Том 38. Полное собрание сочинений.
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C’est `a cause de cela que je crois que toutes les mesures diplomatiques,103 toutes esp`eces de congr`es et de trait'es entre les pouvoirs, toutes ces mesures104 ne peuvent aboutir. En nous occupant des trait'es diplomati[ques] entre pouvoir[s] sans nous, occuper de d'etruire la superstition de la n'ecessit'e et de la l'egalit'e de la guerre, nous ressemblons105 `a des gens qui ayant en leur pouvoir la clef de la porte par laquelle ils peuvent entrer dans l’int'erieur de la maison font des efforts qu’ils savent ^etre inutiles pour briser les murs.106
Nous avons devant nous des gens arm'es jusqu’aux dents se pr'eparant `a tuer107 et tuant quand cela leur para^it n'ecessaire leurs semblables, et en discutant les moyens d’agir contre ce mal, nous cherchons midi `a quatorze heure[s] nous inventons diff'erents108 moyens tr`es fins et tr`es spirituel[s]109 pour r'eagir contre ce mal et ne voulons pas voir le moyen si simple qui devrait se pr'esenter `a nous le premier, celui qui est en notre pouvoir et qui consiste dans la destruction des armes qu’employent ces gens pour s’entred'etruire.
Les armes qu’employent ces gens pour se battre n’est pas autre chose que la superstition, les tromperie[s] et les suggestions qui sont employ'ees contre les gens qu’on oblige `a faire partie des arm'ees.
Ceux qui s’entregorgent ne sont pas les Nicolas, les Wilhelm[s], les Edouards et autres, mais ce sont les homme[s] du peuple amen'es par diff'erentes ancienne[s] traditions et nouvelles suggestions et tromperies `a agir contrairement `a la loi morale et religieuse qu’ils professent `a la loi de l’amour et aux commandem[ents] de la Bible qui d'efend le meurtre, et devenir soldats.
Et voil`a que nous, des gens 'eclaire[s] et proffessant ou bien la doctrine religieuse chr'etienne ou bien la loi morale110 s'eculaire qui comme toute loi morale ne peut pas aprouver le meurtre ayant la possibilit'e d’^oter des mains111 des combattants les armes, nous ne trouvo[ns] pas autre chose `a dire qu’`a nous adresser aux gouvernements en leur proposant des mesures qui rendront la guerre moins cruelle ou moins fr'equente en leur proposant de diminuer leurs arm'ees c. `a d. de diminuer ce pour quoi ils existent c. `a d. en leur proposant le suicide. Il devrait cependant ^etre parfaitement clair que le112 gouvernement ne consentira jamais non seulement `a an'eantir mais `a diminuer leurs arm'ees.
De sorte que la seule chose raison[n]able que nous pouvons faire ici dans notre r'eunion c’est de nous adresser non pas au[x]113 gouvernements, mais aux hommes `a tous les hommes: aux grandes masses en leur montrant tous114 le mal qu’ils se font `a eux rn^eme[s] en ob'eissant aux gouvernements qui les obligent `a commet[t]re des meurtre[s] ou `a ^etre pr^et[s] `a les commet[t]re, de m^eme qu’aux gouvernements en leur montrant toute115 l’immoralit'e de leur activit'e.
C’est la seule chose que nous pouvons faire si nous ne voulons pas nous borner `a de vains discours et fair[e] quelque chose. Et la chose n’est nullement difficile. Il ne nous est pas n'ecessaire d’inventer de nouvelles th'eories pour parer au[x] maux de la guerre. La seule chose qui est n'ecessaire c’est de ne pas116 faire semblant que nous ne voyons pas de quoi il est question quand il est question de la guerre et de dire117 pleinement la v'erit'e qui est tellement connue qu’on a honte de la r'ep'eter qu’il est non seulement criminel mais b^ete pour un ^etre raisonable de tuer de gaiet'e de coeur des ^etres qui ne v[ou]s ont fait aucun mal que vous ne connais[sez] pas, seulement parceque certains personnag[es] qui s’appellent rois, empereurs, Pr'esident le d'esirent.
<Pour bien comprendre le d'egr'e de superstition, suggestion, et tromperie employ'es par les gouvernant[s] sur les masses et contre lesquels nous sommes appel'es `a r'eagir, repr'esentons nous un homme du peuple118 libre de toute tromperie et suggestion et le m^eme homme apr`es son internation au r'egiment.
L’homme est `a la maison et est occup'e `a ses affaires. On vient chez lui et on lui dit: voil`a un fusil, prend le et va tuer l’homme que je te d'esignerai. Parmi mille hommes il est douteux que puisse se trouver un seul qui sous les plus terribles menaces puisse consentir `a119 commet[t]re ce meurtre. Mais ce m^eme homme est incorpor'e dans un r'egiment. On l’habille comme des milliers d’hommes qui sont dans les m^emes conditions, on le fait marcher, courir, sauter120 au cable, et apr`es des mois, un an peut ^etre, l’homme est pr'epar'e `a faire tout ce qu’on exigera de lui: il tuera tous ceux qu’on lui ordonnera de tuer. Voil`a la superstition, la tromperie, la suggestion que nous devons d'etruire. —>121
Mais on me dira, que l’'etat est impossible sans arm'ees, et l’homme n’a jamais v'ecu hors l’'etat. Donc l’arm'ee qui sauve122 l’'etat est indispensable pour la vie des peuples.
Quoique la question si les peuples peuvent ou ne peuvent pas123 exister sans l’organisation de l’'etat soit par elle m^eme insoluble, mettons124 que l’'etat et les arm'ees qui le sauvent sont indispensable[s] pour la vie humaine.
Admettons que pour le bien g'en'eral il est indispensable que chaqu[n] ob'eisse servilement `a certains individus qui forment le gouvernement, est tenu de donner `a ces125 individus le produit de son travail, doit remplir toutes leur exigences m^eme celles de tuer s’ils l’ordonnent tous ceux qu’on lui designera.
Admettons tout ceci il existera toujours dans notre monde chr'etien une grande difficult'e celle de savoir ce que nous ferons de la religion chr'etienne que proffessent ostensiblemen[t] tous ceux qui dirigent les arm'ees et se pr'eparent pour les guerres.
On a beau pervertir la vrai doctrine chr'etienne, on a beau ignorer ses principes, il est impossible de faire croire qu’une religion bas'ee sur l’amour du prochain puisse admettre le meurtre comme acte indispensable et compatible avec la religion de l’amour du prochain.
De sorte que les gouvernant[s] n’ont d’autre alternative que126 le christianisme, la religion ou bien l’'etat avec ses arm'ees et ses meurtres.
Il peut ^etre vrai que la religion chr'etienne, la religion en g'en'eral a fait son127 et que dans le choix qu’il est indispensable de faire entre les deux: l’'etat avec ses arm'ees ou bien la religion chr'etienne les128 hommes de notre temps d'ecideront que l’existence de l’'etat avec ses arm'ees e[s]t d’autant plus importante que la proffession du christianisme, qu’il est inutile de penser au christianisme et que la seule chose n'ecessaire est la force de l’'etat et de ses arm'ees.