Франция: Общественно-политические реалии
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La cinqui`eme est la primaut'e du droit. Ce qui semble une 'evidence dans la vie courante, et figure depuis longtemps dans nos constitutions, est beaucoup moins clairement reconnu dans la vie 'economique. Le d'eveloppement du monde est entrav'e aujourd'hui par la volatilit'e des monnaies, des prix des mati`eres premi`eres, des taux d'int'eret, et par la rentabilit'e bien sup'erieure du placement financier par rapport `a l'investissement productif. А tout cela qui nous menace, il faudra mettre bon ordre. Seules des r`egles y parviendront, c'est-`a-dire un droit. Affirmer leur l'egitimit'e, quand le lib'eralisme la nie, c'est une r'ef'erence fondamentale du socialisme moderne.
La sixi`eme touche le rapport entre l'homme et la technique et postule que sont seuls acceptables les usages des techniques qui n'asservissent pas l'homme. C'est aussi vrai dans nos pays d'evelopp'es, soucieux de se d'ebarrasser du taylorisme comme de prot'eger les libert'es devant les investigations informatiques, que ce l'est dans le Tiers Monde, souvent victime de techniques impos'ees par d'autres, qui ont bloqu'e son essor et accru sa d'ependance. C'est vrai encore, pour la plan`ete enti`ere, de la d'efense de notre environnement. C'est principalement au service de cette qualit'e de la relation entre l'homme et la technique que le Plan trouve toute sa n'ecessit'e et prend tout son sens.
La septi`eme, enfin, est la priorit'e donn'ee `a la recherche de la paix. Dans les incertitudes d'aujourd'hui, cette direction-l`a est largement la cl'e des autres.
39. Sida. Le droit des malades `a demeurer libres et dignes. Le droit des autres `a ^etre pr'eserv'es du terrible fl'eau. Ce sont ces droits apparemment contradictoires qu'il nous faut concilier, le premier au nom de nos valeurs partag'ees, le second au nom d'une 'evidence l'egitime. Mais un tel combat est malais'e, et certainement pas de ceux qui se gagnent seulement par des r'eglementations. Appel `a la responsabilit'e, donc, incitation au d'epistage, d'autant plus efficace qu'il est volontaire, information sur la pr'evention, d'autant mieux prise en compte qu'elle n'est pas moralisante. Certains ont pos'e le probl`eme des sanctions pour ceux dont l'irresponsabilit'e causerait des dommages. Notre Code civil traite admirablement de la responsabilit'e et en renvoie l'appr'eciation et la compensation `a la Justice. Cela doit suffire.
Pour le reste, c'est naturellement vers la recherche qu'il nous faut nous tourner. Elle aura d'autant plus de chances de gagner la course contre la montre de la pand'emie que nous la soutiendrons activement. Apr`es les victoires successives remport'ees sur les fl'eaux qui avaient d'ecim'e l'humanit'e pendant des si`ecles — peste, syphilis, variole, tuberculose, microbes divers —, nous nous sommes crus un peu rapidement pr'emunis contre ces maladies d'agression. On en a alors d'ecouvert d'autres — cancer, affections cardio-vasculaires, d'epressions nerveuses... Mais avec le Sida, voici revenu le temps des grandes 'epid'emies, ou au moins de leur spectre.
40. Franc. L'histoire des soixante derni`eres ann'ees est douloureuse. Les Francais ont mal v'ecu cette suite de crises et de d'evaluations, trop rarement interrompue par des accalmies. Comme citoyens, ils souffrent de l'affaiblissement de notre monnaie qui fait sourire `a l''etranger et r'eduit nos marges de manoeuvre dans le monde. En tant que d'etenteurs d'avoirs liquides, ils subissent l'effritement de la valeur de leurs revenus et de leur patrimoine. Et ce sont les plus faibles — g'en'eralement silencieux — qui sont les plus atteints.
C'est dire que le franc n'est jamais absent des pr'eoccupations, conscientes ou non, des Francais et de leurs dirigeants. La monnaie r'el`eve d'un domaine o`u affleurent l''emotivit'e et la passion, ce qui interdit de la g'erer uniquement en fonction de crit`eres rationnels. Mais, l`a aussi, la gauche a beaucoup appris. En mettant depuis 1983 la lutte contre l'inflation au coeur de notre politique 'economique, elle a franchi une 'etape, m^eme si le co^ut des d'esindexations a parfois 'et'e 'elev'e. L'exigence de comp'etitivit'e comme l'appartenance au Syst`eme mon'etaire europ'een ne nous laissent plus le choix, l'action de d'esinflation est un imp'eratif permanent.
Si l'accord sur l'objectif n'est plus gu`ere contest'e, il subsiste des divergences sur la m'ethode. Avoir une monnaie stable est plus affaire de comportements individuels et collectifs, notamment dans le domaine des revenus et des prix, que de ratios d'ecr'et'es autoritairement par la Banque Centrale ou l'autorit'e budg'etaire. Or, sous l'influence de doctrines mon'etaristes largement diffus'ees dans les ann'ees 1980 `a partir des 'Etats-Unis, on s'est attach'e de facon excessive `a contr^oler la croissance d'agr'egats mon'etaires aux d'efinitions changeantes, principalement par le maniement des taux d'int'er^ets. Le r'esultat, ce sont aujourd'hui des taux d'int'er^ets prohibitifs, qui sont incompatibles avec une reprise de la croissance et qui privil'egient les placements purement financiers.
41.Langue francaise. Parmi les quelque quatre mille langues parl'ees `a travers le monde, le francais fait partie de cette poign'ee d'idiomes privil'egi'es qui sont depuis des si`ecles l'objet d'une d'efense syst'ematique et assidue de la part d'un pouvoir politique centralisateur et internationalement influent. La place du francais en France n'a cess'e de se renforcer, au d'etriment in'evitable des autres langues historiques du pays (alsacien, basque, breton, catalan, flamand, langues d'oc, langues d'o"il), et l'allongement de l'enseignement obligatoire lui assure une domination enti`ere sur tout le territoire, l`a m^eme o`u les parlers locaux occupaient l'essentiel des 'echanges il n'y a pas si longtemps. La p'en'etration g'en'eralis'ee des m'edias nationaux fait qu'aujourd'hui, dans la plus recul'ee des fermes bretonnes ou auvergnates, on entend plusieurs heures par jour r'esonner le francais de Paris. Voil`a pourquoi, paradoxalement, on peut dire qu'on n'a jamais autant parl'e francais en France, et probablement jamais aussi bien — en moyenne statistique, s'entend.
Quant `a la francophonie, si elle ne compte qu'un nombre relativement faible d'individus (environ 110 millions de personnes ont le francais comme premi`ere ou comme deuxi`eme langue) loin derri`ere la communaut'e des usagers de l'hindi ou du bengali par exemple, elle reste internationalement d'eterminante, ne serait-ce que sur le plan diplomatique : langue officielle dans 32 'Etats du monde, le francais est une des deux langues de travail de l'ONU, employ'ee par pratiquement un quart des d'el'egations. Et, dans presque chaque pays non francophone, un nombre important d''el`eves choisissent d'apprendre le francais, qui repr'esente pour eux l'acc`es naturel `a la culture classique de l'Europe.
Son importance a pourtant recul'e depuis la Premi`ere et surtout la Seconde Guerre mondiale, particuli`erement en Europe (o`u, dans l'enseignement secondaire, elle c`ede maintenant presque partout le pas `a l'anglais), et jusqu'en France m^eme : dans les "salles de march'e " de nos banques parisiennes, en contact permanent avec toutes les places financi`eres du monde, c'est en anglais que l'on traite. Ce qui laisse penser que l'action men'ee ces derni`eres d'ecennies en faveur de notre langue n'a peut-^etre pas r'epondu correctement aux probl`emes, a manqu'e d'imagination.