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La livr?e du crime (Преступная ливрея)
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— Je les ai vues, de mes yeux vues. Elles ont 'et'e en ma possession.

— Donnes-les-moi. Fais-les-moi sentir, toucher.

— Je te les donnerai, je te les donnerai un jour, ces preuves.

— Donne-les-moi tout de suite, `a l’instant m^eme.

Nathaniel fut bien oblig'e de reconna^itre qu’il ne le pouvait pas.

— Menteur, menteur, hurla S'ebastien, l^ache accusateur de femme, oui, je me rends compte maintenant de ton d'esir, de tes projets. Pour me faire abandonner ma ma^itresse, pour m’arracher `a l’affection de celle qui m’a soign'e dans mon malheur avec un d'evouement admirable, qui consent, qui insiste, qui exige m^eme de sacrifier son existence facile et gaie pour s’attacher `a la mienne, mis'erable et finie, tu veux m’en s'eparer, tu veux l’arracher de mon coeur, de mon intimit'e. Ce que tu fais est odieux ! Tu mens. Je sais pourquoi. Tu crains que mon mariage ne fasse du bruit, qu’on en parle. Car j’'epouserai Rita d’Anr'emont, tu entends. Rappelle-toi que je suis libre, libre de moi, libre de ma fortune ! Parbleu, c’'etait l’id'eal pour toi, un fr`ere c'elibataire et aveugle par-dessus le march'e, le plan que tu as ourdi avec ma belle-soeur, de ton propre aveu m^eme, est une malice cousue de fil blanc. Enfermer l’infirme que je suis dans ta maison de campagne, ne pas me l^acher d’une semelle pour mieux me surveiller, me mettre en prison, me capter mat'eriellement et moralement pour que le jour o`u je mourrai, la fortune 'economis'ee, la fortune qui m’appartient devienne la tienne, celle de tes enfants. Oh, d'ecid'ement, Nathaniel, tu es un grand homme d’affaires et un remarquable banquier. Si c’est tout cela que tu avais `a me dire, nous en avons termin'e. Adieu, tu as voulu me briser le coeur, c’est l^ache ce que tu as fait. Il est exact que j’ai commis une faute, que j’ai sign'e jadis des traites d’un nom que je n’aurais pas d^u prendre, du tien, mais `a tout p'ech'e mis'ericorde, et si j’ai p'ech'e, un terrible ch^atiment fait pardonner mes fautes. Abusant de ce que tu as pu apprendre, tu es venu me jeter `a la face cette boue, et cela dans l’ignoble intention de semer le doute dans mon esprit, de discr'editer celle que j’aime plus que tout au monde.

'Epuis'e par cet effort, l’aveugle 'etouffa. Ses joues devinrent bl^emes. Il d'efaillait. Ses bras battirent l’air et l’infirme infortun'e serait tomb'e en arri`ere si son fr`ere ne l’avait retenu. Mais deux personnes avaient 'et'e t'emoins de la fin de cette sc`ene tragique. C’'etaient Juve, qui surveillait de pr`es ce qui se passait, et Rita d’Anr'emont.

Et l’aveugle, revenu `a lui, sentit que quelqu’un 'ecartait son fr`ere, puis l’'etreignait. C’'etait Rita d’Anr'emont.

— S'ebastien, mon S'ebastien, s’'ecria-t-elle d’une voix tremblante d’angoisse, c’est moi, c’est ta Rita, reviens `a toi. N’aie pas peur. Que t’a-t-il dit ? Que t’a-t-il fait ?

Le jeune homme, incapable de r'epondre, laissait aller sa t^ete sur l’'epaule de sa ma^itresse :

— Partons, murmura-t-il enfin `a son oreille. Mon fr`ere est un monstre, un l^ache. Il a voulu me d'echirer le coeur. Il a voulu m’arracher `a toi.

Rita d’Anr'emont foudroya du regard Nathaniel abasourdi :

— Ah, c’est mal, monsieur, dit-elle, bien mal ce que vous avez fait l`a. Je ne suis qu’une pauvre fille qui n’a pour elle que son amour, mais cet amour est plus fort que tout. Plus fort que vos conventions, que vos id'ees 'etroites. Vous pouvez ^etre s^ur que, quoi qu’il arrive, quoi que vous fassiez, ma vie est d'esormais riv'ee `a celle de S'ebastien.

— Partons, dit l’aveugle.

L’aidant `a reculer, Rita d’Anr'emont entra^ina S'ebastien. Juve regarda Nathaniel qui demeurait atterr'e, immobile au milieu du sentier.

— Eh bien ? demanda le policier, qu’avez-vous dit ? qu’avez-vous fait pour d'eterminer cette sc`ene ?

— Peut-^etre, avoua le banquier, ai-je 'et'e maladroit. Je n’y peux rien. C’est mon caract`ere d’aller droit au but.

— Conclusion : tout m’a l’air d’^etre irr'em'ediablement rompu, d'esormais, entre votre fr`ere et vous.

— Eh bien, tant pis ! hurla le banquier qui ne se poss'edait plus.

— Je crois, monsieur, dit Juve, que pour le moment nous n’avons plus rien `a nous dire.

Et le policier coupa `a travers bois.

— Avec ces caract`eres entiers et born'es, il est impossible d’arriver `a quoi que ce soit, se disait-il.

Puis sa pens'ee se reporta sur l’aveugle.

— Le pauvre garcon, il ne sait pas ce qui l’attend.

18 – LADY BELTHAM CHEZ THORIN

— J'er^ome !

De sa voix bourrue, le bienfaisant C'elestin Labourette venait d’appeler `a son aide son domestique. Et maintenant il lui d'eclarait :

— J'er^ome ! donne-moi une allumette c’est l’heure sainte et sacr'ee de la pipe. Allons, grouille-toi mon garcon. Il est absolument temps que je fume, ou je deviens enrag'e.

J'er^ome Fandor frotta une allumette, la tendit `a son patron :

— `A votre sant'e, Monsieur.

— `A la tienne, mon garcon.

C'elestin Labourette s’entourait d’un nuage bleu^atre des plus propices `a la r^everie. C’'etait l’instant que J'er^ome Fandor attendait depuis le matin.

J'er^ome Fandor, en effet, avait remarqu'e que C'elestin Labourette n’'etait jamais si brave homme, si bien dispos'e `a accorder tout ce qu’on pouvait lui demander qu’une fois son d'ejeuner achev'e, au moment o`u il commencait `a fumer, le gilet d'eboutonn'e, la patte de son pantalon l^ach'ee et si `a l’aise que, rien qu’`a le voir, on sentait son contentement intime de gros homme dont la digestion se fait lentement.

— Patron, commencait J'er^ome Fandor, j’aurais quelque chose `a vous demander.

— Tu es un bon garcon, si je peux te faire plaisir.

— Oui patron, je vous demande mon apr`es-midi.

— Tu as donc envie de faire la noce ?

— Patron, j’ai une petite amie `a voir.

`A cette d'eclaration impr'evue, C'elestin Labourette 'eclata de rire, d’un large rire jovial qui lui secouait la bedaine, qui lui plissait les yeux, lui fendait la bouche, d’une oreille `a l’autre.

— Eh bien, mon colon, tu ne manques pas de toupet, toi au moins. Il y en a qui s’inventeraient une m`ere malade, un oncle agonisant, un h'eritage `a recevoir, n’importe quoi enfin. Toi, tu dis les choses tout `a trac. Vingt dieux, tu as une petite amie `a voir, mon garcon ? h'e, h'e, mes f'elicitations, elle est brune ou elle est blonde ?

— Blonde.

— Alors je ne te tromperai pas avec elle, je n’aime que les brunes. Et comme ca, c’est aujourd’hui que tu as d'ecid'e d’aller lui faire la cour ? Elle est pr'evenue de ta visite au moins ?

— Oui, patron, pourquoi ?

— Parce que si elle ne l’'etait pas, mon ami, je risquerais en t’accordant la permission, de lui occasionner des ennuis. Tu pourrais la trouver par exemple dans les bras d’un agent de ville.

— Pas de danger, patron, elle est fid`ele.

— La bonne blague ! Eh bien J'er^ome, tu ne te mouches pas du pied quand tu t’y mets. Ah tu connais des femmes fid`eles ? Mes f'elicitations. Tu me pr'esenteras, hein. Eh bien, va, mon garcon, va retrouver ta belle. Aujourd’hui, je n’ai pas de cochons `a mener `a l’abattoir et je n’ai pas besoin de toi pour le tilbury, va te promener, va te payer une tranche de rigolade. Allons d'ep^eche-toi. Je ne t’attends pas avant sept heures.

Le journaliste monta dans sa chambre de domestique, une mansarde que meublaient en tout et pour tout une paillasse, une vieille commode dont il 'etait impossible de refermer les tiroirs et trois chaises boiteuses. Cinq minutes au jeune homme pour donner un coup de brosse `a ses souliers, de gros souliers qu’il avait achet'es pour mieux faire figure de domestique. Un coup de brosse pour la coiffure. La livr'ee envoy'ee au diable. Le veston d’alpaga, dont la simplicit'e convenait heureusement `a sa nouvelle profession, endoss'e, et il 'etait pr^et, pr^et `a aller voir, pr^et `a aller retrouver la petite amie blonde dont il avait parl'e `a C'elestin Labourette. `A peine le reporter avait-il franchi le jardinet qui s'eparait la demeure du marchand de cochons, de la rue, que les mani`eres volontairement enjou'ees et rieuses du pseudo-domestique se modifi`erent enti`erement. J'er^ome Fandor, le front soucieux, la d'emarche press'ee, avancait `a grands pas, h'ela un fiacre, jeta une adresse, puis sautant dans le v'ehicule, ferma les yeux, parut dormir.

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