La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Fant^omas, vous ^etes Fant^omas.
L’'etranger sourit :
— Parfaitement, dit-il : Fant^omas, je suis Fant^omas. C’est quelqu’un, n’est-ce pas, Fant^omas ? J’ai tenu parole, Laetitia ? On sait qui je suis dans le monde.
La vieille femme, d’un signe de t^ete approuva : La bonne Laetitia rassembla suffisamment de force pour demander au Ma^itre de l’'Epouvante :
— Que voulez-vous ? que me voulez-vous ?
Fant^omas se prit `a rire :
— Je viens, dit-il simplement, vous r'eclamer ma fille, Laetitia, ma petite fille, que je vous ai confi'ee il y a bien quatorze ans de cela. O`u est-elle ? Rendez-la-moi. Je n’ai plus d’autre but dans l’existence que de la rendre heureuse.
La vieille femme ne r'epondit pas. Elle r'efl'echissait, 'eperdue.
Fant^omas, brutalement, la rappela `a la r'ealit'e des choses :
— Allons, ordonna-t-il, quand vous aurez fini, vieille femme, de r'efl'echir ainsi, vous songerez peut-^etre que je vous attends ? et que je suis impatient ? O`u est ma fille ?
La vieille Laetitia enfin se d'ecida `a desserrer les l`evres. Et c’est d’une voix tremblante, d’une voix cass'ee, discordante, qu’elle r'epondit :
— Votre fille, Fant^omas ? je ne sais pas o`u elle est. Je ne sais pas, m^eme, si elle est morte ou si elle est vivante.
Laetitia n’en dit pas plus.
`A peine avait-elle articul'e ces mots, que Fant^omas, soudain s’'etait lev'e, s’'etait pr'ecipit'e vers elle. Maintenant il la tenait aux 'epaules, il l’'etreignait, la secouait :
— Tu mens, tu ne sais pas si elle est morte ou vivante ? Ah ! Laetitia, prends garde. Ne dis pas de pareilles choses. Tu ne sais pas ce qu’il en co^ute `a vouloir me tromper.
Mais il semblait que l’attaque brutale de Fant^omas ait eu pour premier r'esultat de rappeler Laetitia `a une parfaite ma^itrise d’elle-m^eme :
La vieille femme, maintenant, 'etait `a nouveau pr^ete `a la lutte.
Comme elle avait r'esist'e `a Hans Elders, elle tenterait de r'esister `a Fant^omas.
— Je ne mens pas, je ne sais pas o`u est ta fille. 'Ecoute, ma^itre, roi du crime, je n’oserai pas te mentir `a toi. Et si tu me demandes quelque chose, un renseignement, une indication, cette indication, ce renseignement, il n’y a qu’un homme au monde qui puisse te le donner.
— Qui ?
— Hans Elders.
— Pourquoi ?
— Parce que ton lieutenant est seul `a avoir pu te trahir. Seul `a avoir pu s’emparer de ton enfant. Non, ne dis pas non. Fant^omas, je te jure que c’est vrai, et je te jure aussi que si j’ai perdu ta fille, si ta fille n’est plus avec moi, si je ne puis pas te rendre ce d'ep^ot, il n’y a pas de ma faute. C’est Hans Elders qui a voulu ^etre le ma^itre de ton enfant afin de pouvoir t’imposer sa loi, qui a d^u voler cet enfant.
— Mais quand l’aurait-il vol'e ?
— Il y a tr`es longtemps. Je ne sais plus combien d’ann'ees.
Fant^omas, rageusement, se promenait maintenant dans la grande pi`ece.
— Laetitia, reprit-il, tu ne mens pas ? tu me jures que tu ne sais pas ce qu’H'el`ene est devenue ?
— Je te le jure.
— Que tu ne vois pas qui, en dehors de Hans Elders, pourrait me renseigner ?
— Je te le jure encore.
— Ma fille, ce n’est pas Winifred ?
— Winifred ?
— Oui, H'el`ene n’est pas devenue Winifred ?…
— Non ! mon Dieu non.
— Et ton fils ? cet enfant que tu 'el`eves ? Teddy ne se doute pas non plus de ce qu’est devenue H'el`ene ?
— J’ai recueilli Teddy apr`es le d'epart d’H'el`ene.
Pendant quelques instants Fant^omas continuait sa promenade de fauve pris `a un pi`ege.
Il marchait d’un pas saccad'e, nerveux, tortur'e. Il tenait `a la main une cravache, dont `a la vol'ee il brisait la hampe sur les meubles.
On le sentait pris d’un d'esir de destruction, d’un besoin de massacre, d’une rage d’an'eantissement.
Et soudain Fant^omas, brusquement, s’arr^eta :
Il 'etait maintenant en face de Laetitia, pr`es d’elle, `a la fr^oler…
De nouveau il la prit par les 'epaules, il la secoua :
— Laetitia, Laetitia, comment crois-tu que je vais te punir ? comment crois-tu que je vais me venger pour ton 'epouvantable l'eg`eret'e ? Comment crois-tu que Fant^omas va te faire payer la douleur que tu lui imposes ?
— Je suis innocente.
— Non, tu n’es pas innocente et rien ne peut excuser ta faute, dont les cons'equences risquent d’^etre irr'eparables. Comment ! je t’avais confi'e ma fille, mon enfant, ma petite H'el`ene, avant de partir `a la conqu^ete du monde. Et tu m’annonces froidement aujourd’hui que cette enfant a disparu, que tu ne peux pas me la rendre. Laetitia, tu m’annonces cela alors qu’apr`es dix ann'ees de lutte, dix ann'ees de dangers, dix ann'ees d’horreur, je suis devenu, moi, le pauvre bougre d’alors, le Roi du meurtre, le Ma^itre de la Mort, le Crime Insaisissable. Et tu t’imagines que je te crois ? Et tu t’imagines qu’il va te suffire de me r'epondre :
Laetitia ne r'epondit rien, elle 'etait plus morte que vive…
— 'Ecoute, reprit Fant^omas, d’une voix encore plus grave, en pesant sur les mots d’une facon encore plus imp'erieuse, tu vas me dire o`u est H'el`ene ?
— Mais je ne le sais pas.
— Ou tu vas mourir au milieu d’abominables tortures…
— Tue-moi, Fant^omas, torture-moi si tu veux. J’ignore o`u est ta fille.
***
Quel 'etait donc le secret que d'etenaient `a la fois Laetitia, Hans Elders et Fant^omas ?