Франция: Общественно-политические реалии
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Mais l'accroissement consid'erable des d'epenses de sant'e ne tient pas seulement `a la demande, nouvelle ou r'enov'ee ; elle tient aussi `a l'offre, et particuli`erement au r^ole grandissant des 'etablissements hospitaliers.
L'extension de l'assurance maladie a permis d'assurer `a toute la population un v'eritable droit aux soins. C'est un progr`es social essentiel que celui qui a fait passer de 29 millions en 1955 `a 53 millions aujourd'hui le nombre de personnes couvertes par cette assurance. Mais on ne saurait s''etonner de ce qu'il contribue, dans une proportion difficile `a appr'ecier, `a accro^itre la consommation m'edicale.
14. Idйologies. «Ensemble d'id'ees, d'opinions, constituant une doctrine
Or aucune exp'erience ne permet d'enregistrer une harmonie naturelle ni entre individus ni entre 'Etats. Les rapports naturels sont des rapports de force, les relations spontan'ees sont de domination. Force est de constater que la libert'e de chacun s'accommode mal de celle d'autrui.
`A l''evidence, l'homme a besoin de r^eve pour soutenir son action, tout comme les peuples pour conserver leur coh'esion. Mais il est n'ecessaire d''equilibrer l''elan du r^eve dans une architecture sociale pour d'efier l'aspect destructeur qu'il charrie immanquablement.
L'homme aspire `a la libert'e, mais sa libert'e ne se concoit que par rapport `a un cadre. Il lui faut des bornes pour qu'elle puisse s'appr'ehender comme telle, sans quoi elle n'est que d'esorganisation et anarchie, sans quoi triomphe la loi du plus fort.
Imputer `a la propri'et'e priv'ee la responsabilit'e de la violence, c'est inverser la relation de causalit'e. La propri'et'e priv'ee est un instrument puissant de cette violence, son levier d'action, mais non sa cause. La m^eme perversion intellectuelle conduit `a accuser la planification d'amoindrir l'esprit de solidarit'e, `a faire croire que les 'ego"ismes individuels sont exacerb'es car accul'es `a lutter contre des organisations qui broient la personne, alors que c'est l'oubli de la violence des hommes qui conduit le syst`eme `a devenir autoritaire pour les rendre bons, ce qui `a l''evidence ne marche pas.
La conclusion est limpide : le mal `a ^etre ne peut se r'eduire aux insuffisances de l'avoir. Et l'organisation sociale sera d'autant moins oppressive que, prenant l'homme tel qu'il est pour le conduire seulement `a respecter ses semblables, elle ne pr'etendra point le faconner `a l'image d'un projet mythique.
15. Mode de scrutin. Il est des moments dans la vie o`u chacun fait des choix. Les criit`eres peuvent en ^etre l'efficacit'e, le go^ut, l'opportunit'e ou bien d'autres encore. Mais il est un mobile qui domine tous les autres — au point que ce qu'il dicte rel`eve `a peine d'un choix —, c'est la fid'elit'e `a des principes.
La France est confront'ee `a l'un des d'efis les plus grands d'une histoire qui, pourtant, n'en fut jamais avare. Pour relever ce d'efi, notre pays a en tout cas besoin de fermet'e dans sa conduite. Cela peut n'^etre pas suffisant, nul ne doute que ce soit n'ecessaire.
«C'est au pouvoir, d`es lors, qu'il faut une stabilit'e sans laquelle aucune efficacit'e n'est possible. Et s'il est souhaitable — ou plut^ot parce qu'il est souhaitable — que puissent ^etre domin'es des clivages trop tranch'es, cela doit ^etre dans la clart'e. Aucune r'eforme du mode de scrutin n'abolira les rapports de force. Mieux vaut donc les conna^itre et rechercher des compromis plut^ot que de les obscurcir ou d'en nier l'existence.Le syst`eme majoritaire est trop brutal, le syst`eme proportionnel est trop dangereux.
« II est certain que le mode de scrutin actuel, s'il a permis la modernisation des institutions francaises, a eu un prix et qu'il est lourd. Il crispe les affrontements et leur fait perdre leur substance : l'e d'ebat d'opinions n'a plus droit de cit'e, on ne juge pas les id'ees mais ceux qui les 'emettent, les hommes politiques sont d'esormais les seuls auxquels sont interdites les propositions originales qui, pour ^etre prises en consid'eration, doivent 'emaner de personnes r'eput'ees neutres.
«Le peuple, tout d'abord, n'est plus ma^itre des choix d'ecisifs. Qu'il s'agisse de l'homme par lequel l''electeur souhaite ^etre repr'esent'e : il sera impos'e par l'ordre de la liste. Qu'il s'agisse du lien personnel qui unit le citoyen `a son 'elu : on le verra_dissous ou distendu faute d'un ressort g'eographique suffisamment restreint. Qu'il s'agisse surtout du choix entre des projets politiques clairement d'efinis : s'y substituera le choix entre des options que les candidats s'attacheront `a rendre aussi vagues que possible.
«II y a tout `a craindre d'un mouvement paradoxal de surench`eres avant le vote, ouvrant sur tous les compromis apr`es. Dans le r'egime actuel, les dirigeants de l'opposition n'ont gu`ere de motifs de m'enager l'extr^eme droite, dont ils attendent — sans avoir 'et'e d'ecus jusqu'ici — qu'elle leur apportera, bon gr'e mal gr'e, ses voix au second tour. `A la proportionnelle au contraire, le pr'esident du RPR, par exemple, aura dramatiquement besoin des suffrages qui se portent vers le Front national. Est-il absurde de penser qu'il ne pourra les attirer qu'en empruntant certains de ses th`emes, une partie de son discours ? Qui peut garantir d'ailleurs que les socialistes ne soient pas contraints d'agir de m^eme en direction des communistes ? De sorte que ce qui est suppos'e rapprocher pourrait en fait approfondir les divisions, durcir les oppositions, nul, jamais, ne voulant laisser le champ libre `a son voisin le plus direct.
Ce mode de scrutin, surtout, risque fort de fragiliser l'ex'ecutif, ce dont nous avons le moins besoin. De deux choses l'une, en effet : ou la r'eforme ne change rien, la droite ou la gauche a `a elle seule la majorit'e absolue, survit alors la bipolarisation `a laquelle il s'agit de mettre fin. Ou, au contraire, il n'est de majorit'e que de coalition. Dans ce cas, le gouvernement devra son existence aux seuls groupes parlementaires qui le soutiendront, plus pr'ecis'ement `a leurs chefs, qui pourront le renverser `a tout moment, quitte `a reformer un nouveau cabinet avec les m^emes forces mais quelques autres hommes.