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Том 3. Публицистические произведения
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Car encore une fois la s'ecularisation de l’Etat romain est au bout de toute r'eforme sinc`ere et s'erieuse qu’on voudrait y introduire, et d’autre part la s'ecularisation dans les circonstances pr'esentes ne serait qu’un d'esarmement devant l’ennemi — une capitulation…

Eh bien, qu’est-ce `a dire? que la question romaine pos'ee dans ces termes est tout bonnement un labyrinthe sans issue; que l’institution papale par le d'eveloppement d’un vice cach'e en est arriv'ee apr`es une dur'ee de quelques si`ecles `a cette p'eriode de l’existence o`u la vie, comme on l’a dit, ne se faisait plus sentir que par une difficult'e d’^etre? Que Rome qui a fait l’Occident `a son image se trouve comme lui accul'ee `a une impossibilit'e? Nous ne disons pas le contraire…

Et c’est ici qu’'eclate visible comme le soleil cette logique providentielle qui r'egit comme une loi int'erieure les 'ev'enements de ce monde.

Huit si`ecles seront bient^ot r'evolus depuis le jour o`u Rome a bris'e le dernier lien qui la rattachait `a la tradition orthodoxe de l’Eglise universelle. — Ce jour-l`a Rome en se faisant une destin'ee `a part a d'ecid'e pour des si`ecles de celle de l’Occident.

On conna^it g'en'eralement les diff'erences dogmatiques qui s'eparent Rome de l’Eglise orthodoxe. Au point de vue de la raison humaine cette diff'erence, tout en motivant la s'eparation, n’explique pas suffisamment l’ab^ime qui c’est creus'e non pas entre les deux Eglises — puisque l’Eglise est Une et Universelle — mais entre les deux mondes, les deux humanit'es pour ainsi dire qui ont suivi ces deux drapeaux diff'erents.

Elle n’explique pas suffisamment comment ce qui a d'evi'e alors, a d^u de toute n'ecessit'e aboutir au terme o`u nous le voyons arriver aujourd’hui.

J'esus-Christ avait dit:

«Mon Royaume n’est pas de ce monde»; — eh bien, il s’agit de comprendre comment Rome, apr`es s’^etre s'epar'ee de l’Unit'e, s’est crue en droit, dans un int'er^et qu’elle a identifi'e avec l’int'er^et m^eme du christianisme, d’organiser un Royaume du Christ comme un royaume du monde.

Il est tr`es difficile, nous le savons bien, dans les id'ees de l’Occident de donner `a cette parole sa signification l'egitime; on sera toujours tenter de l’expliquer, non pas dans le sens orthodoxe, mais dans un sens protestant. Or, il y a entre ces deux sens la distance, qui s'epare ce qui est divin de ce qui est humain. Mais pour ^etre s'epar'ee par cette incommensurable distance, la doctrine orthodoxe, il faut le reconna^itre, n’est gu`ere plus rapproch'ee de celle de Rome — et voici pourquoi:

Rome, il est vrai, n’a pas fait comme le Protestantisme, elle n’a point supprim'e le centre chr'etien qui est l’Eglise, au profit du moi humain — mais elle l’a absorb'e dans le moi romain. — Elle n’a point ni'e la tradition, elle s’est content'ee de la confisquer `a son profit. Mais usurper sur ce qui est divin n’est-ce pas aussi le nier?.. Et voil`a ce qui 'etablit cette redoutable, mais incontestable solidarit'e qui rattache `a travers les temps l’origine du Protestantisme aux usurpations de Rome. Car l’usurpation a cela de particulier que non-seulement elle suscite la r'evolte, mais cr'ee encore `a son profit une apparence de droit.

Aussi l’'ecole r'evolutionnaire moderne ne s’y est-elle pas tromp'ee. La r'evolution, qui n’est que l’apoth'eose de ce m^eme moi humain arriv'e `a son entier et plein 'epanouissement, n’a pas manqu'e de reconna^itre pour siens et de saluer comme ses deux glorieux ma^itres Luther aussi bien que Gr'egoire VII. La voix du sang lui a parl'e et elle a adopt'e l’un en d'epit de ses croyances chr'etiennes comme elle a presque canonis'e l’autre, tout pape qu’il 'etait.

Mais si le rapport 'evident qui lie les trois termes de cette s'erie est le fond m^eme de la vie historique de l’Occident, il est tout aussi incontestable qu’on ne saurait lui assigner d’autre point de d'epart que cette alt'eration profonde que Rome a fait subir au principe chr'etien par l’organisation qu’elle lui a impos'ee.

Pendant des si`ecles l’Eglise d’Occident, sous les auspices de Rome, avait presque enti`erement perdu le caract`ere que la loi de son origine lui assignait. Elle avait cess'e d’^etre au milieu de la grande soci'et'e humaine une soci'et'e de fid`eles librement r'eunie en esprit et en v'erit'e sous la loi du Christ. Elle 'etait devenue une institution, une puissance politique — un Etat dans l’Etat. A vrai dire, pendant la dur'ee du moyen-^age, l’Eglise en Occident n’'etait autre chose qu’une colonie romaine 'etablie dans un pays conquis.

C’est cette organisation qui, en rattachant l’Eglise `a la gl`ebe des int'er^ets terrestres, lui avait fait, pour ainsi dire, des destin'ees mortelles. En incarnant l’'el'ement divin dans un corps infirme et p'erissable, elle lui a fait contracter toutes les infirmit'es comme tous les app'etits de la chair. De cette organisation est sortie pour l’Eglise romaine, par une fatalit'e providentielle, — la n'ecessit'e de la guerre, de la guerre mat'erielle, n'ecessit'e qui, pour une institution comme l’Eglise, 'equivalait `a une condamnation absolue. De cette organisation sont n'es ce conflit de pr'etentions et cette rivalit'e d’int'er^ets qui devaient forc'ement aboutir `a une lutte acharn'ee entre le Sacerdoce et l’Empire — `a ce duel vraiment impie et sacril`ege qui en se prolongeant `a travers tout le moyen-^age a bless'e `a mort en Occident le principe m^eme de l’autorit'e.

De l`a tant d’exc`es, de violences, d’'enormit'es accumul'es pendant des si`ecles pour 'etayer ce pouvoir mat'eriel dont Rome ne croyait pas pouvoir se passer pour sauvegarder l’Unit'e de l’Eglise et qui n'eanmoins ont fini, comme ils devaient finir, par briser en 'eclats cette Unit'e pr'etendue. Car, on ne saurait le nier, l’explosion de la R'eforme au seizi`eme si`ecle n’a 'et'e dans son origine que la r'eaction du sentiment chr'etien trop longtemps froiss'e, contre l’autorit'e d’une Eglise qui sous beaucoup de rapports ne l’'etait plus que de nom. — Mais comme depuis des si`ecles Rome s’'etait soigneusement interpos'ee entre l’Eglise universelle et l’Occident, les chefs de la R'eforme, au lieu de porter leurs griefs au tribunal de l’autorit'e l'egitime et comp'etente, aim`erent mieux en appeler au jugement de la conscience individuelle — c’est-`a-dire qu’ils se firent juges dans leur propre cause.

Voil`a l’'ecueil sur lequel la r'eforme du seizi`eme si`ecle est venue 'echouer. Telle est, n’en d'eplaise `a la sagesse des docteurs de l’Occident, la v'eritable et la seule cause qui a fait d'evier ce mouvement de la r'eforme — chr'etien `a son origine, jusqu’`a la faire aboutir `a la n'egation de l’autorit'e de l’Eglise et, par suite, du principe m^eme de toute autorit'e. Et c’est par cette br`eche, que le

Protestantisme a ouverte pour ainsi dire `a son insu, que le principe anti-chr'etien a fait plus tard irruption dans la soci'et'e de l’Occident.

Ce r'esultat 'etait in'evitable, car le moi humain livr'e `a lui-m^eme est anti-chr'etien par essence. La r'evolte, l’usurpation du moi ne datent pas assur'ement des trois derniers si`ecles, mais ce qui alors 'etait nouveau, ce qui se produisait pour la premi`ere fois dans l’histoire de l’humanit'e, c’'etait de voir cette r'evolte, cette usurpation 'elev'ees `a la dignit'e d’un principe et s’exercant `a titre d’un droit essentiellement inh'erent `a la personnalit'e humaine.

II ne fallait pas moins que la venue au monde du Christianisme pour inspirer `a l’homme des pr'etentions aussi alti`eres, comme il ne fallait pas moins que la pr'esence du souverain l'egitime pour rendre la r'evolte compl`ete et l’usurpation flagrante.

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