Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Elle esquissa un sourire cynique et ajouta :
— C’est peut-^etre au sujet de l’h'eritage de notre oncle, qu’il vient nous voir.
Fernand haussa les 'epaules. Il retourna du c^ot'e de la porte, cria `a la bonne :
— Priez M e Gauvin d’attendre, nous allons descendre d`es que nous serons pr^ets.
Les deux 'epoux se livr`erent `a une toilette sommaire.
— Qu’est-ce qu’il peut bien nous vouloir ? se demandait Alice qui, pour dissimuler sur son visage les traces laiss'ees par la fatigue de la veille et la mauvaise nuit qu’elle avait pass'ee, se couvrait outrageusement de poudre.
Plus calme, en apparence tout au moins, Fernand d'eclarait :
— Qu’est-ce que tu veux, nous allons le savoir. Attention `a ne pas faire de gaffe, et `a ne pas te montrer 'emue, quoi qu’il arrive. Nous ne pouvons nous tirer d’affaire qu’`a la condition de maintenir formellement ce que nous avons d'ecid'e de raconter.
— Je n’ai pas peur, et tu n’as rien `a craindre de moi. J’ai beau ^etre une femme, j’ai du toupet.
Quelques instants apr`es, dans le salon du rez-de-chauss'ee o`u M e Gauvin se promenait de long en large, troubl'e, semblait-il, les deux 'epoux faisaient leur apparition.
— Quelle bonne surprise, mon cher ma^itre ! s’'ecria Alice en minaudant. Excusez-nous de vous avoir fait attendre, mais nous nous sommes couch'es tard hier soir et, provinciaux comme nous sommes, nous n’avons gu`ere l’habitude de nuits sans sommeil.
— Le fait est, poursuivait Fernand avec un air enjou'e, cependant qu’il arrivait derri`ere sa femme et fermait soigneusement la porte du salon, par pr'ecaution, pour que la bonne ne p^ut pas entendre, que nous devrions ^etre lev'es depuis longtemps.
M e Gauvin salua machinalement les deux 'epoux, serra la main de Fernand.
Alice lui d'esigna un si`ege, le notaire y prit place, puis, apr`es un l'eger silence, commenca :
— En somme, vous avez fait bon voyage ?
— Mais oui, excellent.
— Vous ^etes revenu plus t^ot que vous ne pensiez ?
— En effet. Dans ma profession de courtier, on ne sait jamais exactement ce que l’on doit faire. Vous vous souvenez, mon cher ma^itre, que j’'etais parti pour Le Havre, et que ma femme devait rester ici. `A peine 'etais-je en route que je recevais une d'ep^eche urgente me convoquant `a Paris. J’ai rebrouss'e chemin aussit^ot, en m^eme temps que je pr'evenais Alice de venir me rejoindre. Les dames, vous savez, aiment toujours venir `a Paris, histoire de tra^iner dans les magasins. Nous avons pass'e la soir'ee dans la capitale et nous avons pris le train de onze heures quarante-cinq hier soir pour revenir.
Le notaire hochait la t^ete d’un air distrait, cependant qu’Alice, qui 'ecoutait avec admiration son mari, trouvait qu’il 'etait tr`es fort et expliquait adroitement les raisons pour lesquelles l’un et l’autre avaient modifi'e le programme qu’ils avaient annonc'e.
Le notaire, cependant reprit, les yeux baiss'es, 'evitant de regarder ses interlocuteurs :
— Vous revenez de Paris ? Ah ! comme ca se trouve !
Et il interrogeait :
— Vous n’avez pas, par hasard, rencontr'e mon fils Th'eodore ?
— Ma foi non, fit Fernand. 'Etait-il donc `a Paris, lui aussi ?
— Oui, fit myst'erieusement le notaire.
Il y eut encore un silence, et M e Gauvin reprit :
— 'Ecoutez mes bons amis, et surtout ne vous f^achez pas, j’en serais d'esol'e. Vous avez en face de vous un p`ere tr`es ennuy'e, qui souffre. Ce que j’ai `a vous dire est d'elicat, mais je sais vos sentiments, votre droiture `a l’un et `a l’autre, et je vais vous parler en toute confiance.
— Nous vous 'ecoutons, d'eclara Fernand qui jeta un coup d’oeil 'etonn'e sur sa femme.
Alice avait l'eg`erement p^ali, inqui'et'ee par ce pr'eambule. Le notaire poursuivit :
— C’est de Th'eodore qu’il s’agit. Mon fils est un gentil garcon, intelligent, travailleur, je crois m^eme qu’il a de l’esprit. Il est jeune, tr`es jeune aussi. Vous connaissez son ^age : dix-sept ans. Pour les jeunes gens, c’est l’^age critique. Ils ont des aspirations sentimentales, ils s’emballent facilement, et sont accessibles aux amours. Bref, je dois vous le dire, Th'eodore est amoureux.
— Ah, ah ! fit Fernand qui ne comprenait toujours pas o`u voulait en venir le notaire.
Il fut vite renseign'e, celui-ci d'eclarait, consid'erant Alice :
— Il vous aime, madame. Mon fils est 'epris de vos charmes, et cela follement. Oh, je sais que si je vous fais une telle confidence, c’est parce que j’ai la certitude que vous ne vous en ^etes m^eme pas apercue. Et que vous ^etes une honn^ete femme.
— Monsieur, interrompit Alice qui rougissait, vous avez raison en effet, jamais je ne me serais dout'ee de rien.
— Je le sais, madame, et je vous fais toutes mes excuses de vous parler de la sorte, mais ma visite n’avait d’autre but que de vous demander ceci : si par hasard, Th'eodore avait l’insolence de vous dire la moindre chose relative aux sentiments qu’il 'eprouve `a votre 'egard, je vous supplie de le rabrouer purement et simplement.
— Mais mon cher ma^itre, d'eclara Fernand, ce que vous demandez l`a `a ma femme est superflu. Je connais Alice, et je sais qu’elle ne souffrirait pas la moindre incorrection.
Le notaire s’'etait lev'e. Il donnait aux 'epoux Ricard l’impression d’un homme fort g^en'e, tr`es troubl'e, qui 'etait venu dans l’intention de leur d'eclarer quelque chose et qui s’en allait sans avoir exprim'e le fond de sa pens'ee.
Le notaire, en effet, sans plus, prenait cong'e.
— Merci, fit-il en serrant les mains d’Alice et de Fernand. Je vous remercie de ne vous ^etre point f^ach'es, ni vex'es de ma requ^ete. Excusez-moi de vous avoir d'erang'es. Surtout, je vous en prie, faites que Th'eodore ignore toujours la petite entente intervenue entre nous.
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