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История кавалера де Грие и Манон Леско = Ніstoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
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Je sortis de chez lui moins satisfait encore que je n’y 'etais entr'e ; je me repentis m^eme de lui avoir confi'e mon secret.

Enfin cette confusion de pens'ees en produisit une qui remit le calme tout d’un coup dans mon esprit, et que je m’'etonnai de n’avoir pas eue plus t^ot : ce fut de recourir `a mon ami Tiberge, dans lequel j’'etais bien certain de retrouver toujours le m^eme fonds de z`ele et d’amiti'e.

Je regardai comme un effet de la protection du ciel de m’^etre souvenu si `a propos de Tiberge, et je r'esolus de chercher les moyens de le voir avant la fin du jour. Je retournai sur-le-champ au logis, pour lui 'ecrire un mot et lui marquer un lieu propre `a notre entretien. Je lui recommandai le silence et la discr'etion comme un des plus importants services qu’il p^ut me rendre dans la situation de mes affaires.

Une heure apr`es, je recus la r'eponse de Tiberge, qui me promettait de se rendre au lieu de l’assignation. J’y courus avec impatience. Je sentais n'eanmoins quelque honte d’aller para^itre aux yeux d’un ami dont la seule pr'esence devait ^etre un reproche de mes d'esordres : mais l’opinion que j’avais de la bont'e de son coeur et l’int'er^et de Manon soutinrent ma hardiesse.

Je l’avais pri'e de se trouver au jardin du Palais-Royal. Il y 'etait avant moi. Il vint m’embrasser aussit^ot qu’il m’eut apercu.

Nous nous ass^imes sur un banc. Il me demanda, comme une marque d’amiti'e, de lui raconter sans d'eguisement ce qui m’'etait arriv'e depuis mon d'epart de Saint-Sulpice. Je le satisfis ; et, loin d’alt'erer quelque chose `a la v'erit'e, ou de diminuer mes fautes pour les faire trouver plus excusables, je lui parlai de ma passion avec toute la force qu’elle m’inspirait. Je la lui repr'esentai comme un de ces coups particuliers du destin qui s’attache `a la ruine d’un mis'erable, et dont il est aussi impossible `a la vertu de se d'efendre qu’il l’a 'et'e `a la sagesse de les pr'evoir. Je lui fis une vive peinture de mes agitations, de mes craintes, du d'esespoir o`u j’'etais deux heures avant que de le voir, et de celui dans lequel j’allais retomber, si j’'etais abandonn'e par mes amis aussi impitoyablement que par la fortune ; enfin j’attendris tellement le bon Tiberge, que je le vis aussi afflig'e par la compassion que je l’'etais par le sentiment de mes peines.

Il ne se lassait point de m’embrasser et de m’exhorter `a prendre du courage et de la consolation ; mais comme il supposait toujours qu’il fallait me s'eparer de Manon, je lui fis entendre nettement que c’'etait cette s'eparation m^eme que je regardais comme la plus grande de mes infortunes, et que j’'etais dispos'e `a souffrir non seulement le dernier exc`es de la mis`ere, mais la mort la plus cruelle, avant que de recevoir un rem`ede plus insupportable que tous mes maux ensemble.

« Expliquez-vous donc, me dit-il ; quelle esp`ece de secours suis-je capable de vous donner, si vous vous r'evoltez contre toutes mes propositions ?

» Je n’osais lui d'eclarer que c’'etait de sa bourse que j’avais besoin. Il le comprit pourtant `a la fin ; et, m’ayant confess'e qu’il croyait m’entendre, il demeura quelque temps suspendu, avec l’air d’une personne qui balance. « Ne croyez pas, reprit-il bient^ot, que ma r^everie vienne d’un refroidissement de z`ele et d’amiti'e ; mais `a quelle alternative me r'eduisez-vous, s’il faut que je vous refuse le seul secours que vous voulez accepter, ou que je blesse mon devoir en vous l’accordant ? car n’est-ce pas prendre part `a votre d'esordre que de vous y faire pers'ev'erer ?

« Cependant, continua-t-il apr`es avoir r'efl'echi un moment, je m’imagine que c’est peut-^etre l’'etat violent o`u l’indigence vous jette qui ne vous laisse pas assez de libert'e pour choisir le meilleur parti. Il faut un esprit tranquille pour go^uter la sagesse et la v'erit'e. Je trouverai le moyen de vous faire avoir quelque argent. Permettez-moi, mon cher chevalier, ajouta-t-il en m’embrassant, d’y mettre seulement une condition : c’est que vous m’apprendrez le lieu de votre demeure, et que vous souffrirez que je fasse du moins mes efforts pour vous ramener `a la vertu, que je sais que vous aimez, et dont il n’y a que la violence de vos passions qui vous 'ecarte. »

Je lui accordai sinc`erement tout ce qu’il souhaitait, et je le priai de plaindre la malignit'e de mon sort, qui me faisait profiter si mal des conseils d’un ami si vertueux. Il me mena aussit^ot chez un banquier de sa connaissance, qui m’avanca cent pistoles sur son billet ; car il n’'etait rien moins qu’en argent comptant. J’ai d'ej`a dit qu’il n’'etait pas riche : son b'en'efice valait mille 'ecus ; mais, comme c’'etait la premi`ere ann'ee qu’il le poss'edait, il n’avait encore rien touch'e du revenu ; c’'etait sur les fruits futurs qu’il me faisait cette avance.

Je sentis tout le prix de sa g'en'erosit'e : j’en fus touch'e jusqu’au point de d'eplorer l’aveuglement d’un amour fatal qui me faisait violer tous les devoirs ; la vertu eut assez de force pendant quelques moments pour s’'elever dans mon coeur contre ma passion, et j’apercus, du moins dans cet instant de lumi`ere, la honte et l’indignit'e de mes cha^ines. Mais ce combat fut l'eger et dura peu. La vue de Manon m’aurait fait pr'ecipiter du ciel ; et je m’'etonnai, en me retrouvant pr`es d’elle, que j’eusse pu traiter un moment de honteuse une tendresse si juste pour un objet si charmant.

Manon 'etait une cr'eature d’un caract`ere extraordinaire. Jamais fille n’eut moins d’attachement qu’elle pour l’argent ; mais elle ne pouvait ^etre tranquille un moment avec la crainte d’en manquer. C’'etait du plaisir et des passe-temps qu’il lui fallait. Elle n’e^ut jamais voulu toucher un sou, si l’on pouvait se divertir sans qu’il en co^ute ; elle ne s’informait pas m^eme quel 'etait le fonds de nos richesses, pourvu qu’elle p^ut passer agr'eablement la journ'ee ; de sorte que, n’'etant ni excessivement livr'ee au jeu, ni capable d’^etre 'eblouie par le faste des grandes d'epenses, rien n’'etait plus facile que de la satisfaire, en lui faisant na^itre tous les jours des amusements de son go^ut. Mais c’'etait une chose si n'ecessaire pour elle d’^etre ainsi occup'ee par le plaisir, qu’il n’y avait pas le moindre fond `a faire sans cela sur son humeur et sur ses inclinations. Quoiqu’elle m’aim^at tendrement, et que je fusse le seul, comme elle en convenait volontiers, qui p^ut lui faire go^uter parfaitement les douceurs de l’amour, j’'etais presque certain que sa tendresse ne tiendrait point contre de certaines craintes. Elle m’aurait pr'ef'er'e `a toute la terre avec une fortune m'ediocre, mais je ne doutais nullement qu’elle ne m’abandonn^at pour quelque nouveau de B***, lorsqu’il ne me resterait que de la constance et de la fid'elit'e `a lui offrir.

Je r'esolus donc de r'egler si bien ma d'epense particuli`ere, que je fusse toujours en 'etat de fournir aux siennes, et de me priver plut^ot de mille choses n'ecessaires que de la borner m^eme pour le superflu. Le carrosse m’effrayait plus que tout le reste ; car il n’y avait point d’apparence de pouvoir entretenir des chevaux et un cocher.

Je d'ecouvris ma peine `a M. Lescaut. Je ne lui avais point cach'e que j’eusse recu cent pistoles d’un ami. Il me r'ep'eta que si je voulais tenter le hasard du jeu, il ne d'esesp'erait point qu’en sacrifiant de bonne gr^ace une centaine de francs pour traiter ses associ'es, je ne pusse ^etre admis, `a sa recommandation, dans la ligue de l’industrie. Quelque r'epugnance que j’eusse `a tromper, je me laissai entra^iner par une cruelle n'ecessit'e.

M. Lescaut me pr'esenta, le soir m^eme, comme un de ses parents. Il ajouta que j’'etais d’autant mieux dispos'e `a r'eussir, que j’avais besoin de plus grandes faveurs de la fortune. Cependant pour faire conna^itre que ma mis`ere n’'etait pas celle d’un homme de n'eant, il leur dit que j’'etais dans le dessein de leur donner `a souper. L’offre fut accept'ee. Je les traitai magnifiquement. On s’entret^int longtemps de la gentillesse de ma figure et de mes heureuses dispositions ; on pr'etendit qu’il y avait beaucoup `a esp'erer de moi, parce qu’ayant quelque chose dans la physionomie qui sentait l’honn^ete homme, personne ne se d'efierait de mes artifices ; enfin on rendit gr^ace `a M. Lescaut d’avoir procur'e `a l’ordre un novice de mon m'erite, et l’on chargea un des chevaliers de me donner, pendant quelques jours, les instructions n'ecessaires.

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