Том 7. О развитии революционных идей в России
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Стр. 120 (250)
27(29) Вместо: vingtaine de millions (миллионов двадцать) // quinzaino de millions (миллионов пятнадцать)
Стр. 121 (252)
3S(4) Вместо: dans cette doctrine (в этом учении) dans cette doctrine sociale (в этом социальном учении)
Стр. 123 (254)
35(32) Вместо: r'esolut (решило) // songea (вздумало)
Стр. 127 (259)
В изд. 1851 г. эта глава имеет продолжение, исключенное Герценом из изд. 1853–1858 гг.
Avant de terminer, il importe de faire voir un 'el'ement.r'evolutionnaire naissant qui cro^it, et dont l'avenir est incontestable.
En tout temps, des Russes se sont fix'es `a l''etranger. La charte de la noblesse assurait ce droit, `a toute cette classe du peuple, et aucun souverain, avant Nicolas, n'a song'e `a le contester. Les uns ont 'emigr'e pour des faisons politiques ou pour des rancunes personnelles. L'amiral Tchitchagoff qui avait command'e `a B'er'ezina et le g'en'eral comte Ostermann-Tolsto"i, le vainqueur de Koulm, se sont expatri'es. N. Tourgueneff, un des conjur'es du 14 d'ecembre est rest'e en France pour 'echapper `a la peine qui avait 'et'e prononc'ee contre lui. D'autres ont c'ed'e `a des influences religieuses et ont embrass'e le j'esuitisme.
Mais ce n''etait l`a que des faits individuels qui ne pouvaient former de noyau d''emigration, manquant d'id'ee g'en'erale et de but d'activit'e commune.
Depuis dix ans, nous voyons des Russes se fixer en France, non pas seulement pour ^etre hors du pays ou pour se reposer, mais bien pour protester hautement contre le despotisme p'etersbourgeois, pour travailler `a l'oeuvre de l'affranchissement commun. Loin de devenir des 'etrangers, ils se faisaient des organes libres de la jeune Russie, ses interpr`etes.
Ce n'est point l`a un fait du hasard.
L''emigration est le premier indice d'une r'evolution qui se pr'epare.
Elle 'etonne en Russie, on n'y est pas habitu'e. Et pourtant, dans tous les pays, au d'ebut des r'eformes, lorsque la pens'ee 'etait faible et la force mat'erielle illimit'ee, les hommes de forte conviction, de foi r'eelle, de d'e-vo^ument v'eritable, se r'efugiaient en pays 'etrangers, pour faire entendre de l`a leur voix. L''eloignement, le bannissement volontaire, pr^etaient `a leurs paroles une force et une autorit'e sup'erieure; ils prouvaient que leurs convictions 'etaient s'erieuses.
Nous sommes persuad'es que le temps est venu o`u la Russie doit faire conna^itre sa pens'ee. Cola est-il possible dans le pays m^eme? O`u est le sol en Russie o`u l'homme libre puisse agir, sans faire de tristes concessions? Le despotisme s'accro^it, la pens'ee ne peut plus se mouvoir, encha^in'ee par la double censure. Il faut se taire ou feindre: il faut parler par insinuations par des demi-mots, parler `a l'oreille, lorsque la trompette suffirait `a peine pour r'eveiller les endormis.
Il est temps de nous justifier du reproche de la souffrance passive. Les Russes ont beaucoup support'e parce qu'ils 'etaient jeunes et que rien n''etait m^ur: ni chez eux, ni ailleurs. Ce temps passe. On ne peut forcer les hommes `a se taire, que tant que le besoin de parler n'est pas puissant ou que l'id'ee est faible. Il est impossible de r'eprimer la pens'ee virile, la forte volont'e. Si elles ne brisent pas l'obstacle, elles 'echappent `a la poursuite. Comprim'ees d'un c^ot'e, elles surgissent d'un autre.
En ce moment donc l''emigration est l'acte d'opposition le plus significatif que le Russe puisse faire. Le gouvernement l'a bien compris ainsi. Il croyait `a peine qu'on eut l'audace de rester, une fois rappel'e, le courage de renoncer `a sa patrie et `a sa fortune. Le refus de M. Ivan Golovine de rentrer a tellement surpris l'empereur qu'il y r'epondit par la promulgation de l'oukase incroyable sur les passeports. Cependant, M. Bakounine agissait de m^eme en Suisse. Tous les deux abandonnaient en Russie des positions assur'ees, un avenir brillant.
Le gouvernement irrit'e les condamna, par l'interm'ediaire de son s'enat dirigeant, aux travaux forc'es, peine exorbitante, absurde et inouie, puisqu'elle s'appliquait `a des contumaces pour avoir 'et'e contumaces!
C'est au tzarisme qu''etait r'eserv'ee cette belle invention de frapper ainsi les hommes parce qu'ils pr'ef'eraient de vivre sous un tel degr'e de latitude et de longitude, plut^ot que sous un tel autre.
Les 'emigr'es ne rest`erent pas inactifs.
Bakounine, penseur profond, propagandiste ardent, 'etait un des socialistes les plus hardis, bien avant la r'evolution du 24 f'evrier. Officier de l'artillerie russe, il quitta le canon pour l''etude de la philosophie, et quelques ann'ees plus tard, il abandonna la philosophie abstraite pour la philosophie concr`ete, le socialisme. Bakounine ne pouvait se complaire dans le qui'etis-me philosophique, dans lequel s'enterraient les professeurs de Berlin. H fut au nombre des premiers qui protest`erent en Allemagne (dans le journal de Ruge) contre cette fuite dans les sph`eres absolues, contre cette abstention inhumaine et sans coeur qui ne voulait participer en rien aux peines et aux fatigues de l'homme contemporain, en se renfermant dans une soumission apathique `a une n'ecessit'e fatale invent'ee par eux-m^emes. Bakounine ne voyait d'autre moyen de lever l'antinomie entre la pens'ee et le fait, que la lutte; il devint r'evolutionnaire.
En 1843, Bakounine, poursuivi par les r'eactionnaires suisses et d'enonc'e par eux au gouvernement russe, recut la sommation de rentrer en Russie. Il refusa d'y obtemp'erer et passa `a Paris. En 1847, dans un discours qu'il prononca `a l'occasion de l'anniversaire de la r'evolution polonaise, il tendit une main amie aux Polonais. On l'expulsa pour ce fait de la France.
Apr`es la r'evolution de f'evrier, le vieux monde chancela, l'Allemagne, les Slaves s'agit`erent. Bakounine se rendit `a Prague et repr'esenta l'id'ee r'epublicaine au congr`es slave. Son influence sur le peuple `a Prague, au dire des Boh`emes eux-m^emes, ne peut ^etre' compar'ee qu'`a l'influence de Hecker sur les Allemands.
La r'evolution allemande comprim'ee en Autriche, `a Bade, en Prusse, fit un effort supr^eme en Saxe. Dresde osa lever la t^ete, lorsque Vienne et. Berlin 'ecras'es par les soldats se renfermaient dans un d'esespoir triste et morne. Bakounine fut `a la t^ete de ce mouvement, il pr'esida les r'eunions et dirigea la d'efense de la ville.
Apr`es la prise de Dresde, il tomba dans les mains de ses ennemis. On le traduisit devant une Haute Cour de Saxe qui le condamna `a la peine capitale. Le tr`es-pieux roi de Saxe, par horreur du sang, commua cette peine en celle de la d'etention perp'etuelle. Mais l'Autriche voulut aussi avoir sa part `a l'ex'ecution d'un martyr de la cause slave. La Saxe livra Bakounine;, on le transporta, les fers aux pieds, `a Gradschine, forteresse pr`es de Prague, o`u l'on ouvrit une enqu^ete.