Французский с Ги де Мопассаном. Избранные новеллы
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Tu vois bien les lieux, n’est-ce pas (ты /теперь/ представляешь: «хорошо видишь» эти места, не так ли)?
Il y avait aussi une porte de sortie de ce jardin sur la campagne, au bout d’un escalier secret qui descendait dans l’'epaisseur des murs, comme on en trouve dans les romans. Une route passait devant cette porte qui 'etait munie d’une grosse cloche, car les paysans, pour 'eviter le grand tour, apportaient par l`a leurs provisions.
Tu vois bien les lieux, n’est-ce pas ?
Or, cette ann'ee-l`a, aux Rois, il neigeait depuis une semaine (итак, в тот год на Богоявление снег шел /всю/ неделю). On eut dit la fin du monde (можно было подумать, что /настал/ конец света). Quand nous allions aux remparts regarder la plaine (когда мы ходили на крепостной вал смотреть на равнину), ca nous faisait froid dans l’^ame, cet immense pays blanc (у нас леденело в душе /при виде/ этой бескрайней белой земли; froid, m – холод; immense – необъятный,
Or, cette ann'ee-l`a, aux Rois, il neigeait depuis une semaine. On eut dit la fin du monde. Quand nous allions aux remparts regarder la plaine, ca nous faisait froid dans l’^ame, cet immense pays blanc, tout blanc, glac'e, et qui luisait comme du vernis. On e^ut dit que le bon Dieu avait empaquet'e la terre pour l’envoyer au grenier des vieux mondes. Je t’assure que c’'etait bien triste.
Nous demeurions en famille `a ce moment-l`a, et nombreux, tr`es nombreux (в то время мы жили семьей, и /причем/ большой, очень большой = нас было много; nombreux —многочисленный; многолюдный; nombre, m – число): mon p`ere, ma m`ere, mon oncle et ma tante, mes deux fr`eres et mes quatre cousines (мой отец, моя мать, мои дядя и тетя, два моих брата и четыре двоюродные сестры); c’'etaient de jolies fillettes; j’ai 'epous'e la derni`ere (это были красивые девочки, я женился на самой младшей: «на последней»). De tout ce monde-l`a, nous ne sommes plus que trois survivants (из того круга остались в живых только трое: «из тех людей нас только трое выживших»; monde, m – мир, свет; люди; survivre – пережить; выжить): ma femme, moi et ma belle-soeur qui habite Marseille (моя жена, я и моя свояченица, которая живет в Марселе; belle-soeur, f – невестка; золовка; свояченица; soeur, f – сестра). Sacristi, comme ca s’'egr`ene, une famille (черт побери, как рассыпается семья; s’'egrener – осыпаться; рассыпаться, сокращаться постепенно /о группе людей/; grain, m – зерно, зернышко; бусинка)! ca me fait trembler quand j’y pense (я в ужасе, когда я думаю об этом; trembler – дрожать, трепетать)! Moi, j’avais quinze ans, puisque j’en ai cinquante-six (мне тогда было пятнадцать лет, потому что сейчас мне пятьдесят шесть).
Nous demeurions en famille `a ce moment-l`a, et nombreux, tr`es nombreux: mon p`ere, ma m`ere, mon oncle et ma tante, mes deux fr`eres et mes quatre cousines; c’'etaient de jolies fillettes; j’ai 'epous'e la derni`ere. De tout ce monde-l`a, nous ne sommes plus que trois survivants: ma femme, moi et ma belle-soeur qui habite Marseille. Sacristi, comme ca s’'egr`ene, une famille! ca me fait trembler quand j’y pense! Moi, j’avais quinze ans, puisque j’en ai cinquante-six.
Donc, nous allions f^eter les Rois (итак, мы собирались праздновать Богоявление), et nous 'etions tr`es gais, tr`es gais (и мы были очень, очень веселы)! Tout le monde attendait le d^iner dans le salon (все были в гостиной и ждали обеда: «все ждали обеда в гостиной»), quand mon fr`ere a^in'e, Jacques, se mit `a dire (как /вдруг/ мой старший брат Жак сказал: «принялся говорить»):
– Il y a un chien qui hurle dans la plaine depuis dix minutes (вот уже десять минут в поле воет пес; plaine, f – равнина), ca doit ^etre une pauvre b^ete perdue (должно быть, какой-то бедный пес заблудился: «это бедное заблудившееся животное»; perdu – погибший; пропавший; исчезнувший; потерянный; perdre – терять; se perdre – потеряться).
Donc, nous allions f^eter les Rois, et nous 'etions tr`es gais, tr`es gais! Tout le monde attendait le d^iner dans le salon, quand mon fr`ere a^in'e, Jacques, se mit `a dire :
– Il y a un chien qui hurle dans la plaine depuis dix minutes, ca doit ^etre une pauvre b^ete perdue.
Il n’avait pas fini de parler, que la cloche du jardin tinta (не успел он договорить: «он не закончил говорить», как прозвенел садовый колокол; tinter – звонить /в колокол/; звенеть, гудеть). Elle avait un gros son de cloche d’'eglise (он звенел, как большой церковный колокол: «он имел низкий звук церковного колокола» gros – толстый; сильный; cloche, f; 'eglise, f) qui faisait penser aux morts (который навевал мысли об умерших: «который заставлял думать об умерших»). Tout le monde en frissonna (все взрогнули; frissonner –
Il n’avait pas fini de parler, que la cloche du jardin tinta. Elle avait un gros son de cloche d’'eglise qui faisait penser aux morts. Tout le monde en frissonna. Mon p`ere appela le domestique et lui dit d’aller voir. On attendit en grand silence; nous pensions `a la neige qui couvrait toute la terre. Quand l’homme revint, il affirma qu’il n’avait rien vu. Le chien hurlait toujours, sans cesse, et sa voix ne changeait point de place.
On se mit `a table (сели за стол); mais nous 'etions un peu 'emus, surtout les jeunes (но мы были немного взволнованы, особенно молодежь; 'emouvoir – волновать, вызывать волнение; смущать). Ca alla bien jusqu’au r^oti (все шло хорошо до жаркого; r^otir – жарить, поджаривать), puis voil`a que la cloche se remet `a sonner (а потом колокол снова прозвенел; se remettre – прийти в себя; se remettre `a faire qch вновь приниматься что-либо делать), trois fois de suite, trois grands coups, longs (три раза подряд, три громких, длительных удара; suite, f – продолжение; ряд; long – длинный; продолжительный), qui ont vibr'e jusqu’au bout de nos doigts (которые пронизали нас до кончиков пальцев; vibrer – вибрировать, колебаться, дрожать, сотрясаться) et qui nous ont coup'e le souffle, tout net (и от которых перехватило дыхание; couper le souffle – не давать дышать; вызвать одышку; прерывать дыхание; couper – резать; прерывать; net – внезапно, сразу). Nous restions `a nous regarder (мы сидели, глядя друг на друга; rester – оставаться;оставаться /в каком-л. состоянии/), la fourchette en l’air, 'ecoutant toujours (держа вилки в руках, прислушиваясь; en l’air – повисший в воздухе, лишенный опоры, основания; air, m – воздух), et saisis d’une esp`ece de peur surnaturelle (и охваченные каким-то сверхъестественным ужасом; une esp`ece de – нечто вроде; какой-то; esp`ece, f – порода; сорт).
On se mit `a table; mais nous 'etions un peu 'emus, surtout les jeunes. Ca alla bien jusqu’au r^oti, puis voil`a que la cloche se remet `a sonner, trois fois de suite, trois grands coups, longs, qui ont vibr'e jusqu’au bout de nos doigts et qui nous ont coup'e le souffle, tout net. Nous restions `a nous regarder, la fourchette en l’air, 'ecoutant toujours, et saisis d’une esp`ece de peur surnaturelle.
Ma m`ere enfin parla (наконец мама сказала):
– C’est 'etonnant qu’on ait attendu si longtemps pour revenir (удивительно, что так долго ждали, чтобы снова позвонить: «чтобы вернуться»); n’allez pas seul, Baptiste (не ходите один, Батист); un de ces messieurs va vous accompagner (один из господ проводит вас; accompagner – сопровождать; идти /с кем-либо/).
Mon oncle Francois se leva (мой дядя Франсуа встал: «поднялся»). C’'etait une esp`ece d’hercule, tr`es fier de sa force (это был геркулес, очень гордый своей силой; une esp`ece de – нечто вроде; какой-то; esp`ece, f – порода; вид) et qui ne craignait rien au monde (и который ничего на свете не боялся; craindre). Mon p`ere lui dit (мой отец сказал ему):
– Prends un fusil (возьми ружье). On ne sait pas ce que ca peut ^etre (не знаешь = неизвестно, что это может быть). Mais mon oncle ne prit qu’une canne et sortit aussit^ot avec le domestique (но мой дядя взял только трость и вышел тотчас же вместе со слугой; canne, f – тростник; палка, трость).
Ma m`ere enfin parla :
– C’est 'etonnant qu’on ait attendu si longtemps pour revenir; n’allez pas seul, Baptiste; un de ces messieurs va vous accompagner.
Mon oncle Francois se leva. C’'etait une esp`ece d’hercule, tr`es fier de sa force et qui ne craignait rien au monde. Mon p`ere lui dit :
– Prends un fusil. On ne sait pas ce que ca peut ^etre. Mais mon oncle ne prit qu’une canne et sortit aussit^ot avec le domestique.