Чтение онлайн

на главную - закладки

Жанры

La main coup?e (Отрезанная рука)
Шрифт:

— J’ai cru prudent, d'eclara-t-il, de t'el'ephoner au commissariat et de convoquer d’urgence deux inspecteurs, ils vont ^etre ici d’un instant `a l’autre et peut-^etre qu’ils nous seront utiles.

— Vous avez bien fait, il sera bon de les mettre en surveillance dans le jardin, au rez-de-chauss'ee, pendant que nous proc'ederons `a nos constatations au premier 'etage. Il va falloir faire une enqu^ete assez serr'ee, monsieur le commissaire, sur le d'ec`es subit, mais encore inexpliqu'e, de cette malheureuse.

— Qu’a-t-il donc pu lui arriver ?

— Il est arriv'e, fit Juve, qu’elle est morte.

— Je vois bien, r'epliqua le commissaire, mais est-ce que c’est une mort naturelle ?

— Toutes les morts sont naturelles, et celle-l`a est une mort subite.

— Vous disiez tout `a l’heure qu’elle avait 'et'e assassin'ee ?

— C’est exact. J’ai la conviction qu’elle a 'et'e assassin'ee.

— Monsieur Juve, monsieur Juve, d'eclara le commissaire, de plus en plus 'etonn'e, vous parlez par 'enigmes. Si Isabelle de Guerray est morte naturellement, elle n’a pas 'et'e assassin'ee. Si elle est victime d’un meurtre, elle n’est pas d'ec'ed'ee de facon normale.

— C’est `a savoir, fit Juve 'enigmatiquement. Il se peut fort bien que son assassin l’ait fait mourir d’une mort naturelle et que cette mort, il l’ait cependant d'etermin'ee.

M. Amizou se laissait choir dans un fauteuil, sans s’inqui'eter d’ailleurs de la proximit'e du cadavre :

— Je ne comprends plus du tout, fit-il, je ne vois pas ce qui a pu se passer.

— Il n’est pas n'ecessaire, sourit Juve, que vous deviniez, monsieur le commissaire, puisque je suis pr'ecis'ement l`a pour cela. Je vous demande simplement de me pr^eter quelques minutes d’attention.

— Je vous 'ecoute. Juve commenca :

— Vous remarquerez, monsieur le commissaire, qu’Isabelle de Guerray est assise, et cela dans une position tr`es normale pour quelqu’un qui veut rester assis `a se reposer, mais ce n’est pas la pose de quelqu’un qui dort. Vous remarquerez en outre que les traits, les chairs ne pr'esentent aucune trace de d'ecomposition comme peut en d'eterminer, m^eme au bout de quelques secondes l’absorption d’un poison violent. Vous remarquerez, d’autre part, que ses yeux et ses l`evres sont un peu congestionn'es, la bouche est entr’ouverte, la langue 'epaisse.

C’est la langue de quelqu’un qui a 'et'e suffoqu'e brusquement, qui est mort comme par suite d’un arr^et du coeur. Le coeur vous le savez, s’arr^ete quelquefois, se d'echire m^eme, se rompt sous le coup de l’'emotion violente, soudaine ou prolong'ee. Nous n’avons pas encore d'ev^etu le cadavre pour nous rendre compte s’il porte quelque trace de blessure, mais j’en doute. Une balle de revolver, un coup de poignard auraient d'etermin'e une effusion de sang. Vu la finesse et la l'eg`eret'e de ces v^etements, le sang aurait pass'e au travers. Remarquez en outre, monsieur le commissaire, qu’Isabelle de Guerray est plac'ee dans un angle de son cabinet, non loin de son appareil `a douches, que d’autre part, non seulement le sol est mouill'e, mais encore que son jupon est tremp'e d’eau.

— Que concluez-vous, monsieur, mais que concluez-vous ?

— Je ne conclus pas, reprit Juve, je constate.

Le policier ajoutait :

— Remarquez encore, monsieur Amizou, qu’`a la hauteur des coudes les dentelles du peignoir sont froiss'ees comme si elles avaient 'et'e comprim'ees, serr'ees, comme si, par exemple, on avait attach'e les bras au dossier de la chaise, non pas avec une ficelle ou une corde, mais avec quelque chose de souple, de doux et de r'esistant et de plat. Une lani`ere, un morceau d’'etoffe peut-^etre.

Juve se penchait et, sous la chaise, trouva quelque chose qu’il montra triomphant au commissaire abasourdi :

— Voyez, je ne me trompais pas. Voici un morceau de ruban. Il est vraisemblable qu’Isabelle de Guerray a d^u ^etre ligot'ee avec des rubans dont ce morceau nous reste comme pi`ece `a conviction. Une fois morte elle aura 'et'e d'eli'ee par son assassin. Oh, oh, continua Juve, voici qui me confirme dans cette opinion.

Le policier qui regardait les jambes nues de la demi-mondaine, avait remarqu'e qu’au dessus des chevilles, la peau blanche et nette portait des traces de pression, presque de meurtrissures.

— Je comprends de mieux en mieux.

— Eh bien, pas moi, lui r'epondit M. Amizou. Je vous avoue que je ne vois pas du tout comment on a tu'e cette pauvre Isabelle.

Juve `a ce moment venait de monter sur une chaise, d'eployait un des tuyaux mobiles de la douche.

— Elle est morte de peur… voil`a tout, dit-il… Voyez plut^ot, ses cheveux qui bouffent d’ordinaire sont aplatis sur les tempes, on lui a mis un bandeau sur les yeux.

`A ce moment, on appela M. Amizou :

— Ce sont mes inspecteurs qui arrivent, que faut-il faire ?

— Dites-leur qu’ils surveillent le rez-de-chauss'ee, le jardin, qu’ils s’efforcent de relever les traces suspectes, s’il s’en trouve, des traces de pas notamment.

Par la fen^etre, le commissaire transmit ces instructions `a ses subordonn'es.

Mais comme il se retournait, il ne put retenir un mouvement d’effroi.

Le policier 'etait-il subitement devenu fou ?

Apr`es avoir avanc'e et recul'e un des tuyaux mobiles de la douche plac'e pour ainsi dire au-dessus de la t^ete d’Isabelle de Guerray, voici qu’il venait d’ouvrir un robinet, de l’entrouvrir plut^ot : l’eau coulait ti`ede et goutte `a goutte. Elle tombait r'eguli`erement, exactement sur l’avant-bras droit de la demi-mondaine. L’eau glissait dans la paume de la main, filtrait `a travers les doigts 'ecart'es, puis se perdait dans les plis du jupon d'ej`a satur'e et venait se r'epandre sur le parquet :

— Voil`a, dit Juve, voil`a ce qui s’est pass'e. On a fait mourir de peur Isabelle de Guerray en la persuadant qu’elle perdait son sang.

Le commissaire ouvrit des yeux stup'efaits.

— Vous n’ignorez pas, monsieur le commissaire, expliqua Juve, qu’il est arriv'e que l’on fasse mourir de peur une personne plong'ee dans un bain et dont les yeux 'etaient band'es, en la persuadant, par exemple, qu’on venait de lui ouvrir les veines. Ces gens, peu `a peu, lorsqu’ils sont convaincus qu’on ne leur a pas menti, se sentent lentement d'ep'erir, s’affaiblissent, et lorsqu’il s’est 'ecoul'e un temps normal pour que tout leur sang se soit r'epandu, il arrive fr'equemment que leur 'emotion soit telle que leur coeur s’arr^ete et qu’ils meurent. On meurt de peur et le plus facilement du monde… L’assassin d’Isabelle de Guerray, croyez-le, n’a pas voulu – pour des raisons que j’ignore – tuer brutalement sa victime, mais il l’a ligot'ee, il lui a assur'e qu’il lui ouvrait une veine. Il a laiss'e couler sur cet avant-bras des gouttes d’eau ti`ede. Ces gouttes, peu `a peu, ont humect'e le jupon de la malheureuse. Elle a senti son v^etement se saturer d’un liquide qu’elle prenait pour son sang. Son 'emotion s’est accrue et le moment est arriv'e o`u elle est morte, eh oui, morte de peur.

Поделиться:
Популярные книги

Вы не прошли собеседование

Олешкевич Надежда
1. Укротить миллионера
Любовные романы:
короткие любовные романы
5.00
рейтинг книги
Вы не прошли собеседование

Сумеречный Стрелок 10

Карелин Сергей Витальевич
10. Сумеречный стрелок
Фантастика:
рпг
аниме
фэнтези
5.00
рейтинг книги
Сумеречный Стрелок 10

Вечный. Книга III

Рокотов Алексей
3. Вечный
Фантастика:
фэнтези
попаданцы
рпг
5.00
рейтинг книги
Вечный. Книга III

Vivuszero

Таттар Илья
Старинная литература:
прочая старинная литература
5.00
рейтинг книги
Vivuszero

Эволюционер из трущоб. Том 5

Панарин Антон
5. Эволюционер из трущоб
Фантастика:
попаданцы
аниме
фэнтези
фантастика: прочее
5.00
рейтинг книги
Эволюционер из трущоб. Том 5

Черный Маг Императора 7 (CИ)

Герда Александр
7. Черный маг императора
Фантастика:
фэнтези
попаданцы
5.00
рейтинг книги
Черный Маг Императора 7 (CИ)

Гоблины: Жребий брошен. Сизифов труд. Пиррова победа (сборник)

Константинов Андрей Дмитриевич
Детективы:
полицейские детективы
5.00
рейтинг книги
Гоблины: Жребий брошен. Сизифов труд. Пиррова победа (сборник)

Комендант некромантской общаги 2

Леденцовская Анна
2. Мир
Фантастика:
юмористическая фантастика
7.77
рейтинг книги
Комендант некромантской общаги 2

Кодекс Крови. Книга ХII

Борзых М.
12. РОС: Кодекс Крови
Фантастика:
боевая фантастика
попаданцы
5.00
рейтинг книги
Кодекс Крови. Книга ХII

Кротовский, вы сдурели

Парсиев Дмитрий
4. РОС: Изнанка Империи
Фантастика:
попаданцы
альтернативная история
рпг
5.00
рейтинг книги
Кротовский, вы сдурели

Циклопы. Тетралогия

Обухова Оксана Николаевна
Фантастика:
детективная фантастика
6.40
рейтинг книги
Циклопы. Тетралогия

Город Богов 3

Парсиев Дмитрий
3. Профсоюз водителей грузовых драконов
Фантастика:
юмористическое фэнтези
городское фэнтези
попаданцы
5.00
рейтинг книги
Город Богов 3

Николай I Освободитель. Книга 2

Савинков Андрей Николаевич
2. Николай I
Фантастика:
героическая фантастика
альтернативная история
5.00
рейтинг книги
Николай I Освободитель. Книга 2

Таня Гроттер и магический контрабас

Емец Дмитрий Александрович
1. Таня Гроттер
Фантастика:
фэнтези
8.52
рейтинг книги
Таня Гроттер и магический контрабас