Французский с Ги де Мопассаном. Избранные новеллы
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J’ai pris chez maman une petite bouteille de pharmacien, je l’ai broy'ee avec un marteau, et j’ai cach'e le verre dans ma poche. C’'etait une poudre brillante… Le lendemain, comme tu venais de faire les petits g^ateaux, je les ai fendus avec un couteau et j’ai mis le verre dedans… Il en a mang'e trois… moi aussi, j’en ai mang'e un… J’ai jet'e les six autres dans l’'etang… les deux cygnes sont morts trois jours apr`es… Tu te le rappelles ?… Oh! ne dis rien… 'ecoute, 'ecoute…
Moi seule, je ne suis pas morte (одна я не умерла)… mais j’ai toujours 'et'e malade (но я всегда болела: «была больной»)… 'ecoute (слушай)… Il est mort (он умер)… tu sais bien (ты знаешь)… 'ecoute… ce n’est rien cela (слушай… это не важно)… C’est apr`es, plus tard… toujours… le plus terrible (это
Ma vie, toute ma vie… quelle torture (моя жизнь, вся моя жизнь, какая это была мука; torture, f – пытка; мука; torturer – пытать, мучить)! Je me suis dit (я сказала себе): Je ne quitterai plus ma soeur (я больше не оставлю сестру). Et je lui dirai tout, au moment de mourir (и я скажу ей все в тот момент, как буду умирать)… Voil`a (вот). Et depuis, j’ai toujours pens'e `a ce moment-l`a (и с тех пор я всегда думала об этом моменте), `a ce moment-l`a o`u je te dirais tout (о моменте, когда я тебе все расскажу)… Le voici venu (вот он пришел)… C’est terrible (это ужасно)… Oh !… grande soeur (о, моя старшая сестра)!
Moi seule, je ne suis pas morte… mais j’ai toujours 'et'e malade… 'ecoute… Il est mort… tu sais bien… 'ecoute… ce n’est rien cela… C’est apr`es, plus tard… toujours… le plus terrible… 'ecoute…
Ma vie, toute ma vie… quelle torture! Je me suis dit: Je ne quitterai plus ma soeur. Et je lui dirai tout, au moment de mourir… Voil`a. Et depuis, j’ai toujours pens'e `a ce moment-l`a, `a ce moment-l`a o`u je te dirais tout… Le voici venu… C’est terrible… Oh !… grande soeur !
J’ai toujours pens'e, matin et soir, le jour, la nuit (я всегда думала, утром и вечером, днем и ночью): Il faudra que je lui dise cela, une fois (однажды надо будет ей это сказать)… J’attendais (я ждала)… Quel supplice (какая пытка; supplice, m – казнь; /перен./ пытка)!… C’est fait (это сделано = вот я и рассказала)… Ne dis rien (не говори ничего)… Maintenant, j’ai peur… j’ai peur… oh! j’ai peur (теперь мне страшно… мне страшно … о, /как/ мне страшно; peur, f – страх)! Si j’allais le revoir, tout `a l’heure, quand je serai morte (а если я его снова увижу сейчас, когда умру)… Le revoir… y songes-tu (увижу его, подумай только; songer – мечтать; думать)?… La premi`ere (первая)!… Je n’oserai pas (я не посмею)… Il le faut (но придется: «это нужно»)… Je vais mourir (я умру)… Je veux que tu me pardonnes (я хочу, чтобы ты меня простила). Je le veux (я хочу этого)… Je ne peux pas m’en aller sans cela devant lui (я не могу предстать перед ним без этого = без твоего прощения; s’en aller – уходить; умирать). Oh! dites-lui de me pardonner, monsieur le cur'e (о, скажите ей, чтобы она простила меня, господин кюре), dites-lui… je vous en prie (скажите ей… прошу вас). Je ne peux mourir sans ca (я не могу умереть без этого)…
J’ai toujours pens'e, matin et soir, le jour, la nuit: Il faudra que je lui dise cela, une fois… J’attendais… Quel supplice !… C’est fait… Ne dis rien… Maintenant, j’ai peur… j’ai peur… oh! j’ai peur! Si j’allais le revoir, tout `a l’heure, quand je serai morte… Le revoir… y songes-tu ?… La premi`ere !… Je n’oserai pas… Il le faut… Je vais mourir… Je veux que tu me pardonnes. Je le veux… Je ne peux pas m’en aller sans cela devant lui. Oh! dites-lui de me pardonner, monsieur le cur'e, dites-lui… je vous en prie. Je ne peux mourir sans ca…
Elle se tut, et demeura haletante (она замолчала и тяжело дышала; se taire; haleter – тяжело дышать), grattant toujours le drap de ses ongles crisp'es (по-прежнему судорожно царапая простыню своими ногтями; crisp'e – сморщенный; судорожно сжатый)…
Suzanne avait cach'e sa figure dans ses mains et ne bougeait plus (Сюзанна закрыла лицо руками: «спрятала лицо в руках» и не шевелилась). Elle pensait `a lui qu’elle aurait pu aimer si longtemps (она думала о нем, которого она могла бы так долго любить)! Quelle bonne vie ils auraient eue (какая
Elle se tut, et demeura haletante, grattant toujours le drap de ses ongles crisp'es…
Suzanne avait cach'e sa figure dans ses mains et ne bougeait plus. Elle pensait `a lui qu’elle aurait pu aimer si longtemps! Quelle bonne vie ils auraient eue! Elle le revoyait, dans l’autrefois disparu, dans le vieux pass'e `a jamais 'eteint. Morts ch'eris! comme ils vous d'echirent le coeur! Oh! ce baiser, son seul baiser! Elle l’avait gard'e dans l’^ame. Et puis plus rien, plus rien dans toute son existence !…
Le pr^etre tout `a coup se dressa (вдруг священник встал) et, d’une voix forte, vibrante, il cria (и громко взволнованно крикнул; voix, f – голос; fort – сильный; громкий; vibrant – вибрирующий, взволнованный):
– Mademoiselle Suzanne, votre soeur va mourir (мадемуазель Сюзанна, ваша сестра сейчас умрет)!
Alors Suzanne, ouvrant ses mains, montra sa figure tremp'ee de larmes (тогда Сюзанна, опуская руки, показала свое мокрое от слез лицо; ouvrir – открывать; tremper – окунать; мочить; larme, f), et, se pr'ecipitant sur sa soeur, elle la baisa de toute sa force en balbutiant (и, бросившись к сестре, она крепко: «изо всех сил» поцеловала ее, прошептав; se pr'ecipiter – устремляться вниз; бросаться, устремляться; balbutier – говорить невнятно, бормотать):
– Je te pardonne, je te pardonne, petite (я прощаю тебя, я тебя прощаю, моя малышка)…
Le pr^etre tout `a coup se dressa et, d’une voix forte, vibrante, il cria :
– Mademoiselle Suzanne, votre soeur va mourir !
Alors Suzanne, ouvrant ses mains, montra sa figure tremp'ee de larmes, et, se pr'ecipitant sur sa soeur, elle la baisa de toute sa force en balbutiant :
– Je te pardonne, je te pardonne, petite…
Le port
(В порту)
Sorti du Havre le 3 mai 1882 (отправившись из Гавра 3 мая 1882 года; sortir – выходить), pour un voyage dans les mers de Chine (в путешествие по китайским морям; mer, f), le trois-m^ats carr'e Notre-Dame-des-Vents rentra au port de Marseille le 8 ao^ut 1886 (трехмачтовый парусник «Пресвятая Дева ветров» вернулся в Марсельский порт 8 августа 1886 года; carr'e, m – квадрат; кают-компания; m^at, m – мачта; Notre-Dame, f – Богоматерь; Дева Мария; vent, m), apr`es quatre ans de voyages (после четырех лет путешествий). Son premier chargement d'epos'e dans le port chinois o`u il se rendait (доставив свой первый груз в китайский порт, куда он направлялся; chargement, m – нагрузка; груз; charger – грузить; d'eposer – снимать с себя; отвозить, доставлять), il avait trouv'e sur-le-champ un fret nouveau pour Buenos-Aires (он тотчас же нашел новый фрахт на Буэнос-Айрес; sur-le-champ – немедленно, тотчас же; champ, m – поле; fret, m – фрахтование; фрахт), et, de l`a, avait pris des marchandises pour le Br'esil (а там взял товары для Бразилии = оттуда повез товары в Бразилию; marchandise, f).