Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Les deux gardiens de ce prisonnier, c’'etaient Fant^omas et le Bedeau ; le prisonnier ligot'e n’'etait autre que Gauvin, le notaire.
Au bout d’une vingtaine de minutes, le v'ehicule qui avait ralenti sa marche, car il montait une rampe fort abrupte, s’arr^eta sur le bord du chemin.
— Allons ! ordonna Fant^omas qui jusqu’alors n’avait pas prononc'e une parole, descends, Gauvin !
Et comme le malheureux ne pouvait pas bouger, Fant^omas faisait un signe au Bedeau, qui, d’un coup sec de la lame de son couteau, tranchait les liens qui emp^echaient le notaire de marcher.
Celui-ci descendit ou pour mieux dire, tomba hors de la voiture.
Il tr'ebuchait, en effet, il s’'ecorcha les genoux sur les pierres du chemin.
Fant^omas raillait :
— As-tu donc si peur, Gauvin, fit-il, que tu ne peux mettre un pied devant l’autre ?
Le malheureux notaire 'etait livide. Fant^omas d'enoua le b^aillon qui maintenait ses l`evres closes.
— Et maintenant, dit-il, en sortant son revolver pour interdire `a Gauvin toute vell'eit'e de fuite, marche devant moi !
Le notaire, en titubant d’'epouvante, faisait quelques pas.
Il s’arr^eta soudain, face `a la montagne.
— O`u dois-je aller ? demanda-t-il, d’une voix qui tremblait.
Celle de Fant^omas retentit plus tonitruante, plus ironique que jamais.
— Tu le vois bien, droit devant toi !
Devant Gauvin se trouvait, perc'ee dans la montagne, une sorte de cavit'e obscure, d’o`u provenaient des rumeurs 'etranges.
On 'etait `a l’entr'ee des fameux souterrains connus sous le nom de Cuves de Sassenage.
Par un petit orifice haut de quatre-vingts centim`etres et large d’autant on pouvait s’introduire dans une sorte de grotte souterraine constitu'ee par un long couloir insinueux, bord'e, de part et d’autre, d’'enormes roches, jet'ees l`a comme dans un chaos, et sans cesse semblait-il, sur le point de choir les unes sur les autres.
Gauvin eut un sursaut d’'epouvante.
— Faut-il donc que j’entre l`a ? demanda-t-il.
Et, instinctivement, il faisait un pas en arri`ere.
Mais Fant^omas le poussait d’un coup de pied dans les reins.
— Avance donc ! ordonna-t-il. Depuis quand se permet-on de discuter les ordres de Fant^omas ?
Le bandit sortait une lanterne 'electrique de sa poche, dont il tournait le commutateur ; des rayons lumineux et blafards 'eclair`erent l’int'erieur de la grotte.
Il s’agissait de descendre d’innombrables degr'es, form'es par des pierres roulantes.
Gauvin s’avanca, les jambes fl'echissant, la t^ete courb'ee pour ne point se heurter `a la vo^ute tr`es basse du souterrain. Fant^omas 'etait derri`ere lui, l’incitant `a marcher plus vite, toujours plus vite.
`A un moment donn'e, le notaire dut se mettre `a plat-ventre pour passer sous une roche ; Fant^omas le suivit, le Bedeau venait par derri`ere.
Apr`es avoir franchi cet 'etroit passage, les trois hommes parvenaient dans une sorte de cirque beaucoup plus large, beaucoup plus 'elev'e que le reste du souterrain.
C’'etait une immense salle aux allures de nef d’'eglise, dont les parois 'etaient form'ees par des roches aux couleurs chatoyantes, passant du vert sombre au rouge le plus vif.
Il y faisait un froid terrible et, par le milieu, le sol tourment'e de cette salle 'etait coup'e d’un torrent tumultueux qui roulait des ondes aux panaches blancs, jusque dans les profondeurs d’un insondable pr'ecipice.
La lampe 'electrique de Fant^omas projetait sa lumi`ere blafarde tout alentour, et celle-ci se r'efl'echissait sur les murailles, donnant `a l’int'erieur de la grande salle souterraine une 'eblouissante clart'e.
D`es lors Fant^omas donnait sa lampe `a tenir au Bedeau.
Puis, s’approchant du notaire, et les bras crois'es, l’oeil farouche, il interrogea.
— Gauvin, il d'epend de toi, d'esormais, de vivre ou de mourir !
— Ah ! vivre ! `A n’importe quel prix ! articula faiblement le notaire.
Fant^omas haussa les 'epaules.
— Les mots ne servent `a rien, et je sais que les promesses humaines sont fallacieuses ; il s’agit de me dire si oui ou non tu peux me livrer la fortune de M me Verdon ?
Une lueur d’espoir brilla dans les yeux terrifi'es du notaire.
— Je puis le faire, articula-t-il ; `a la condition que vous m’aidiez, Fant^omas. Cette fortune est chez moi, il ne s’agit plus que de la prendre…
— Parbleu ! s’'ecria Fant^omas en ricanant d’un air sinistre.
Puis il ajoutait, imitant la voix tremblante du notaire :
— Cette fortune est chez toi, il ne s’agit plus que de la prendre ! Faut-il la prendre ? Qui donc la d'etient `a l’heure actuelle ?
— Juve ! balbutia imperceptiblement le notaire.
Fant^omas fronca le sourcil.
— C’est donc vrai ? Bien vrai ? dit-il. Tu as donn'e `a Juve la garde de ce tr'esor ?
Le notaire protesta 'energiquement :
— C’est Juve qui s’en est empar'e, Fant^omas, et je ne songeais en aucune facon `a lui confier cet argent !
— Je l’entends bien ainsi, r'epliqua le bandit, mais en tout 'etat de cause, j’'etais vol'e, moi. Car, si Juve n’avait point pris la fortune de M me Verdon, c’est toi qui t’en allais avec. Est-ce exact ?