Франция: Общественно-политические реалии
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Deuxi`eme 'evidence : il ne faut donc en aucun cas rendre plus difficile l'acc`es `a l'universit'e, et le pacte qui fait du baccalaur'eat le ticket d'entr'ee doit naturellement ^etre sauvegard'e.
Troisi`erne_'evidence : la s'election en cours d''etudes doit ^etre stricte, et rien ne serait plus dommageable `a tous que de d'evaloriser les dipl^omes par une formation au rabais. Le probl`eme n'est donc pas de les rendre plus faciles. Il est d'une part de mieux pr'eparer les 'etudiants `a en affronter les 'epreuves. Il est d'autre part de faire en sorte que ceux qui 'echoueront n'aient pas perdu leur temps.
Quatri`eme 'evidence : il faut orienter les 'etudiants d'une double mani`ere. `A l'entr'ee `a l'universit'e, par l'information exclusivement, non pas en leur fermant des portes mais en leur faisant conna^itre les d'ebouch'es existant dans chacune des fili`eres, parce que eux-m^emes sont assez conscients pour n'emprunter les voies les plus 'etroites qu'en en mesurant les risques. En cours d''etudes ensuite, en leur offrant des perspectives leur permettant de rentabiliser ce qu'ils ont d'ej`a fait, pendant une ann'ee, ou deux, ou trois, au moment o`u un 'echec leur interdit d'aller plus avant dans la voie qu'ils avaient prioritairement choisie, ou encore au moment o`u ils d'ecouvrent s'^etre tromp'es de voie.
Cinqui`eme 'evidence : mettre en avant l'id'ee de cette orientation sans avoir pr'ealablement cr'e'e les fili`eres qui lui sont n'ecessaires rel`eve de la plus parfaite hypocrisie, n'orienterait que vers le vide et n'engendrerait que des orphelins de toute formation.
8. Service public C'est avant tout le service du public. Les activit'es qu'il lui revient de prendre en charge sont de celles que seule la collectivit'e peut assumer dans des conditions qui satisfassent aux exigences d''egalit'e, de continuit'e et d'adaptation.
Initialement limit'e aux t^aches qu'il n''etait pas possible d'abandonner `a l'initiative priv'ee et `a ses r`egles (d'efense, police, justice, monnaie...) il s'est peu `a peu 'etendu `a des activit'es qu'on ne jugeait pas souhaitable de laisser entre les mains du priv'e. De ce fait, on est pass'e de l'indiscutable au discutable, du constat `a l'appr'eciation, et la comparaison avec les solutions 'etrang`eres montre bien que plusieurs r'eponses sont concevables.
Toutes les positions interm'ediaires sont imaginables, entre le collectivisme absolu — tout est service public — et le lib'eralisme dogmatique — seuls sont services publics ceux que l'int'er^et du priv'e lui-m^eme exclut qu'il les prenne en charge, soit parce qu'ils ne sont pas rentables, soit parce qu'il faut bien qu'existe une autorit'e garante de l'ordre social.
G'en'eralement, les pays d'Europe ont des services publics tr`es 'etoff'es. La diff'erence entre eux tient moins au nombre ou `a l'importance qu'au niveau auquel ils sont g'er'es (central ou d'ecentralis'e) ainsi qu'`a la situation faite au personnel (statut ou contrat de travail ordinaire).
Pour la France, il est de bon ton, depuis quelques ann'ees, de se gausser du service public, de ses lourdeurs, de ses dysfonctionnements, tout comme il est de bon ton de railler les fonctionnaires, ces
Pourtant, c'est bien souvent gr^ace au service public que des performances notables ont 'et'e accomplies. Soit directement, lorsque par exemple le branchement d'une ligne t'el'ephonique est d'esormais quasi imm'ediat ou que le trafic ferroviaire permet d'acheminer `a peu pr`es n'importe quoi en n'importe quel lieu du territoire. Soit indirectement, lorsque l'existence du service public permet au priv'e de profiter de ses prestations et, en cons'equence, de se consacrer `a ses propres missions.
9. Etat. Tout lui fut imput'e, succ`es comme 'echecs, et les seconds surtout car il est bien connu que provoque moins de bruit le plaisir d'une r'eussite que le d'esagr'ement d'une faillite. Nous disposons en effet d'un appareil public d'une conception vieillie. La puissance publique reste `a peu pr`es celle de l''Etat napol'eonien, le service public reste `a peu pr`es celui de l''Etat-providence quand l'un et l'autre ont 'et'e mis `a mal. Rien de cela n'est plus adapt'e au monde actuel, moins encore `a celui de demain : l'ouverture des fronti`eres, le d'eveloppement d'une soci'et'e de communication, sont radicalement incompatibles avec toutes les formes de monopole, qu'il s'agisse de monopoles 'economiques ou m^eme du monopole de d'efinition de l'int'er^et g'en'eral.
Aussi l'Etat doit-il ^etre r'eorganis'e profond'ement, avec comme objectifs 'evidents ceux de la justice et de l'efficacit'e. Reconstituer le lien social, d'efinir des politiques publiques qui servent de r'ef'erence `a tous et qui soient mesur'ees pour pr'eserver les chances de chacun, voil`a qui n'est simple qu'`a dire. Mais si la r'enovation de l''Etat ne peut ^etre le centre de tout projet futur, elle doit ^etre au centre de tout projet futur.
Passer de l''Etat producteur `a l''Etat r'egulateur, de l''Etat tut'elaire `a l''Etat-vigie, de l''Etat puissance `a l''Etat acteur, se heurtera `a bien des r'esistances. D'abord r'efl'echir `a l''etendue et aux contours de ce que doivent ^etre les missions publiques. Substituer progressivement `a la gestion directe l'intervention, `a l'intervention l'incitation, `a l'incitation la r'egulation, au fur et `a mesure que les acteurs sociaux, 'economiques et culturels se r'ev`elent aptes `a se saisir des t^aches d'int'er^et collectif. Puis envisager pour l'action de l''Etat un d'ebut et une fin, de sorte qu'il sache quand ses interventions doivent cesser dans un domaine pour se reporter sur un autre, et ^etre guid'e par la n'ecessit'e plus que par l'habitude.
`A cet 'Etat r'egulateur, qui ne tenterait pas de tout faire par lui-m^eme, trois missions essentielles sont assign'ees : assurer les s'ecurit'es de base par une solidarit'e active (libert'es, sant'e, retraites...); pr'evenir ou r'eduire les d'es'equilibres 'economiques ; entretenir les moyens de pr'eparer l'avenir (formation, recherche, principalement).
L''Etat-vigie se diff'erencie de l''Etat tut'elaire par la conception m^eme de ses rapports avec les citoyens. Il est de la logique de toute institution, surtout quand elle a pris les dimensions de notre administration, de perdre la conscience de l'int'er^et en vue duquel elle a 'et'e cr'e'ee, pour y substituer ses propres int'er^ets, ses propres logiques, ses propres pesanteurs.