Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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Les soins prodigu'es `a Fant^omas avaient 'et'e d’autant plus efficaces, que par suite de l’aveugle ent^etement des d'etectives, qui croyaient `a l’innocence de Tom Bob, le supplice de la pendaison ne s’'etait trouv'e qu’`a moiti'e consomm'e.
Garrick, pr'ecipit'e dans le vide, avait b'en'efici'e d’une corde trop longue, qui lui permettait de toucher le sol avant d’avoir les reins rompus par la chute. Il avait en outre, au cours de la pendaison effectu'ee, impos'ee par la loi mais 'ecourt'ee le plus possible, pu respirer quand m^eme, gr^ace `a l’appareil `a s’enfoncer dans la gorge que lui avait remis le r'ev'erend William Hope.
Maintenant, Fant^omas qui b'en'eficiait d’une vigoureuse constitution et qui venait d’'echapper si miraculeusement `a la mort, revenait compl`etement `a la vie.
Il 'etait gu'eri, remis de l’effroyable secousse qu’il avait 'eprouv'ee… La circulation reprenait, normale, dans son corps.
D’ici peu Fant^omas serait sur pied, une fois de plus.
Mais Juve, d'ej`a, le consid'erait d’un oeil f'eroce, et croisant les bras, fixant de son regard percant le visage du monstre, il exigeait sur un ton comminatoire :
— Fant^omas, l’heure d'efinitive a sonn'e. Il va falloir parler. J’ai tenu ma promesse, moi. Voici lady Beltham, Fant^omas, dites o`u se trouve Fandor ?
Le sinistre bandit fit un effort p'enible pour se soulever sur sa couche, il esquissa une hideuse grimace :
— H'elas, murmura-t-il d’un ton accabl'e, je ne sais pas… je ne sais pas…
Certes Fant^omas prononcait ces paroles avec l’accent le plus sinc`ere, mais il avait l’impression, en consid'erant son adversaire qu’il ne parviendrait pas `a le convaincre.
Juve crispa sa l`evre, durement il d'eclara :
— C’est fini Fant^omas, plus de d'elai, plus de tr^eve. R'epondez. Vous avez cinq minutes pour me dire o`u se trouve Fandor et pour me le prouver. Si vous n’ob'eissez pas…
Fant^omas demanda :
— Si je n’ob'eis pas ?…
— Alors, d'eclara Juve r'esolument, je vous d'emasque l’un et l’autre… vous ^etes tous deux `a ma merci, je n’aurai pas de piti'e…
— Juve, Juve, suppliait lady Beltham, accordez-nous encore…
— J’ai d'ej`a trop attendu madame, j’ai trop pactis'e avec ma conscience. Que Fant^omas parle… il n’a plus que quatre minutes…
Ils se consid'er`erent atterr'es. Lady Beltham s’'etait laiss'ee choir sur le plancher de la pi`ece. Fant^omas dans un effort supr^eme de volont'e, s’efforcait de se redresser sur son lit, mais il 'etait encore trop faible, il retomba an'eanti.
— Fandor, balbutia-t-il, je ne sais pas o`u est Fandor…
Juve, tr`es p^ale consid'erait sa montre, comptait les secondes qui s’'ecoulaient…
Rompant le silence, un violent coup de sonnette retentit.
— Qui est-ce ? demanda lady Beltham, jetant sur Juve un regard fou.
— C’est la justice, madame… allez lui ouvrir…
— Juve… supplia encore lady Beltham…
Le policier avait donn'e ses ordres, la grande dame s’ex'ecuta.
— Une derni`ere fois, Fant^omas, insista Juve, voulez-vous, oui ou non, me dire o`u est Fandor ?…
Le bandit ne r'epondit point, mais ayant 'elev'e, `a la hauteur de ses l`evres, sa main droite `a l’annulaire de laquelle se trouvait une bague, il fit jouer avec ses dents un ressort… et absorba le liquide contenu dans le bijou…
Le mouvement avait 'et'e si pr'ecipit'e que Juve n’avait pu le pr'evenir.
Fant^omas eut un tressaillement par tout le corps, ses yeux s’illumin`erent d’une 'etrange lueur.
— C’est fini, Juve, d'eclara-t-il, vous avez triomph'e de Fant^omas et Fant^omas meurt ! Mais vous n’avez pas voulu croire `a sa parole, Juve, et vous avez eu tort…
Lady Beltham, revenue depuis quelques instants, avait vu le geste de Fant^omas. Elle comprenait que Juve avait 'et'e inflexible, et que son amant infortun'e avait pr'ef'er'e franchir le pas supr^eme plut^ot que de tomber aux mains de la justice.
Sans souci de ce qui pourrait advenir d’elle, lady Beltham se pr'ecipita sur le corps de son amant, couvrant ses l`evres de baisers d'esesp'er'es.
Devant Juve, cependant, s’'etait dress'e quelqu’un.
— Michel, s’'ecria le policier, en apercevant le nouveau venu…
C’'etait, en effet, Michel, le coll`egue de Juve, l’inspecteur de la S^uret'e parisienne qui, hors d’haleine, 'etait arriv'e jusqu’`a la maison isol'ee de Waterloo, dont il avait appris l’adresse par un pli cachet'e que Juve avait laiss'e pour lui `a son domicile.
— Juve, haletait Michel, j’ai pour vous une grande nouvelle, j’apporte une d'ep^eche. Une d'ep^eche de Fandor…
L’inspecteur tendait `a son ami un t'el'egramme tout froiss'e dont la suscription indiquait l’adresse de Juve `a Paris :
« Juve, sauvez-moi, je suis aux mains de Fant^omas et chaque jour qui passe je me perds, je me d'egrade, je me tue, venez, il le faut.
C’'etait sign'e « Fandor »…
Juve avait lu tout haut et, Fant^omas avait entendu les mots extraordinaires qu’articulait le policier.
R'eagissant encore contre la torpeur morbide qui l’envahissait, le sinistre bandit, s’arrachant aux 'etreintes passionn'ees de lady Beltham, hurla :
— Juve, d’o`u vient ce t'el'egramme ? Fandor aux mains de Fant^omas, c’est impossible, ou plut^ot si, je vais comprendre, je vais savoir… dites… d’o`u vient ce t'el'egramme ?…
— De Pretoria… du Transvaal… ce t'el'egramme vient d’Afrique du Sud…
Et Fant^omas eut un rire d’hallucin'e. Il articula p'eniblement, cependant que son regard peu `a peu se r'evulsait :