Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Un quart d’heure plus tard, Juve 'etait naturellement au Nocturn-H^otel, Il avait la chance d’y trouver un extraordinaire individu, vaguement indicateur de la police, encore plus vaguement bookmaker, et de facon apparente, garcon de chambre.
Juve, naturellement, questionna l’individu : il en obtint tout juste la confirmation des renseignements recueillis au Crocodile.L’oncle Baraban avait bien une ma^itresse, il venait r'eguli`erement dans cet h^otel, mais personne ne savait quelle 'etait la femme,
L`a-dessus, moins bien renseign'e que Fandor, mais satisfait cependant, Juve rentrait chez lui.
— Allons, pensait le policier, demain matin, je surprendrai Fandor, en lui indiquant cette nouvelle piste. Il faudra bien que nous retrouvions la ma^itresse de Baraban, et que nous sachions si ce n’est pas avec elle que le vieux bonhomme est parti.
Juve pensait surprendre Fandor. En fait, c’est lui qui fut surpris le lendemain matin.
Dans son courrier, en effet, il trouvait une enveloppe dont l’adresse r'ev'elait la main du journaliste.
`A l’int'erieur de cette enveloppe, Juve d'ecouvrait sa carte de police, son « oeil », et de plus, une carte de visite de Fandor.
— C`a, c’est fort, pensa Juve, qui comprenait en un instant quel 'etait son voleur. Fandor me paiera cela, avec les int'er^ets.
Le policier fulminait encore, qu’on l’appelait au t'el'ephone :
— All^o, qui est l`a ? demanda Juve.
Il entendit une voix qui lui r'epondait :
— C’est moi, Havard.
— Tr`es bien, que me voulez-vous ?
— D’abord, mon cher Juve, je tiens `a vous convoquer pour aujourd’hui m^eme, `a trois heures, rue Richer. Il s’agit de lever les scell'es appos'es sur l’appartement du crime.
— All^o, avez-vous donc du nouveau ? demanda Juve.
— Peut-^etre, dit M. Havard, puis, apr`es un temps, le chef de la S^uret'e, ajouta :
— Dites donc, Juve, entre nous, autre chose : j’ai pay'e votre note du Crocodile, recue ce matin. Mais il me semble que vous avez un peu exag'er'e. Peste, mon cher, vous ne vous refusez plus rien maintenant. Le menu 'etait fort bon !
On e^ut annonc'e `a Juve que Paris s’'etait 'ecroul'e, que la tour Eiffel avait grandi de cent m`etres dans la nuit pr'ec'edente, qu’il n’e^ut pas 'et'e plus ahuri.
— Ma note du Crocodile ? protesta Juve. All^o ? Mon menu ? Ah ca qu’est-ce que vous me racontez monsieur Havard, je n’ai rien pris au Crocodile. J’ai m^eme 'et'e `a peu pr`es flanqu'e `a la porte.
Mais aucune voix ne r'epondit. Une employ'ee z'el'ee avait tranquillement coup'e la communication.
14 – PERQUISITIONS
Il 'etait tout pr`es de trois heures et Juve, exact comme un militaire, attendait depuis quelques minutes `a peine, lorsque le coup'e de M. Havard arriva rue Richer et stoppa `a la hauteur du policier.
M. Havard sauta de voiture plut^ot qu’il n’en descendit. Il paraissait joyeux et apostropha Juve.
— Tiens, voil`a notre noceur. Comment ca va-t-il depuis ce matin ?
— Cela va parfaitement, r'epondait Juve, je vous remercie, mais je tiens `a d'egager tout de suite ma r'eputation compromise. Monsieur Havard, foi d’honn^ete policier, je ne m'erite pas d’^etre trait'e de noceur.
`A cela, M. Havard r'epondait plaisamment en levant les bras au ciel :
— Qui donc le m'eriterait, grands dieux ? Savez-vous quel 'etait le total exorbitant de votre d^iner d’hier soir ? Cinquante-sept francs.
— Erreur, r'epondit Juve, profonde erreur. J’ai d^in'e pour deux francs soixante.
Et comme M. Havard le regardait fort surpris, Juve expliquait :
— Voici la cl'e de l’'enigme, M. Havard, vous avez 'et'e victime d’une plaisanterie de mon ami Fandor.
Et Juve, qui venait de d'ejeuner avec le journaliste, expliqua `a M. Havard, fort amus'e, les incidents de la nuit pr'ec'edente.
— Voil`a la v'erit'e, concluait-il. Fandor s’est conduit comme un polisson et m’a fait soupconner d’indiscr'etion notoire. En revanche, vous avouerez, patron, que mon jeune ami n’a pas perdu son temps.
Les deux hommes causaient encore sur le trottoir, M. Havard prit Juve par le bras et le poussa vers la porte coch`ere de l’immeuble du crime.
— Fandor n’a pas perdu son temps, approuvait M. Havard, c’est exact ! Vous non plus, Juve, et moi encore moins.
C’'etait l`a bien 'evidemment des paroles imprudentes, que Juve ne pouvait gu`ere laisser passer sans protester :
— Oh, oh, dit-il, on dirait que vous avez du nouveau ?
— Beaucoup de nouveau, r'epondit M. Havard. Je vous l’expliquerai tout `a l’heure.
Il regarda Juve en riant, puis ajouta :
— Et du nouveau qui vous surprendra, encore !
Or, `a ce moment, Juve faisait une mine assez curieuse :
« C’est bizarre, pensa le policier en lui-m^eme, mais Havard a l’air satisfait. C’est qu’il a trouv'e quelque chose qui peut lui donner `a penser que la th`ese de l’assassinat se confirme, or l’assassinat, je ne peux pas y croire.
Juve toutefois se garda bien d’exprimer ses r'eflexions `a haute voix.
— Patron, r'epondait-il, je suis pr^et `a vous 'ecouter quand vous voudrez.
M. Havard, cependant, de facon autoritaire, car il aimait un peu de temps `a autre `a faire parade de son grade, ouvrit la loge de la concierge.