Хроники времен Екатерины II. 1729-1796 гг

Стегний Петр Владимирович

Лафайету и моему отцу.

АВПРИ, ф. Секретнейшие дела

(перлюстрация), оп.6/2, д.30, лл.337-337об.

19. Copie d’une lettre du mar'echal de S'egur au

comte de S'egur

`a Petersbourg ce 11 Aoust 1789

La lettre que vous av'es eu la bont'e de m’ecrire m’etoit bien necessaire, elle

a dissip'e les horribles inquietudes qui me consumoient, votre grade, la

consideration dont vous jouiss'es, votre vertu, celle de ma femme ne pouvoient me

rassurer. Je sais de quoi le peuple est capable dans les momens d’effervescence,

souvent il pleure le lendemain les victimes qu’il a sacrifi'ees la veille et il fremit et

s’etonne de sa propre fureur, mais il n’est plus tems et son repentir ne console pas

les coeurs qu’il a dechir'e. Votre relation m’apprend la plus singuliere revolution

qui ait jamais exist'e, je la prevoyois, je savois qu’elle seroit complette, mais je

craignois, qu’elle ne fut achet'ee par les longues horreurs d’une guerre civile. La

bont'e, la vertu de Roi nous en a preserv'e. Il n’a pens'e qu’un instant et peut etre

trop tard `a soutenir son pouvoir par un coup d’autorit'e. Il a suivi le mouvement de

son ame, il a ced'e au voeu unanime de la Nation, il lui donne une libert'e qu’elle

auroit t^ot ou tard arrach'e, puisse-t-elle ne pas abuser de ce don precieux, puisse

l’Assembl'ee nationale songer que si la libert'e peut augmenter l’industrie, la

richesse, le credit, le bonheur d’un empire aussi vaste d’une maniere magique, il

faut pour operer ce chef d’oeuvre, que la Nation donne `a son chef, au pouvoir

executif assez de force pour etouffer les dissensions intestines et pour en imposer

aux ennemis de l’Etat. Si l’Assembl'ee se penetre de cette grande verit'e, je benirai

la revolution. Le Roi lui meme ne la regrettera pas, il aura acquis une couronne

plus solide, ses Ministres n’auront perdu que le pouvoir de faire du mal, funeste

avantage qu’aucun honnette homme ne peut regretter. Mais pour annoncer `a

l’Europe que c’est cette politique sage qu’on veut suivre, je voudrois que

l’Assembl'ee nationale commence par livrer aux loix les factieux insolens qui ont

os'e attaquer temerairement dans leurs discours que dictoit le delire, le frere et

l’epouse de leur Roi. Et ce seroit cette motion que je ferois si j’etois admis parmi

les representans d’une Nation qui a toujours applaudi l’h'eroisme et detest'e la

ferocit'e.

J’espere qu’actuellement nos travaux vont etre rapides, les 3 ordres sont d’accord, le Roi

se r'eunit `a eux, toute la Nation n’a qu’un meme avis sur les bases de la constitution et je me

flatte qu’un prompt consentement aux impots et aux emprunts necessaires va regenerer notre

credit, faire palir nos rivaux, ranimer la confiance de nos amis et nous rendre en peu de tems le

peuple le plus respectable de l’Europe. L’inquietude que je ressentois et que je m’efforcois en

vain de dissimuler m’avoit rendu malade. Je renais en apprenant que le sang a cess'e de couler et

que la revolution est fait. L’Imperatrice a eu la bont'e dans cette circonstance d’entrer dans mes

peines et d’en parler `a ceux qui l’approchent avec cette bienveillance touchante qui La fait adorer

quand on La connoit. Recev'es je vous prie avec votre bont'e ordinaire l’assurance de ma

tendresse et de mon respect.

* * *

Маршалу

Сегюру от графа Сегюра

Петербург, 11 августа 1789

Письмо, которое Вы соблаговолили написать мне, было для меня очень

необходимым. Оно рассеяло те ужасные опасения, что меня терзали. Ваше звание,

уважение, которым Вы пользуетесь, Ваша добродетель, добродетель моей жены не могли

меня успокоить. Я знаю, на что способен народ в моменты возбуждения. На следующий

день он часто оплакивает жертвы, которые принес накануне и содрогается перед своей

собственной яростью. Но уже поздно, и раскаяние народа не разжалобит тех сердец,

которым он причинил боль. Из Вашего рассказа я узнал о самой необычной революции,

которая когда-либо происходила. Я предвидел ее, я знал, что она не была бы завершена, но

я боялся, как бы она не была приобретена за счет долгих ужасов гражданской войны.

Доброта, достоинства короля спасли нас от нее. Лишь на мгновение и, возможно, слишком

поздно он подумал о том, как поддержать свою власть силой. Он последовал движению

своей души, он уступил единогласному желанию нации, он дал ей свободу, которой она

рано или поздно добилась бы. Может ли она не злоупотребить этим драгоценным даром?