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Hier `a 7 heures je suis all'e `a la s'eance de la soci'et'e au Ch^ateau S. Michel. J’y ai trouv'e Gretsch. Nous avons parl'e (lui et moi, s’entend) des affaires ac-tuelles de la France et de notre patrie. Il m’a racont'e plusieurs faits qui se trouvaient dans les journaux lib'eraux. Entr’autres le vote d’un ultra pour 'ele-ver les enfants des Protestants dans la religion Romaine. Ont-ils le sens com-mun, ces gens-l`a? prennent-ils les francais pour des vot'eistes?
Dans la s 'eance on a 'elu Bulgarine que j’ai propos'e, `a l’unanimit'e; cela a fourni `a Gretsch une observation sur les effets de la civilisation et des lumi`eres du si`ecle; vu qu’un ennemi litt'eraire propose son ennemi; que ces m^emes en-nemis se ch'erissent comme des amis v'eritables, etc.
Izmailoff m ’a demand'e des nouvelles de Mme. Je n’ai pas pu lui r'epondre ne l’ayant pas vue depuis six jours. Gretsch m’a autoris'e d’'ecrire `a Mr. Katsch'enowsky pour lui annoncer l’article m'echant et d’une bassesse extr^eme que Wo"ieikoff va lancer contre lui dans le Fils de la Patrie. Gretsch m’a pri'e m^eme de le lui 'ecrire; il a beaucoup bataill'e avec Wo"ieikoff au sujet de cet article, mais comme il n ’a pas le droit de s’opposer `a l’insertion de cet article, il laisse faire son cher camerade jusqu’au 1 Janvier 1822, o`u ils doivent se d'e sunir.
Bulgarine va bient ^ot lire une diatribe sanglante contre Wo"ieikoff sous le titre «Le Cachet de l’abjection» (Печать отвержения).
Nous sommes partis avec Gretsch vers 9 heures pour aller chez Bulgari-ne. Chemin faisant nous avons parl 'e de Madame. J’ai parl'e avec beaucoup de feu de ses gr^aces, de son esprit et de ses talents. Gretsch m’a dit que c’est bien dommage qu’elle ne l’entende pas.
Nous n ’avons pas trouv'e Bulgarine chez lui; j’ai pass'e ensuite chez Ja-kowleff et chez Baktine, 'egalement sans les avoir trouv'e l’un et l’autre.
A dix heures et demi je suis rentr 'e. J’ai voulu me mettre `a 'ecrire et voil`a qu’on frappe `a ma porte. J’ouvre et je vois entrer Yakowleff; je lui demande des nouvelles de Madame, mais il ne l’a pas vue non plus depuis mardi. Nous nous sommes convenus d’y aller demain (c’est `a dire aujourd’hui). Voyons ce qu’elle me dira. Je ne sais pas, mais depuis mardi ce n’est plus pour moi un plaisir d’y aller, c’est une peine. Il me semble que j’y porterai une bien triste mine, mais je t^acherai de me contraindre et de para^itre gai, indiff'erent, autant qu’il me sera possible.
On vient me dire que le Prince m ’invite `a venir prendre le th'e chez lui. Puis cessons notre journal pour le reprendre demain ou ce soir.
J ’ai 'et'e chez elle. J’y ai pass'e toute la journ'ee d’hier. Yakowleff n’'etant point venu, je n’y ai trouv'e que Pana"ieff et cet 'eternel Lop^es qui est pourtant un tr`es brave garcon: mainte et mainte fois il m’a invit'e chez lui et comme je veux `a pr'esent changer de conduite `a l’'egard d’elle, je veux bien aller chez lui un dimanche.
Quel salut froid de sa part! Elle avait un peu l ’air f^ach'e en me demandant l’'etat de ma sant'e: je lui ai r'epondu que je me portais parfaitement. Un moment apr`es Lop^es prenait cong'e d’elle, pr'etextant d’aller `a la chasse ou quelque chose de semblable. Elle a couru apr`es lui, comme pour arr^eter son chien qui voulait le suivre. J’ai vu ce man`ege, et je suis rest'e dans les apparte-ments. Apr`es un quart d’heure je suis sorti pour prendre un peu d’air et je l’ai apercue au bout de la fabrique `a cordages. Comme il 'etait impossible qu’elle ou Lop^es ne m’eurent remarqu'e, je pris le parti de les aller joindre. Il s’est en all'e et j’ai reconduit Mme dans les appartements. Voil`a un court entretien qui s’engage entre nous deux o`u elle me fait des reproches de ne l’avoir pas atten-due mardi et d’^etre parti sans la voir: elle a r'ep'et'e, comme de raison, sa que-relle accoutum'ee sur les pr'etentions que j’ai etc. etc. Son 'epoux et Pana"ieff vinrent nous joindre et les pourparlers ont cess'e. J’ai voulu partir tout de suite niais elle me forcait `a rester. La curiosit'e m’a piqu'e et j’ai renvoy'e mon cocher. Apr`es le d'ejeuner elle s’est mise `a piano, j’ai la pri'ee de chanter Ragazze <нрзб.>, ce qu’elle fait d ’assez bonne gr^ace. Pana"ieff lui a rappel'e ma romance
En revenant je rencontre M-me avec Pana "ief qui sont aussi sorti pour la promenade. La politesse exigeait que je les suivisse, ce que je n’ai pas manqu'e de faire. La promenade s’est pass'e assez gaiement, dans la conversation on en est venu `a Mr. Yakowleff: je lui dit qu’elle le maltraitait et c’'etait lui donner un champs libre pour faire une sortie contre les pr'etentions etc. etc. Il veut, dit-elle, qu’on s’occupe de lui exclusivement, il croit qu’on le m'eprise… (NB. Ce n’est pas lui, c’est moi qui l’ai dit dans mes lettres, aussi que j’ai tr`es bien compris `a qui cela s’adressait indirectement). En rentrant je l’ai fait beaucoup rire au d^iner, de sorte qu’elle a eu une attaque des nerfs par la suite. Qu’il est dommage, qu’un si beau corps soit sujet aux affections vaporeuses! Elle, qui devrait ^etre la sant'e m^eme, elle qui devrait compter tous les instants de sa vie par autant de jouissances, a les nerfs trops faibles: tous les plaisirs un peu ex-cessifs, toutes les peines un peu sensibles la d'erangent et lui co^utent plusieu-res heures de souffrances.
Dans tout le cours de cette visite, cependant, j ’ai remarqu'e chez elle une tendance de me peiner. Elle riait quelquefois d’un rire offensant, elle faisait ressortir l’esprit de Pana"ieff aux d'epens du mien, etc. etc. Une fois Pa-na"ieff a dit `a peu pr`es une b^etise, une incons'equence sur mon compte; et bien involontairement, elle en a rit jusqu’aux p^amoisons. Elle a cru que j’en serais piqu'e, et elle s’y est tromp'ee: je compris son intention et je ris avec elle. Il faut bien autre chose pour me d'econtenancer. Elle ne conna^it pas mon caract`ere, elle ne sait pas que je supporte tout de la part d’une femme, surtout d’une fem-me aimable, mais je ne supporte point des propos d’un homme et que je sais parer les paroles en d'ecochant traits pour traits, ainsi comme j’ai su dans plus d’une occasion, montrer de la fermet'e et me battre avec des armes bien plus graves.
Je suis parti vers 11 heures et demi et `a dire la v'erit'e, pas trop content de ma journ'ee.
La soir 'ee d’hier que j’ai pass'e chez Izma"iloff, n’a pas 'et'e trop bien remplie, je ne sais trop pourquoi. Il y a eu une quinzaine de personnes pres-que toutes mes connaissances. Madame Izma"iloff a un peu diminu'e de sa s'echeresse et de son ton froid qu’elle affecta depuis quelque temps `a mon 'egard, parce que j’ai fait une fois l’'eloge de la charmante Mme P… ff en sa pr'esence. C’'etait encore dans le commencement de ma connaissance avec cet-te aimable dame. Je ne sais pourquoi Mr. Kniagewitsch l’ain'e m’a paru piqu'e d’une plaisanterie toute innocente. Je n’ai pas voulu l’offenser d’aucune ma-ni`ere. Son fr`ere est revenu de Laybach, il m’a fait le r'ecit de son voyage `a Venise. Noroff, Ostolopoff et moi nous avons parl 'e de la litt'erature italienne, francaise, et russe. J’ai promis `a Noroff de passer chez lui lundi matin. Je l’aime beaucoup, ce brave militaire; la noble marque de sa valeur, une jambe de bois, est le meilleur certificat pour lui aux yeux de ses concitoyens. Je suis rentr'e `a 11 heures et demi, et j’ai rencontr'e Jakowleff, tout pr`es de la porte; il 'etait venu me dire le bonsoir. Nous avons parl'e une demi-heure; Madame a eu aussi sa part dans notre conversation: nous avons parl'e de son amabilit'e et lui avons d'esir'e un caract`ere un peu moins changeant, et de ne pas traiter avec rigueur les gens qui lui sont bien sinc`erement d'evou'es.
La journ 'ee d’hier m’a tout `a f’ait reconcili'e avec elle. Je l’ai cru passer bien autrement, cette journ'ee, et je suis enchant'e que le proverbe: Homo pro-ponit, Deus disponit avait servi cette fois `a mon avantage. A midi j’allais chez Gretsch `a la campagne; je l’ai rencontr'e au quai de Petersbourg, nous avons caus'e un peu ensemble et puis nous nous sommes s'epar'es. Comme l’heure du d^iner 'etait encore tr`es 'eloign'ee et que j’'etais d'ej`a dehors, par cons'equent ne voulant pas rentrer avant d’avoir faire quelque chose, me voil`a qui me d'ecide d’aller voir Mme. Je trottais d'ej`a sur le pont de Wibourg, clopin-clopant com-me je le pouvais `a cause des bottes qui me torturaient les pieds, lorsque j’ap-perois Mr. Wo"ieikoff qui courait en droschki `a deux places; je le salue, il s’arr^ete, m’invite `a prendre place dans son droschki, et quoique je serais bien content de m’excuser l`a-dessus, je n’ai pas voulu faire des grimaces, j’accepte donc son offre obligeant d’aller bonne gr^ace et nous voil`a `a converser et sur le mauvais temps, et sur l’intempestibilit'e du climat de St. Petersbourg, et sur la fum'ee de Londres, et sur les 93 marches de l’escalier de Gretsch, et sur la ma-ladie de Madame Wo"ieikoff, et sur les talents et l’amabilit'e de Mr Noroff. Bref, nous avons fait le caquet bon-bec depuis le pont jusqu’`a l’Acad'emie de la medicine et chirurgie. L`a je l’ai pri'e de faire arr^eter la voiture, disant que j’avais une visite `a faire `a l’acad'emie. Nous nous somm'es dits force compliments et j’ai 'et'e tr`es charm'e d’avoir 'eluder une conversation plus longue.
Je viens chez Madame, j ’y trouve Yakowleff et Kouschinnikoff qui arrive un moment apr`es. Madame me recoit d’abord assez s`echement; elle veut re-tenir Yakoveff qui s’'evade. On s’arrange `a faire un tour de promenade avec Mme Goffard et les enfants, elle y va en effet. Je l’atteins et la plaisante sur ce qu’elle a l’air d’une ma^itresse de pension, elle retourne `a la maison. Nous d'ejeunons, nous parlons, et tout d’un coup elle me fait cadeau d’un mouchoir pour porter en chemise sous le gilet. Nous nous mettons de nouveau en marche pour aller `a la campagne o`u demeurent les enfants de Mme Goffard; notre suite est compos'ee de Mr Ponomareff, Madame, M. Kouschinnikoff, Mme Goffard, Alexandrine et moi. Madame me donne le bras, nous arrivons en face de la campagne de Mr Dournoff et prenons un bateau qui nous transporte jusqu’`a la campagne Bezborodko; nous passons par le jardin. Madame me donnait tou-jours le bras pour la mener; au bout du jardin nous trouvons un pont couvert `a demi 'ecroul'e et qui n’a pour tout plancher que deux poutres touchant le milieu du pont couvert. Je m`ene Madame avec toutes les pr'ecautions et sollicitude possibles; Hector reste au milieu du pont, n’osant point passer; elle l’appelle, il jappe et reste ind'ecis. Je me pr'ecipite sur la poutre, je prends le chien sur mes bras, tout crott'e qu’il 'etait et je le porte sur l’autre bord, ce qui m’a valu des expressions tr`es aimables, m^eme tendres de la part de Madame. Какая милая попинька: qui aurait fait comme lui. Ces peu de mots m’ont tout `a fait cap-tiv'e et m’ont de nouveau soumis sous ses lois; je ne me sentais pas de joie; je jurais int'erieurement d’^etre toujours `a elle. Dans ce moment-ci elle m’a paru plus belle que jamais, et si je l’avais pu je l’aurais 'etouff'e de mes baisers: m^eme j’aurais embrass'e mille et mille fois son chien; mais j’ai craint de la compromettre devant les jeux de tant de t'emoins. Ce son de voix lorsqu’elle dit quelque chose d’aimable, d’obligeant, p'en`etre dans mon coeur et y attire une nouvelle flamme, je suis alors aux anges et si confus, si heureux, que je ne sais que r'epondre: les phrases me manquent avec la respiration, je me p^ame d’aise. Non! jamais je n’ai 'et'e aussi amoureux, j’'etais plus jeune et les sensations n’'etaient pas encore aussi profondes, aussi d'ecid'ees.
Le reste de la journ 'ee s’est pass'ee assez agr'eablement pour moi. Apr`es diner nous sommes all'es en bateau `a Krestowsky; l`a je me suis absent'e pour quelques minutes; je les rejoins d'ej`a sur le bateau et j’inventais des excuses et des incidents. Elle m’a pourtant grond'e avec assez d’amertume: Toujours nous faites de ces farces; c’est joli! Le malheur est qu’elle s’est mouill'ee les pieds; moi qui les avais aussi mouill'es jusqu’aux genoux, je me taisais. Elle se plaig-nait du froid sur le bateau, et je craignais pour elle. Arriv'ee `a la maison, elle se fait frotter les pieds, `a nos instances r'eit'er'ees, avec du rhum et s’est couch'ee ensuite. Elle a voulu retenir de force Mme Goffard, Kouschinnikoff et moi, pour passer la nuit `a la campagne; mais ensuite elle a consentie `a nous laisser partir. Je me suis approch'e d’elle pour prendre cong'e… D'elay'e j’ai vu encore ce beau sein qui fait mon martyre, je fais des efforts pour ne pas me trahir, je ne me poss`ede presque plus. J’imprime un baiser sur sa main et je m’arrache de cette ^ile de Calypso.
J’ai oubli'e de noter qu’elle m’a grond'e pour je ne sais quelles pr'eten-tions lorsque je lui ai demand'e le pardon pour je ne sais quelles fautes. Ensui-te elle s’est radoucie, elle m’a marqu'e du regret de ce que je ne lui 'ecrivais plus, je lui ai renouvell'e la pri`ere de me permettre de lui 'ecrire, ce que m’a 'et'e accord'e.
J ’ai 'ecrit presque toute la matin'ee du lundi, le coeur et la t^ete toujours remplis d’elle. Je suis sorti `a midi et demi pour aller chez Noroff que je n’ai pas trouv'e `a la maison. Ensuite, je suis entr'e chez Slenine, par d'esoeuvrement, et j’y ai trouv'e mon colonel `a la jambe de bois. Il parcourait quelques ouvrages italiens. Nous sommes all'es d'ejeuner chez Talon; puis nous sommes mont'es chez Pluchard o`u nous avons encore parcouru quelques uns de nos chers italiens en attendant le droschki du colonel. Le droschki arriv 'e nous avons 'et'e rentr'es `a terre chez lui pour prendre la pi`ece de vers que je dois lire pour lui dans la soci'et'e. Il me charme de plus en plus cet aimable colonel; pas ombre de la morgue militaire, beaucoup de pr'evenance et d’honn^etet'es; une conversation vari'ee et instructive, il ne para^it pas aussi savant qu’il l’est en effet. Voil`a des gens que j’aime parceque j’aime `a ^etre toujours avec des gens qui valent mieux que moi: c’est une esp`ece d’'ego"isme, j’en conviens, je gagne ici tandis que je perds mon temps et mes paroles avec ceux que sont plus b^etes que moi. Je suis s^ur qu’on est aussi dans les m^emes rapports envers moi, parce que c’est le primo mihi universel.
A 7 heures je suis venu chez Yakowleff: nous avons encore parl 'e d’elle; c’est elle qui fait les d'elices de ma conversation. Mais je t^ache bien de cacher `a Yakowleff mes v'eritables sentiments, qui tout p'en'etrant qu’il est ne s’en dou-te gu`ere. Je crois que nous trompons l’un l’autre.
A 8. Je suis all 'e `a la Soci'et'e; j’ai insist'e qu’on 'elit Noroff comme membre effectif; lorsqu’on est venu en scrutin, il s’est trouv'e qu’il y avait 15 votes pour et un seul contre sa r'eception; il a donc 'et'e 'elu presque `a l’unani-mit'e. J’ai remis `a Glynka l’'epitre de Noroff `a Panayeff o`u il lui dit que la nature humaine se d'et'eriore de plus en plus; beaux vers `a quelques incorrections du style pr`es. Glynka l’a lu dans la s'eance m^eme, et tout le monde l’a approuv'e.
Vous me pardonnez, Madame! vous me rendez vos bont 'es! Non! je ne me suis pas tromp'e, vous tenez de la divinit'e la plupart de ce que vous ^etes, et ces gr^aces, et cette bont'e, tout cela est d’une origine c'eleste. Eh! Suis-je digne d’un de vos regards, de ces regards qui font tant de bien `a celui sur qui vous daignez les arr^eter. Oh! si vous aviez vu, combien je souffrais en voulant com-battre, subjuguer une passion qui est devenu pour mon ^ame ce que les esprits vitaux sont pour le corps de l’homme, — ins'eparable de mon existence; j’ai cru perdre `a jamais les douces illusions de ce bonheur, qui, sans ^etre r'eel, n’en est pas moins cher pour moi puisqu’il me repr'esente l’image d’un bonheur plus parfait, plus palpable, auquel je n’ose attenter que dans mes r^eves.
Il me semble pourtant que vous paraissez quelquefois vous d 'efier de la v'eridit'e de mon amour. H'elas! est-ce ma faute si cette figure sans expression, si ces yeux sans feu ne vous disent que faiblement ce que j’'eprouve? Tout le feu, qui manque `a mes yeux et qui n’anime point mes traits, est concentr'e dans mon coeur: c’est l`a que vous avez votre autel, o`u vous ^etes sans cesse ador'ee, encens'ee. Non! une flamme si forte ne pourra pas mourir m^eme avec mon ^etre, elle me survivra, elle suivra au del`a du tombeau et sera pour mon ^ame le plus bel apanage d’immortalit'e. Je vous y reverrai. Madame! vous serez l’ange de bont'e qui me fera participer `a la f'elicit'e 'eternelle: sans vous je n’y trouverais qu’un 'etat de langueur infinissable.
Et vous n ’^etes plus f^ach'ee, Madame? est-ce bien sinc`erement que vous m’avez pardonn'e? et vous ne rebuterez plus un coeur qui ne palpite que pour vous? Oh! si je n’avais pas de t'emoins, j’aurais embrass'e derni`erement cent mille fois votre Hector, qui m’a attir'e de votre part ces paroles douces qui sont `a jamais grav'ees dans ma m'emoire; c’est lui qui a contribu'e `a vous persuader de m^eme en partie de tout l’amour dont je br^ule pour vous. Jugez donc, Madame, si je dois le ch'erir, si je peux regarder d’un oeil indiff'erent un ^etre qui est en quelque sorte mon bienfaiteur? Et quel pr'ecieux fardeau que je trouvais en lui? je portais dans mes bras une cr'eature que vous affectionnez, Madame! et tout ce qui vous est cher, l’est encore davantage pour moi, car toutes vos affections se communiquent `a mon ^ame, s’y augmentent et s’y multiplient! Quel sympathie pour moi que celle de sympathiser avec votre coeur. Si j’avais pu as-pirer `a un retour… mais je n’ose pas y pr'etendre: ce serait un bonheur qui ne m’est point destin'e en partage. Je me contente donc de mes propres sentiments, je me contente aussi de la seule pr'erogative qui me soit accord'ee, celle de vous l’oser dire.
Que tous vos mots d ’amiti'e ou de bont'e r'epandent une douce chaleur dans toute mon existence. Какая
Je vais de nouveau, Madame, mettre `a vos pieds l’hommage de mon coeur, qui est, ainsi que toute mon existence
Ma matin 'ee d’hier s’est pass'ee assez tranquillement. J’ai 'ecrit ma pre-mi`ere lettre `a Madame apr`es la reprise o`u je lui peins ma flamme. Elle est trop longue, cette lettre, et j’ai peur qu’elle ne l’ennuye: ennuyer une jolie personne ce serait p'echer contre la nature. J’ai d^u diner chez le Prince, mais je me pro-jettais d’aller chez elle tout de suite apr`es diner. Voil`a que la Princesse me prie de lui trouver dans la biblioth`eque les livres qu’elle m^eme n’a pas pu trouver. Je cache le m'econtentement, qu’a produit sur moi une commission aussi intempestible, je cherche les livres et les trouve presque aussit^ot. La princesse a 'et'e tr`es aimable avec moi, je lui ai apport'e dans son cabinet les livres qu’elle m’a demand'es et elle m’a parl'e des plaisirs que nous allions go^uter `a la campagne; pour trancher court, je lui ai repondu que j’aimerais au-tant rester en ville, vu que l’'et'e ne permettais point d’^etre beau. Sur les cinq heures je suis parti pour aller `a la campagne de Md P-ff.
J’y ai trouv'e Lop`es qui partit presque aussit^ot, et le colonel Slatwinsky. Madame a 'et'e indispos'ee, elle a gagn'e une attaque de rheumatisme sur la ba-lancoire. Elle s’est un peu trouv'ee mal et s’est couch'ee, et moi je suis all'e faire un tour de promenade. J’ai rencontr'e les deux Kotschubey qui s’en retournaient en ville de chez la Princesse Lobanoff; je les ai salu 'e en passant. Pr`es de la campagne de Mr Dournoff, j’ai rencontr'e ses deux fils et Mr Dougoulz, j’ai caus'e avec eux et l’aide de camp m’a combl'e d’honn^etet'es; tous les deux `a l’envi ils m’invitaient de passer chez eux, mais je me suis excus'e! En rentrant j’y ai trouv'e Izma"iloff; Madame 'etait encore couch'ee; un moment apr`es Andr'eef 'etant venu, elle l’a fait inviter `a passer dans sa chambre, puis elle a voulu se lever et elle a cri'e de douleur. Je suis accouru pour l’aider si je le pouvais; et `a l’aide de Mr Slatwinsky nous l’avons relev'ee. Elle a 'et'e tr`es aimable avec tout le monde. Les autres 'etant partis, nous ne sommes rest'es au souper que moi et Izma"iloff. Elle a 'et'e d’une gaiet'e charmante. Apr`es souper je suis entr'e dans sa chambre `a coucher et je l’ai vu caresser le chien de Lop`es. Que je l’enviais, ce chien. Je le lui avais dit plusieurs fois, enfin je me suis rapproch'e d’elle, je lui ai bais'e la main avec ardeur et `a plusieurs reprises: et en sortant je lui ai imprim'e un baiser sur les l`evres; elle m’a aussi embrass'e. Elle a voulu me retenir pour coucher `a la campagne, mais je m’excusais sur l’impossibilit'e, vu que le prince avait `a faire avec moi. Malgr'e tout cela elle m’a fait pr'eparer le lit dans le salon, et elle-m^eme arrangeait les oreillers de ce lit. Je n’ai pas pu y tenir, j’y aurais rest'e toute l’'eternit'e, je me soumis en lui baisant la main… H'elas! faut-il me borner `a cela? Je n’ai dormi que deux heu-res, apr`es quatre heures du matin son chien qu’on a blam'e dans la journ'ee, est venu pr`es de mon lit; il m’a reveill'e, il 'etait souffrant, et je ne peux pas voir souffrir un ^etre quelconque, je ne dis pas d'ej`a son chien. Je me suis lev'e, je l’ai pris dans mes bras et l’ai fait coucher sur mon lit que je lui ai c'ed'e: pour ne point le toucher et lui faire mal, je me suis habill'e et je partis pour retour-ner `a la maison. La journ'ee d’hier est une de celles dont je conserverai le plus doux souvenir. Quel prix ont `a mes yeux ses moindres caresses, ses mots de bont'e, ses plus petits soins de ma personne! Oh! si j’'etais aim'e en effet, com-me j’aurais su sentir toute l’'etendu e de mon bonheur.
Dans la matin 'ee d’hier j’ai recu un billet d’invitation pour la soir'ee de la part de Mr Ostolopoff. Le billet 'etant 'ecrit en italien, j’ai d^u r'epondre, comme j’ai su, en cette langue. J’ai pass'e ensuite chez Boulgarine pour 1’inviter aussi au nom de Mr Ostolopoff; apr`es cela je me suis rendu chez Nikitine. Je lui ai insinu'ee l’id'ee de la r'eunion des deux soci'et'es et j’ai pu voir que ce n’'etait nullement de son go^ut.
Bulgarine ne m ’a pas laiss'e entrer dans sa chambre `a coucher: j’ai vu qu’on y a apport'e `a son ordre un portrait et j’ai cru remarquer la figure d’un peintre de portraits en miniature. Le domestique polonais a laiss'e tomber par maladresse la toile qui couvrait le portrait et j’ai reconnu les traits de Mme Wo"ie"ikoff. H'e, Mr. Bulgarine! je vous f'elicite: mais je ne lui ai pas dit ce que j’ai vu.
Que je rends gr ^aces au mauvais temps qui me retient en ville. Madame! j’ai encore de vouloir <нрзб.> la douce perspective de vous voir deux ou trois fois avant mon d 'epart pour la campagne. Il me vient de temps en temps des id'ees qui n’ont pas le sens commun: je d'esire quelquefois qu’il fasse contin-uellement la mauvaise saison afin que vous d'em'enagez plus promptement pour venir demeurer en ville et que j’aie le bonheur de vous voir tous les jours. Grondez-moi si vous voulez, Madame, mais sur ce point-l`a je suis 'ego"iste, et tr`es `ego"iste, et ce n’est pas tout-`a-fait sans raison. Il me semble que quand je suis pr`es de vous, mon existence est alors plus compl`ete, plus enti`ere, tandis que loin de vous je me crus priv'e d’une grande partie de moi-m^eme, et c’est la v'erit'e: mon coeur, mon ^ame, mes pens'ees, mon imagination sont constamment attach'es `a vos pas et semblent voltiger autour de votre image ador'ee. Tout ce qui constitue la meilleure partie de moi-m^eme est donc absorb'e dans vos perfections et que me reste-t-il? de la glace au lieu du coeur, un vide continuel dans l’esprit et dans l’^ame et une enveloppe grossi`ere qui tient `a mon origine terrestre.
Ah! Madame! ne me privez point de la seule consolation que j ’ai en vue en m’'eloignant de votre personne! 'ecrivez-moi aussi souvent que vous le pour-rez, 'ecrivez-moi de longues lettres afin que je puisse boire `a longs traits le plaisir de voir quelque chose qui 'emane de vous! Je sais que ma pri`ere est trop hardie, mais c’est `a un ange que je l’adresse et un ange ne se refuse jamais de consoler les pauvres humains. Que mon coeur battra avec force lorsque j’aurai `a attendre de vos nouvelles! Oh! je les porterai sur mon coeur, vos lettres, elles y feront revivre cette douce chaleur qui s’amortira par votre absence ou qui ira plut^ot se r'efl'echir dans vos yeux.
Chaque fois que j’ai le bonheur de vous voir, Madame, je reviens enc ore plus amoureux. La derni`ere fois surtout… oh! cette soir'ee se gravera dans ma m'emoire parmi les instants les plus heureux de ma vie. Je vous ai vu arranger de vos propres mains les oreillers du lit qui a 'et'e destin'e pour me recevoir; oh! avec quels transports j’imprimais des baisers sur ces mains incomparables! L’oserai-je dire… non! mon coeur est encore trop plein de ce bonheur et les plus belles expressions seraient froides et insuffisantes.
Puissiez-vous sentir, Madame, la moindre parcelle de ce que je sens pour vous! je serais encore le plus heureux des hommes comme j’en suis le plus amoureux.
Hier j ’ai attendu le colonel Noroff pour aller ensemble `a midi lui faire faire connaissance avec Monsieur et Md Ponomareff, mais il n’est venu que vers deux heures, de sorte que toute ma matin'ee a 'et'e manqu'ee. Nous avons parl'e de Md Ponomareff, je lui ai inspir'e le d'esir de la conna^itre, et comme il ne trouve pas convenable de venir diner `a la premi'ere visite, il m’a promis d’y venir demain vers 6 heures. Ensuite nous avons parl'e de la litt'erature russe et 'etrang`ere. Je lui ai pr^et'e 4 volumes de Parny pour lire. Il ne faut pas oublier de lui communiquer la note du meilleur commentaire de Dante. Le v oici: La Divina Comm 'edia di Dante Alighieri, col comento di G. Bignioti; 2 toms. Pari-gi, 1818, in 8. Presto Dondey Dupr'e in via S. Luigi, 10 c. 44. Il m’a promis de m’en faire venir un exemplaire de Paris. Vers trois heures le colonel est parti.
Apr `es 7 heures j’ai 'et'e `a l а Soci'et'e des Amis de Lettres, des Sciences et des Arts, au Palais St. Michel. Bulgarine nous a lu ses souvenirs de la guerre d’Espagne, qui sont tr`es int'eressants. Il peint avec beaucoup de feu le beau s`exe de ce pays, le climat, la nature. Apr`es lui Ostolopoff a lu le trait'e de la trag'edie, qu’il veut intercaler dans le Dictionnaire de la Po'esie ancienne et moderne. Bonne compilation, mais un peu trop d'etaill'e pour un article d’un grand ouvrage. A dix heures j’ai propos'e `a Izma"iloff d’aller faire ensemble une visite `a Pana"ieff que nous avons trouv'e plus souffrant que jamais. J’y suis rest'e jusqu’`a minuit et je suis rentr'e chez moi vers minuit et demi.
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