Том 3. Публицистические произведения
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Si une aussi triste haine pouvait inspirer autre chose que de la piti'e, la Russie certes se trouverait suffisamment veng'ee par le spectacle que l’Allemagne vient de donner au monde `a la suite de la r'evolution de F'evrier. Car c’est peut-^etre un fait sans pr'ec'edent dans l’histoire que de voir tout un peuple se faisant le plagiaire d’un autre au moment m^eme o`u il se livre `a la violence la plus effr'en'ee.
Et qu’on ne dise pas, pour justifier tous ces mouvements si 'evidemment factices qui viennent de bouleverser tout l’ordre politique de l’Allemagne et de compromettre jusqu’`a l’existence de l’ordre social lui-m^eme, qu’ils ont 'et'e inspir'es par un sentiment sinc`ere g'en'eralement 'eprouv'e, par le besoin de l’unit'e allemande. Ce sentiment est sinc`ere, soit; ce voeu est celui de la grande majorit'e, je le veux bien; mais qu’est-ce que cela prouve?.. C’est encore l`a une des plus folles illusions de notre 'epoque que de s’imaginer qu’il suffise qu’une chose soit vivement, ardemment convoit'ee par le grand nombre, pour qu’elle devienne par cela seul n'ecessairement r'ealisable. D’ailleurs, il faut bien le reconna^itre, il n’y a pas dans la soci'et'e de nos jours ni voeu, ni besoin (quelque sinc`ere, quelque l'egitime qu’il soit) que la R'evolution en s’en emparant ne d'enature et ne convertisse en mensonge, et c’est pr'ecis'ement ce qui est arriv'e avec la question de l’unit'e allemande: car pour qui n’a pas abdiqu'e toute facult'e de reconna^itre l’'evidence, il doit ^etre clair d`es `a pr'esent que dans la voie o`u l’Allemagne vient de s’engager `a la recherche de la solution du probl`eme, ce n’est pas `a l’unit'e qu’elle aboutira, mais bien `a un effroyable d'echirement, `a quelque catastrophe supr^eme et irr'eparable.
Oui, certes, on ne tardera pas `a reconna^itre que la seule unit'e qui f^ut possible, non pas pour l’Allemagne telle que les journaux la font, mais pour l’Allemagne r'eelle que son histoire l’a faite, la seule chance d’unit'e s'erieuse et pratique pour ce pays 'etait indissolublement li'ee au syst`eme politique qu’il vient de briser.
Si, pendant ces derni`eres trente-trois ann'ees, les plus heureuses peut-^etre de toute son histoire, l’Allemagne a form'e un corps politique hi'erarchiquement constitu'e et fonctionnant d’une mani`ere r'eguli`ere, `a quelles conditions un pareil r'esultat a-t-il pu ^etre obtenu et assur'e? C’'etait 'evidemment `a la condition d’une entente sinc`ere entre les deux grandes puissances qui repr'esentent en Allemagne les deux principes qui se disputent ce pays depuis plus de trois si`ecles. Mais cet accord lui-m^eme, si lent `a s’'etablir, si difficile `a conserver, croit-on qu’il e^ut 'et'e possible, qu’il e^ut pu durer aussi longtemps, si l’Autriche et la Prusse, `a l’issue des grandes guerres contre la France, ne se fussent intimement ralli'ees `a la Russie, fortement appuy'ees sur elle? Voil`a la combinaison politique qui, en r'ealisant pour l’Allemagne le seul syst`eme d’unit'e qui lui f^ut applicable, lui a valu cette tr^eve de trente-trois ans qu’elle vient de rompre.
Il n’y a ni haine, ni mensonge qui pourront jamais pr'evaloir contre ce fait-l`a. Dans un acc`es de folie, l’Allemagne a bien pu briser une alliance qui, sans lui imposer aucun sacrifice, assurait et prot'egeait son ind'ependance nationale, mais par l`a m^eme elle s’est priv'ee `a jamais de toute base solide et durable.
Voyez plut^ot la d'emonstration de cette v'erit'e par la contre-'epreuve des 'ev'enements, dans ce terrible moment o`u les 'ev'enements marchent presque aussi vite que la parole humaine. Il y a `a peine deux mois que la R'evolution en Allemagne s’est mise `a la besogne, et d'ej`a il faut lui rendre cette justice, l’oeuvre de la d'emolition dans ce pays est plus avanc'ee qu’elle ne l’'etait sous la main de Napol'eon apr`es dix de ses foudroyantes campagnes.
Voyez l’Autriche plus compromise, plus abattue, plus d'emantel'ee qu’en 1809. Voyez la Prusse vou'ee au suicide par sa connivence fatale et forc'ee avec le parti polonais. Voyez les bords du Rhin, o`u, en d'epit des chansons et des phrases, la conf'ed'eration Rh'enane n’aspire qu’`a rena^itre. L’anarchie partout, l’autorit'e nulle part, et tout cela sous le coup d’une France o`u bout une r'evolution sociale qui ne demande qu’`a d'eborder dans la r'evolution politique qui travaille l’Allemagne.
D`es `a pr'esent, pour tout homme sens'e la question de l’unit'e allemande est une question jug'ee. Il faudrait avoir ce genre d’ineptie propre aux id'eologues allemands pour se demander s'erieusement si ce tas de journalistes, d’avocats et de professeurs qui se sont r'eunis `a Francfort, en se donnant la mission de recommencer Charlemagne, ont quelque chance appr'eciable de r'eussir dans l’oeuvre qu’ils ont entreprise, si sur ce sol qui tremble ils auront la main assez puissante et assez habile pour relever la pyramide renvers'ee en la faisant tenir sur la pointe.
La question n’est plus l`a; il ne s’agit plus de savoir si l’Allemagne sera une, mais si de ces d'echirements int'erieurs compliqu'es probablement d’une guerre 'etrang`ere elle parviendra `a sauver un lambeau quelconque de son existence nationale.
Les partis qui vont d'echirer ce pays commencent d'ej`a `a se dessiner. D'ej`a sur diff'erents points la R'epublique a pris pied en Allemagne, et l’on peut compter qu’elle ne se retirera pas sans avoir combattu, car elle a pour elle la logique et derri`ere elle la France. Aux yeux de ce parti la question de nationalit'e n’a ni sens, ni valeur. Dans l’int'er^et de sa cause il n’h'esitera pas un instant `a immoler l’ind'ependance de son pays, et il enr^olerait l’Allemagne tout enti`ere plut^ot aujourd’hui que demain sous le drapeau de la France, f^ut-ce m^eme sous le drapeau rouge. Ses auxiliaires sont partout; il trouve aide et appui dans les hommes comme dans les choses, aussi bien dans les instincts anarchiques des masses que dans les institutions anarchiques que viennent d’^etre sem'ees avec tant de profusion `a travers toute l’Allemagne. Mais ses meilleurs, ses plus puissants auxiliaires sont pr'ecis'ement les hommes qui d’un moment `a l’autre peuvent ^etre appel'es `a la combattre: tant les hommes se trouvent li'es `a elle par la solidarit'e des principes. Maintenant, toute la question est de savoir si la lutte 'eclatera avant que les pr'etendus conservateurs aient eu le temps de compromettre par leurs divisions et leurs folies tous les 'el'ements de force et de r'esistance dont l’Allemagne dispose encore; si, en un mot, attaqu'es par le parti r'epublicain, ils se d'ecident `a voir en lui ce qu’il est en effet l’avant-garde de l’invasion francaise, et retrouvent, dans le sentiment du danger dont l’ind'ependance nationale s'erait menac'ee, assez d’'energie pour combattre la r'epublique `a toute outrance; ou bien si pour s’'epargner la lutte ils aimeront mieux accepter quelque faux semblant de transaction qui ne serait au fond de leur part qu’une capitulation d'eguis'ee. Dans le cas o`u cette derni`ere supposition viendrait `a se r'ealiser, alors (il faut le reconna^itre) l’'eventualit'e d’une croisade contre la Russie, de cette croisade qui a toujours 'et'e le r^eve ch'eri de la R'evolution et qui maintenant est devenu son cri de guerre — cette 'eventualit'e se convertirait en une presque certitude; le jour de la lutte d'ecisive serait presque arriv'e, et c’est la Pologne qui servirait de champ de bataille. Voil`a du moins la chance que caressent avec amour les r'evolutionnaires de tous les pays; mais il y a toutefois un 'el'ement de la question dont ils ne tiennent pas assez compte, et cette omission pourrait singuli`erement d'eranger leurs calculs.
Le parti r'evolutionnaire, en Allemagne surtout, para^it s’^etre persuad'e que puisque lui-m^eme faisait si bon march'e de l’'el'ement national, il en serait de m^eme dans tous les pays soumis `a son action et que partout et toujours la question de principe primerait la question de nationalit'e. D'ej`a les 'ev'enements de la Lombardie ont d^u faire faire de singuli`eres r'eflexions aux 'etudiants r'eformateurs de Vienne, qui s’'etaient imagin'e qu’il suffisait de chasser le prince de Metternich et de proclamer la libert'e de la presse pour r'esoudre les formidables difficult'es qui p`esent sur la monarchie autrichienne. Les Italiens n’en persistent pas moins `a ne voir en eux que des Tedeschi et des Barbari, tout comme s’ils ne s’'etaient pas r'eg'en'er'es dans les eaux lustrales de l’'emeute. Mais l’Allemagne r'evolutionnaire ne tardera pas `a recevoir `a cet 'egard une lecon plus significative et plus s'ev`ere encore, car elle lui sera administr'ee de plus pr`es. En effet, on n’a pas pens'e qu’en brisant ou en affaiblissant tous les anciens pouvoirs, qu’en remuant jusque dans ses profondeurs tout l’ordre politique de ce pays, on allait y r'eveiller la plus redoutable des complications, une question de vie et de mort pour son avenir — la question des races. On avait oubli'e qu’au coeur m^eme de cette Allemagne, dont on r^eve
l’unit'e, il y avait dans le bassin de la Boh^eme et dans les pays slaves qui l’entourent six `a sept millions d’hommes pour qui, de g'en'erations en g'en'erations, l’Allemand depuis des si`ecles n’a pas cess'e d’^etre un seul instant quelque chose de pis qu’un 'etranger, pour qui l’Allemand est toujours un Немец…Il ne s’agit pas ici bien entendu du patriotisme litt'eraire de quelques savants de Prague, tout honorable qu’il puisse ^etre; ces hommes ont rendu sans doute de grands services `a la cause de leur pays et ils lui en rendront encore; mais la vie de la Boh^eme n’est pas l`a. La vie d’un peuple n’est jamais dans les livres que l’on imprime pour lui, `a moins toutefois que ce ne soit le peuple allemand; la vie d’un peuple est dans ses instincts et dans ses croyances, et les livres, il faut l’avouer, sont bien plus puissants pour les 'enerver et les fl'etrir que pour les ranimer et les faire vivre. Tout ce qui reste donc `a la Boh^eme de vraie vie nationale est dans ses croyances Hussites, dans cette protestation toujours vivante de sa nationalit'e slave opprim'ee contre l’usurpation de l’Eglise romaine, aussi bien que contre la domination allemande. C’est l`a le lien qui l’unit `a tout son pass'e de luttes et de gloire, et c’est l`a aussi le cha^inon qui pourra rattacher un jour le Чех de la Boh^eme `a ses fr`eres d’Orient. On ne saurait assez insister sur ce point, car ce sont pr'ecis'ement ces r'eminiscences sympathiques de l’Eglise d’Orient, ce sont ces retours vers la vieille foi dont le hussitisme dans son temps n’a 'et'e qu’une expression imparfaite et d'efigur'ee, qui 'etablissent une diff'erence profonde entre la Pologne et la Boh^eme: entre la Boh^eme ne subissant que malgr'e elle le joug de la communaut'e occidentale, et cette Pologne factieusement catholique — s'eide fanatique de l’Occident et toujours tra^itre vis-`a-vis des siens.
Je sais que pour le moment la v'eritable question en Boh^eme ne s’est pas encore pos'ee et que ce qui s’agite et se remue `a la surface du pays, c’est du lib'eralisme le plus vulgaire m^el'e de communisme dans les villes et probablement d’un peu de jacquerie dans les campagnes. Mais toute cette ivresse tombera bient^ot, et au train dont vont les choses le fond de la situation ne tardera pas `a para^itre. Alors la question pour la Boh^eme sera celle-ci: une fois l’Empire d’Autriche dissous par la perte de la Lombardie et par l’'emancipation maintenant compl`ete de la Hongrie, que fera la Boh^eme avec ces peuples qui l’entourent, Moraves, Slovaques, c’est-`a-dire sept `a huit millions d’hommes de m^eme langue et de m^eme race qu’elle? Aspirera-t-elle `a se constituer d’une mani`ere ind'ependante, ou se pr^etera-t-elle `a entrer dans le cadre ridicule de cette future Unit'e Germanique qui ne sera jamais que l’Unit'e du Chaos? Il est peu probable que ce dernier parti la tente beaucoup. D`es lors elle se trouvera infailliblement en butte `a toutes sortes d’hostilit'es et d’agressions, et pour y r'esister ce n’est certes pas sur la Hongrie qu’elle pourra s’appuyer. Pour savoir donc quelle est la puissance vers laquelle la Boh^eme, en d'epit des id'ees qui dominent aujourd’hui et des institutions qui la r'egiront demain, se trouvera forc'ement entra^in'ee, je n’ai besoin de me rappeler que ce que me disait en 1841 `a Prague le plus national des patriotes de ce pays.
Mais s’il est vrai de dire que la Russie dans les circonstances actuelles a moins que jamais le droit de d'ecourager les sympathies qui viendraient `a elle, il est juste de reconna^itre d’autre part une loi historique qui jusqu’`a pr'esent a providentiellement r'egi ses destin'ees: c’est que ce sont toujours ses ennemis les plus acharn'es qui ont travaill'e avec le plus de succ`es au d'eveloppement de sa grandeur. Cette loi providentielle vient de lui en susciter un qui certainement jouera un grand r^ole dans les destin'ees de son avenir et qui ne contribuera pas m'ediocrement `a en h^ater l’accomplissement. Cet ennemi c’est la Hongrie, j’entends la Hongrie magyare. De tous les ennemis de la Russie c’est peut-^etre celui qui la hait de la haine la plus furieuse. Le peuple magyar, en qui la ferveur r'evolutionnaire vient de s’associer par la plus 'etrange des combinaisons `a la brutalit'e d’une horde asiatique et dont on pourrait dire, avec tout autant de justice que des Turcs, qu’il ne fait que camper en Europe, vit entour'e de peuples slaves qui lui sont tous 'egalement odieux. Ennemi personnel de cette race, dont il a pendant si longtemps ab^im'e les destin'ees, il se retrouve apr`es des si`ecles d’agitations et de turbulence toujours encore emprisonn'e au milieu d’elle. Tous ces peuples qui l’entourent: Serbes, Croates, Slovaques, Transylvaniens et jusqu’aux Petits-Russiens des Carpathes, sont les anneaux d’une cha^ine qu’il croyait `a tout jamais bris'ee. Et maintenant il sent au-dessus de lui une main qui pourra, quand il lui plaira, rejoindre ces anneaux et resserrer la cha^ine `a volont'e. De l`a sa haine instinctive contre la Russie. D’autre part, sur la foi du journalisme 'etranger, les meneurs actuels du parti se sont s'erieusement persuad'es que le peuple magyare avait une grande mission `a remplir dans l’Orient Orthodoxe; que c’'etait `a lui, en un mot, `a tenir en 'echec les destin'ees de la Russie… Jusqu’`a pr'esent l’autorit'e mod'eratrice de l’Autriche avait tant bien que mal contenu toute cette turbulence et cette d'eraison; mais maintenant que le dernier lien a 'et'e bris'e et que c’est le pauvre vieux p`ere, tomb'e en enfance, qui a 'et'e mis en tutelle, il est `a pr'evoir que le Magyarisme compl`etement 'emancip'e va donner libre cours `a toutes ces excentricit'es et courir les aventures les plus folles. D'ej`a il a 'et'e question de l’incorporation d'efinitive de la Transylvanie. On parle de faire revivre d’anciens droits sur les principaut'es du Danube et sur la Serbie. On va redoubler de propagande dans tous ces pays-l`a pour les ameuter contre la Russie, et quand on y aura mis la confusion partout, on compte bien un beau jour s’y pr'esenter en armes pour revendiquer, au nom de l’Occident l'es'e dans ses droits, la possession des bouches du Danube et dire `a la Russie d’une voix imp'erieuse: «Tu n’iras pas plus loin». — Voil`a certainement quelques articles du programme qui s’'elabore maintenant `a Presbourg. L’ann'ee derni`ere tout cela n’'etait encore que phrases de journal, maintenant cela peut, d’un moment `a l’autre, se traduire par des tentatives tr`es s'erieuses et tr`es compromettantes. Ce qui para^it n'eanmoins le plus imminent, c’est un conflit entre la Hongrie et les deux royaumes slaves qui en d'ependent. En effet, la Croatie et la Slavonie, ayant pr'evu que l’affaiblissement de l’autorit'e l'egitime `a Vienne allait les livrer infailliblement `a la discr'etion du Magyarisme, ont, `a ce qu’il para^it, obtenu du gouvernement autrichien la promesse d’une organisation s'epar'ee pour elles, en y joignant la Dalmatie et la fronti`ere militaire. Cette attitude que ces pays ainsi group'es essaient de prendre vis-`a-vis de la Hongrie ne manquera pas d’exasp'erer tous les anciens diff'erends et ne tardera pas `a y faire 'eclater une franche guerre civile, et comme l’autorit'e du gouvernement autrichien se trouvera probablement trop d'ebile pour s’interposer avec quelque chance de succ`es entre les combattants, les Slaves de la Hongrie qui sont les plus faibles succomberaient probablement dans la lutte sans une circonstance qui doit t^ot ou tard leur venir n'ecessairement en aide: c’est que l’ennemi qu’ils ont `a combattre est avant tout l’ennemi de la Russie, et c’est qu’aussi sur toute cette fronti`ere militaire, compos'ee aux trois quarts de Serbes orthodoxes, il n’y a pas une cabane de colon (au dire m^eme des voyageurs autrichiens) o`u, `a c^ot'e du portrait de l’empereur d’Autriche, l’on ne d'ecouvre le portrait d’un autre Empereur que ces races fid`eles s’obstinent `a consid'erer comme le seul l'egitime. D’ailleurs (pourquoi se le dissimuler) il est peu probable que toutes ces secousses de tremblement de terre qui bouleversent l’Occident s’arr^etent au seuil des pays d’Orient; et comment pourrait-il se faire que dans cette guerre `a outrance, dans cette croisade d’impi'et'e que la R'evolution, d'ej`a ma^itresse des trois quarts de l’Europe Occidentale, pr'epare `a la Russie, l’Orient Chr'etien, l’Orient Slave-Orthodoxe, lui dont la vie est indissolublement li'ee `a la n^otre, ne se trouv^at entra^in'e dans la lutte `a notre suite, et c’est peut-^etre m^eme par lui que la guerre commencera: car il est `a pr'evoir que toutes ces propagandes qui le travaillaient d'ej`a, propagande catholique, propagande r'evolutionnaire, etc., etc… toutes oppos'ees entre elles, mais r'eunies dans un sentiment de haine commune contre la Russie, vont maintenant se mettre `a l’oeuvre avec plus d’ardeur que jamais. On peut ^etre certain qu’elles ne reculeront devant rien pour arriver `a leurs fins… Et quel serait, juste Ciel! le sort de toutes ces populations chr'etiennes comme nous, si, en butte, comme elles le sont d'ej`a `a toutes ces influences abominables, si la seule autorit'e qu’elles invoquent dans leurs pri`eres venait `a leur faire d'efaut, dans un pareil moment? — En un mot, quelle ne serait pas l’horrible confusion o`u tomberaient ces pays d’Orient aux prises avec la R'evolution, si le l'egitime Souverain, si l’Empereur Orthodoxe d’Orient tardait encore longtemps `a y appara^itre!