – LE SECRET DE L’OSSUAIRE
Juve se r'eveilla de fort mauvaise humeur.
Il h'esita quelques instants `a se lever – il avait fini par aller coucher dans l’un des h^otels les moins luxueux de Durban – puis soudain, sautant `a bas de son lit, il s’habilla en sacrant, en pestant, en bousculant tout dans la pi`ece.
Juve, au point o`u il en 'etait de ses enqu^etes, s’avoua qu’il ne comprenait plus rien du tout `a quoi que ce soit.
O`u 'etait Fandor ? Que faisait-il ? Et pourquoi se cachait-il ? Juve commencait `a en avoir une vague id'ee.
Des dires de Ribonnard, Juve, en effet, n’avait retenu qu’une chose, c’est que Fandor 'etait accus'e, de facon impr'ecise, il est vrai, mais enfin de facon certaine, par l’opinion publique, d’avoir 'et'e la cause de l’incendie des Docks.