Том 6. С того берега. Долг прежде всего
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Какой позор – в 1849 году, – утратив все, на что надеялись, все, что приобрели, близ трупов падших и расстрелянных, близ тех, кого заковали в цепи и сослали, при виде этих несчастных, гонимых из страны в страну, которым оказывают гостеприимство, как евреям в средние века, которым бросают, как собакам, кусок хлеба, чтобы заставить их затем продолжать свой путь, – какой позор, повторяю я, в 1849 году останавливаться на узком воззрении либерального конституционализма, этой платонической и бесплодной любви к политике!
Оптический обман, при помощи которого рабству придавали видимость свободы, рассеялся; маски спали, мы в точности теперь знаем цену республиканской свободы во Франции и конституционной свободы в Германии; мы видим теперь (а если не видим этого, то в этом наша вина), что все существующие правительства,
«Свободой должно пожертвовать во имя порядка, личностью – во имя общества, итак, чем сильнее правительство, тем лучше».
Скажу еще раз: если ужасно жить в России, то столь же ужасно жить и в Европе. Отчего же покинул я Россию? Чтоб ответить на этот вопрос, я переведу вам несколько слов из моего прощального письма к друзьям:
«Не ошибитесь! Не радость, не рассеяние, не отдых, ни даже личную безопасность нашел я здесь, да и не знаю, кто может находить теперь в Европе радость и отдых. Грустью дышит каждое слово моих писем. Жизнь здесь очень тяжела.
Я ни во что не верю здесь, кроме как в движение; и не жалею здесь никого, кроме жертв; не люблю здесь никого, кроме тех, которых преследуют; никого не уважаю, кроме тех, кого казнят, и однако остаюсь. Я остаюсь страдать вдвойне – страдать от нашего горя и от горя, которое нахожу здесь, погибнуть, может быть, при всеобщем разгроме. Я остаюсь, потому что борьба здесь открытая, потому что она здесь гласная.
Горе побежденному здесь! Но он не погибает, прежде чем вымолвил слово, прежде чем испытал свои силы в бою, и именно за этот голос, за эту открытую борьбу, за эту гласность я остаюсь здесь».
Вот что я писал 1 марта 1849 года. Дела с того времени сильно изменились. Привилегия быть выслушанным и открыто сражаться уменьшается с каждым днем; Европа с каждым днем становится все более похожей на Петербург; есть даже страны, более похожие на Петербург, чем сама Россия. Венгры знают это, – венгры, искавшие в безумии отчаяния защиты под русскими знаменами…
Если же и здесь дойдут до того, что заткнут нам рот и не позволят даже проклинать во всеуслышание наших угнетателей, то я уеду в Америку. Я – человек и пожертвую всем ради человеческого достоинства и свободы слова.
Вероятно, вы последуете туда за мною?..
Лондон, 25 августа 1849 г.
Lettre d'un Russe `a Mazzini *
En vous remerciant de l'honneur que vous avez fait `a ma lettre sur la Russie [89] en publiant la traduction dans L'Italia del Popolo, je vous prie de me permettre d'y ajouter quelques r'eflexions que me sugg`erent les derniers 'ev'enements. Je vous serais bien reconnaissant de leur donner place dans votre journal.
89
C'est la lettre publi'ee dans l''edition hebdomadaire de la Voixdu Peuple.
On parle d'une guerre entre la Russie et la Turquie. Le d'esir d'une rupture avec la Porte est 'evident chez l'empereur Nicolas; peu scrupuleux sur les moyens, il s'est content'e d'un pr'etexte priv'e de fondement et d'une r'evoltante inhumanit'e. Il est 'etonnant qu'un homme de l'habilet'e de M. Titof, jadis litt'erateur lib'eral de Moscou, n'ait pas trouv'e un meilleur pr'etexte, au moins dans l'int'er^et de sa r'eputation.
Chose 'etrange! L'empereur Nicolas, apr`es un r`egne de 24 ans, se montre pers'ecuteur aussi implacable qu'aux premiers jours de son av`enement. Le monde commencait d'ej`a `a oublier les jours n'efastes o`u r'egnait l'ordre `a Varsovie; sa r'eputation devenait meilleure, compar'ee `a la d'epravation et `a la sanguinaire barbarie des autres gouvernements. D'epass'e dans sa f'erocit'e par les fusillades de Juin, par le sombre delirium tremens d'un de ses voisins et par la nymphomanie empoisonn'ee d'une de ses voisines qui a 'elev'e un enfant, son fils, `a remplir les fonctions de bourreau, l'empereur Nicolas 'etait rel'egu'e au second rang de la tyrannie.
Or, voici qu'il se pr'esente aux yeux du monde, jetant le grand d'efi `a la Turquie, sous pr'etexte que la Porte, se souvenant qu'elle n'est ni chr'etienne, ni civilis'ee, refuse de livrer sept `a huit cents h'eros qu'il veut fusiller.
En v'erit'e, l'offense est grave; et entre amis on ne se refuse pas ces petits services!
Cet incident se terminera peut-^etre sans d'egainer; notre si`ecle impuissant et d'ecr'epit semble quelquefois prendre une 'energique r'esolution, mais retombe aussit^ot sans avoir rien fait. Ainsi la R'evolution de F'evrier fut suivie d'un mouvement r'etrograde qui nous reporte au del`a de 1789. – Toutefois, la guerre entre la Porte et la Russie ne peut ^etre que diff'er'ee.
Byzance est le r^eve constant de la Russie, le fanal que, depuis le Xe si`ecle, elle n'a jamais perdu de vue. Byzance est pour les barbares orientaux la Rome orientale. Le peuple russe l'appelle Tsargrad, la reine des cit'es, la cit'e des C'esars. De l`a lui vient sa religion: Byzance l'a sauv'e du catholicisme et du droit romain; Byzance, succombant sous les coups des Osmanlis, a transmis `a la Russie son aigle `a deux t^etes, l'aigle du double empire, comme dot d'une Pal'eologue, devenue l''epouse du premier tzar moscovite. Pierre Ier et ses descendants n'ont pu dormir paisiblement; il leur fallait Constantinople. Les lambeaux sanglants de la Livonie, de l'Esthonie, de la Finlande, ceux enfin de la Pologne, ne les ont pas satisfaits. Le but de leurs d'esirs, leur utopie, leur id'eal, c'est Constantinople. Catherine II donna le nom de Constantin `a son second fils. L'un des fils de Nicolas, le grand-amiral, se nomme aussi Constantin.
Le moment de faire la guerre n'est pas mal choisi, et peut-^etre verrons-nous l'aigle `a deux t^etes d'etacher son vol des glaces du nord et se reposer sur le croissant qui surmonte les coupoles chr'etiennes de Sainte-Sophie. Stamboul tombera, Byzance resurgira! Que les destins s'accomplissent!
Que signifie cet instinct, cette tendance 'eternelle et fatale qui pousse les Slavo-Russes vers Byzance, depuis les Var`egues, depuis Oleg et Sviatoslaw qui all`erent clouer l''ecusson de la barbarie et du paganisme sur les murailles de la capitale de l'empire d'Orient, jusqu'`a l'empereur Nicolas! Est-ce une inclination naturelle, une loi physiologique, ou, si vous voulez, une fatalit'e?
Dans l'int'er^et de l'empereur, je lui conseillerais cependant de ne pas s'aventurer dans cette guerre et d'y penser m^urement avant de l'entreprendre.
Vous croyez peut-^etre que je voudrais l'en d'etourner par la crainte que ses troupes ne soient battues? Non; l'arm'ee russe sera victorieuse.
Vous croyez, peut-^etre, que l'Europe ne le permettrait pas? Non; l'Europe permettra tout.
Je sais tr`es bien qu'une telle guerre fera beaucoup de bruit. On lancera des notes diplomatiques; on exp'ediera des diplomates notables. On fera faire une promenade militaire `a quelque corps d'arm'ee; une autre promenade aux flottes sur la mer. On profit'era de ce pr'etexte pour faire voter des cr'edits suppl'ementaires. On prononcera dans les parlements de magnifiques discours qui renverseront les minist`eres. On fera des rassemblements dans les rues. On imprimera dans les journaux des articles fulminants et des appels au Peuple. On tentera des manifestations pacifiques qui donneront l'occasion aux amis de l'ordre de fusiller et d'eporter leurs ennemis. Puis, les ministres viendront d'eclarer que l'empereur de Russie a donn'e des explications franches et satisfaisantes; qu'il ne veut pas agrandir ses Etats; que la guerre contre la Turquie n'est dirig'ee que contre les doctrines perverses et subversives; qu'il s'agit seulement de frapper le Socialisme `a Constantinople, – et le silence se fera. L'Europe a-t-elle emp^ech'e la Russie de d'evorer la Pologne, de d'evaster la Hongrie et de prot'eger la Moldavie et la Valaquie?