Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
Шрифт:
— Parbleu ! s’'ecria-t-il, je viens d’entrer `a Notre-Dame, et je suis dans le vestiaire du clerg'e… Ah ! par exemple !
Fandor, en effet, voyait autour de lui, pendus dans ces armoires, des v^etements sacerdotaux de toutes sortes.
Il apercevait une chasuble toute dor'ee, rutilante, splendide.
Puis `a c^ot'e c’'etait une robe rouge d’enfant de choeur et enfin les ornements noirs qui servent aux pr^etres lors des enterrements.
Plus loin, il y avait sur une chaise une humble et modeste soutane recouverte d’un surplis blanc, un v^etement de pr^etre sans aucun doute.
Fandor n’h'esitait pas une seconde ; il se pr'ecipitait sur cette robe, il la rev^etait dans l’espace d’un instant. Une bavette se trouvait `a proximit'e, Fandor la prit, la noua autour de son cou.
— Avec ca, songeait-il, s’ils me reconnaissent, je veux bien ^etre br^ul'e vif !
Le journaliste, d’ailleurs, ne s’attardait point dans ce vestiaire. Il ouvrait une porte, suivait encore une large galerie, puis d'esormais se trouvait dans la grande nef de la cath'edrale o`u r'egnait un silence religieusement recueilli.
Quelques d'evotes 'etaient assises, qui ne jet`erent m^eme pas un coup d’oeil furtif sur Fandor, qui se dirigea en h'esitant vers l’entr'ee de l’'eglise.
Mais, `a ce moment, quelques personnes s’y introduisaient, qui se heurt`erent au journaliste.
Quelqu’un, un des passants qui avait poursuivi Fandor, courut `a lui.
— Ca y est, pensa le journaliste, je suis fichu, ils me reconnaissent…
Mais Fandor se trompait.
— Pardon, monsieur, de vous d'eranger, articula le passant, qui haletait encore tant sa course avait 'et'e rapide. Nous sommes `a la poursuite d’un malfaiteur, car assur'ement on ne s’'echappe pas de la morgue en calecon sans ^etre un malfaiteur ! Nous avons la certitude que cet homme est entr'e dans l’'eglise par la petite porte qui est `a l’autre extr'emit'e… Pourriez-vous nous aider `a le poursuivre, `a le rattraper ?
Fandor r'eprimait, malgr'e les tragiques aventures qu’il venait de vivre, une violente envie de rire.
— Ah ! par exemple ! pensa-t-il, voil`a qui est plus fort que tout ! Ah les braves gens !… Ils me demandent de les aider `a courir apr`es moi-m^eme !… Attendez donc un peu…
Fandor affectait un air terrifi'e.
— Un malfaiteur `a Notre-Dame ! s’'ecria-t-il en joignant les mains dans une pose onctueuse et bien eccl'esiastique, ca n’est pas possible !
Il faisait mine de s’affoler.
— Je ne suis qu’un pauvre bedeau, murmura-t-il, mais adressez-vous donc `a M. le cur'e. Qu’on pr'evienne la gardienne de chaises !
Fandor, d’un geste de la main, indiquait `a ses interlocuteurs l’autre c^ot'e de l’'eglise.
— Allez par l`a, allez vite ! leur disait-il. Quant `a moi, je vais par ici, pour faire le n'ecessaire…
La foule ob'eissait `a Fandor et quelques secondes apr`es, celui-ci, qui avait d'efinitivement d'epist'e ses poursuivants, sortait de l’'eglise et se trouvait sur le parvis Notre-Dame.
Ouf ! pensa Fandor, me voil`a tir'e d’affaire.
Un taxi automobile passait, le journaliste lui fit signe. Il y montait en h^ate.
— Conduisez-moi, dit-il…
Mais Fandor, soudain, s’apercevait qu’il n’avait pas d’argent.
— Bougre de bougre, fit-il, comment m’arranger ?
Il descendait du taxi, non sans essuyer de terribles injures que lui d'ecochait le chauffeur, puis il se mit `a longer l’H^otel-Dieu, `a gagner le pont d’Arcole, le pas press'e.
Dans la poche de la robe qu’il portait Fandor avait trouv'e une petite calotte de velours.
— C’est de la chance ! pensa-t-il.
Mais il 'etait bien encore plus heureux de voir que la poche contenait encore un porte-monnaie dont il inventoria le contenu.
— Cent cinquante francs ! s’'ecria Fandor… Sauv'e cette fois ! J’ai de quoi partir pour Grenoble, et je ne vais pas manquer d’aller raconter `a Juve la derni`ere aventure survenue `a Fandor…
Devant la morgue, cependant quelqu’un p'erorait, faisant force geste au milieu d’un groupe qu’il amusait par ses fac'eties. C’'etait Bouzille, qui, tout gonfl'e d’importance, racontait `a la foule abasourdie :
— Le journaliste J'er^ome Fandor vient de manquer d’une seconde l’arrestation de Fant^omas !
Chapitre XX
Aux 'ecoutes !
Le secr'etaire g'en'eral de la pr'efecture de Grenoble causait avec le commissaire de police :
— Vraiment ! lui disait ce dernier, ces inspecteurs de Paris, surtout lorsque ce sont des personnages comme M. Juve, ont des facons d’^etre un peu originales, m^eme un peu extraordinaires !
Le secr'etaire g'en'eral approuvait, le commissaire de police continuait :
— Apr`es la d'ecouverte sensationnelle qu’il avait faite du cadavre de ce malheureux Daniel dans la montagne au-dessus de Grenoble, M. Juve nous avait formellement annonc'e son d'epart pour Paris tout en nous recommandant de bien cacher son identit'e.
» Or, voici qu’au lieu de partir et de s’'elancer `a la poursuite de Fant^omas, comme il semblait en avoir l’intention, M. Juve fait volte-face, et reste ici, parmi nous. Mais toujours avec le d'esir de n’^etre connu de personne !
— Pardon, interrompit le secr'etaire g'en'eral, je vous arr^ete, monsieur le commissaire de police… si toutefois je puis m’exprimer ainsi. M. Juve est en effet rest'e `a Grenoble, mais il ne se cache pas, bien au contraire. Il a fait dire par les journalistes qui l’ont interview'e, et ceux qui l’ont interview'e en tant que Juve, qu’il habitait au Modem H^otel.
— Tout cela, conclut le commissaire de police, est fort 'etrange, et je suis tr`es heureux de n’^etre point m^el'e `a cette affaire.