Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Le notaire se rendait compte qu’il n’y avait pas moyen de nier, que Fant^omas comprenait ce qui s’'etait pass'e, et qu’il savait la v'erit'e… la v'erit'e tout enti`ere !
Et d`es lors il tomba `a genoux, terrifi'e, devinant qu’il allait subir la vengeance du Ma^itre de l’effroi, et que cette vengeance allait ^etre terrible.
— Gr^ace !… commenca-t-il encore, 'epargne-moi, Fant^omas ! et je te jure que je serai toujours d'evou'e `a ta cause !…
Le bandit haussa les 'epaules.
— Un homme comme moi, fit-il, n’a que faire d’un poltron de ton esp`ece, qui se sauve l^achement lorsqu’il rencontre un adversaire ! Tu n’es bon `a rien mon garcon, m^eme pas `a faire un notaire voleur !
— Fant^omas !… Fant^omas !… hurla Gauvin, qui se tordait sur le sol rocailleux, comme un ver, que va-t-il m’advenir ? Qu’allez-vous faire de moi ?
Le G'enie du crime d'edaignait de r'epondre `a sa future victime.
Fant^omas se tourna vers le Bedeau et dit :
— Une balle de revolver vaut trop cher pour qu’on en perde une dans la cervelle de cet imb'ecile !
» Je ne daigne m^eme pas y toucher, tant il est indigne. Le Bedeau, fais ce que je t’ai dit ! Qu’il p'erisse par la corde, comme les plus inf^ames et les plus vils malfaiteurs !
D`es lors, Gauvin tombait `a la renverse, projet'e en arri`ere par le Bedeau, dont la main brutale s’'etait appesantie sur son 'epaule.
L’infortun'e notaire voulut crier : sa gorge ne put laisser 'echapper un seul son…
Gauvin suffoquait brusquement. Avec une habilet'e de bourreau, merveilleusement exerc'e, le Bedeau avait pass'e autour du cou du malheureux Gauvin un solide noeud coulant fait avec une grosse corde, et d`es lors, un pied pos'e sur sa poitrine et s’arc-boutant, le Bedeau serrait !
Gauvin, tout d’abord, essayait de lutter, de r'esister `a la mort, qui le prenait `a la gorge.
Un flot de sang afflua `a son cerveau, troubla sa vue, sa langue sortit toute rouge hors de sa bouche.
Il eut quelques convulsions, puis il retomba inerte.
Fant^omas consid'erait ce spectacle horrible d’un oeil calme et tranquille.
— Est-il mort ? demanda-t-il au Bedeau.
— Pas encore, patron ! fit l’apache.
— Je l’esp`ere bien, d'eclara Fant^omas en ricanant… Ce serait aller trop vite en besogne. Desserre-lui sa cravate de chanvre, mon ami, redonne-lui de l’air !
Le Bedeau ob'eissait, l^achait le noeud coulant ; un mouvement machinal de sa poitrine ramena dans les poumons de Gauvin une large bouff'ee d’air pur.
Les yeux `a demi clos du malheureux s’ouvrirent, il put respirer, il reprenait ses sens, il balbutia :
— Tu me pardonnes, Fant^omas ? Tu me laisses vivre ?
Le bandit se penchait vers Gauvin.
Son visage 'etait transfigur'e, tant il avait une expression hideuse et f'eroce.
— Te laisser vivre, dit-il, jamais ! Je veux que tu souffres, avant d’avoir la paix 'eternelle ! Je veux te torturer, te martyriser, jusqu’`a ce que ma col`ere soit pass'ee, que j’aie fait, moi aussi, mon deuil de cette fortune que je convoitais, et que j’esp'erais poss'eder d`es ce soir !
Assur'ement, le G'enie du crime 'etait expert dans l’art de torturer ses victimes, mais jamais, jusqu’alors, il n’avait d'eploy'e tant de science et de cruaut'e pour mettre `a mort l’un de ces malheureux !
L’agonie de Gauvin durait deux heures, deux longues heures, pendant lesquelles il 'etait quinze fois 'etrangl'e, et quinze fois rappel'e `a la vie !
Enfin, `a la quinzi`eme fois, lorsque le Bedeau eut rel^ach'e le noeud coulant de chanvre, Gauvin demeura inerte, immobile sur le sol…
— Cette fois, d'eclara l’apache, je crois qu’il a tourn'e de l’oeil pour de bon !
Et le Bedeau consid'erait Fant^omas l'eg`erement inquiet, `a l’id'ee que peut-^etre le Ma^itre allait estimer que sa malheureuse victime n’avait pas suffisamment souffert.
Fant^omas s’approchait. Il consid'erait longuement le mort, puis avec un air m'eprisant il articula :
— L’imb'ecile !
Telle fut l’oraison fun`ebre du notaire Gauvin…
Le Bedeau cependant interrogeait :
— Que va-t-on faire du cadavre ?
— Il t’appartient ! d'eclara le G'enie du crime.
Le Bedeau d`es lors fouillait les poches, avec une rapacit'e, une voracit'e de fauve s’acharnant sur sa proie.
Il en extrayait une montre, quelque menue monnaie, puis, le repoussant du pied, l’envoyait rouler dans le torrent.
Fant^omas d'ej`a quittait le souterrain, la cuve devenue tragique de Sassenage.
Le Bedeau, suivant son ma^itre, se glissa derri`ere lui par le petit orifice, qui acc'edait `a la sortie…
Les premiers rayons du jour se levaient lentement 'eclaircissant l’horizon, que Juve et Fandor 'etaient encore en t^ete `a t^ete, dans le cabinet en d'esordre du notaire Gauvin.
Ils avaient caus'e toute la nuit, ils s’'etaient expliqu'e l’un et l’autre sur les diverses aventures, qui leur 'etaient respectivement survenues.
Fandor cependant rayonnait :
— Juve, Juve, r'ep'etait-il `a chaque instant, qu’il me tarde d’^etre au lever du jour et de pouvoir embrasser ma m`ere. Juve quand partons-nous pour aller la trouver ?